Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Oro - Cizia Zykë

Oro.JPG

Impressionnant Cizia Zykë, quand il apparait sur le plateau de Pivot, dans Apostrophes en 1985. Malgré un ton timide, on a du mal à passer à côté de son physique de méchant de film d'action des années 80. D'ailleurs, dans Oro, il est un bad guy à sa manière. En fait, c'est le Bennett de Commando. Il n'est pas mort, il a buté John Matrix entre les couilles, comme il lui avait promis, et il est parti en Amérique du Sud. Un nez cassé, une moustache virile, une chemise ouverte sur pépite montée en pendentif, une paire de bottes et un gros flingue. Et Zykë s'en sert, de son flingue. Il éloigne les importuns, calme les esprits et les arnaqueurs avec son gros calibre...

Oro est le premier livre de Zykë, une sorte d'autobiographie sur ses aventures au Costa Rica, qui lui vaudra une lettre assez remontée de son ambassadeur en France, qui n'aime pas trop qu'on soit insultant envers son pays, ou un peu trop franc, c'est selon.
Pour résumer l'histoire, Zykë, après avoir bourlingué, et traficoté dans la vente d'objets pré-colombiens (cherchés à la source, dans les sites et cimetières antiques), débarque avec sa copine en plein Costa Rica, pour tenter l'aventure de l'or. Adieu la belle vie, la mort prématurée de leur enfant les a obligés à changer d'air. Pas de bol, ils arrivent dans un bidonville, un monde de boue, d'alcool à brûler que les Ticos boivent comme du café, le bas de l'échelle du sous-prolétaire qui n'a rien et va se contenter de quelques paillettes d'or pour se payer de l'alcool... Un environnement dégénéré où Zykë est plus malin que les autres, forcément, et il va gravir les échelons, comme il gravit la montagne, pour finalement avoir sa propre concession, ses hommes, ses machines, ses bâtiments, tout ça géré à la baguette et au 357 magnum. Zykë n'éprouve aucune compassion pour les hommes et les femmes du cru. Il finira par renvoyer sa femme, pour lui épargner un univers trop sauvage (la jungle dont il sortira à moitié mort), et ne s'encombrera de conquêtes que le temps de les sauter et les enculer, pour mieux revenir à son but : faire fortune avec l'or. Une fortune dont il ne verra pas grand chose au final, enculé à son tour par des promoteurs véreux.
Pourtant, si Zykë boit des limonades sur sa chaise en regardant bosser ses hommes, à leur tirer au-dessus de la tête quand ils ralentissent le rythme, et fume des pétards toute la journée, il reste un bad guy doué d'un certain sens de l'honneur. Et de la classe. L'argent, quand il en a, il le partage, ou il le dépense en casino et autres jeux. Il paye ses hommes, il soudoie du flic véreux pour s'assurer une aide future, ou pour dépanner un ami qui n'avait pourtant pas écouté ses conseils, chopé aux douanes avec de la drogue... et même envers ses ennemis, il reste généreux. Mais quand ceux-ci le trahissent, il leur fait passer le goût du couscous. Il canarde la maison de son voisin, tue ses porcs et les offre à bouffer à ses hommes...
Mais tout de même, il ne bute personne. Allons bon. Zykë, s'il exagère ou romance des passages de son aventure, fait bien l'impasse sur des meurtres de sang froid... Même s'il a dû tuer pour se défendre, il est sûr qu'il l'a fait, et pas qu'une fois. Le Costa Rica des chercheurs d'or, c'est un enfer vert ponctué d'étincelles. Zykë répondait "on ne pose pas ce genre de question" à Pivot quand celui-ci lui demandait s'il avait tué. Une réponse qui en dit long...
De Kersauson, sur le même plateau, ne la ramène pas trop quand on lui demande son avis. Il a senti de quelle eau est fait l'homme en face de lui...

Oro, c'est l'aventure. Une plongée immersive dans l'aventure du chercheur d'or, dans la jungle, la boue, les moustiques. On s'y sent poisseux, rongé par la chiasse et l'humidité. Un carnet de bord au style nerveux, direct, sans concession, et pas dénué d'humour. L'aventure, ouais.

L'interview de Zyke chez Pivot :

 

Au hasard d'un vide-grenier, je suis tombé sur une adaptation bédé d'Oro, de 1992, en un tome, le suivant n'a je crois jamais été édité. L'histoire s'arrête au milieu d'Oro. Le style est assez crade, Zykë est ressemblant, et la laideur des Ticos, de la jungle est bien restranscrite. Assez anecdotique, il vaut mieux se concentrer sur le livre, plus complet, évidemment.

Oro_bédé.JPG

oro_bédé_2.JPG

Commentaires

  • ça n'a pas l'air d'être un rigolo en effet.

    c'est à se demander pourquoi les gangsters du dimanche fantasment tant sur Tony Montana qui en plus se fait buter à la fin, alors que ce mec a l'air nettement plus doté en burnostérone et qu'en plus ça se finit plutot bien pour lui.

    Livre à lire, interview à regarder... ton enthousiasme est communicatif.

    Bennett de Commando qui finit chez Pivot... Tu as l'art de la formule.

Les commentaires sont fermés.