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Seven Inches of Death - Andreas Hertkorn & Dima Andreyuk

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S’il est devenu facile de trouver des biographies de groupes, des livres sur toute une scène, il devient difficile de trouver des livres qui traitent de musique, et de disques.
Les disques, un sujet borné aux magazines, fanzines, et difficilement le sujet d’un livre, tout underground soit-il ?
Il est vrai que l’anthologie, la critique de disques devient un peu vaine avec l’accès immédiat, gratuit et boulimique de la musique sur l’interweb.
Quant aux disques, ce même interweb nous permet de découvrirl’existence de sorties totalement inconnues jusque là, avec tout le détail, et en plus, sa cote. Si écouter de la musique est devenu (faussement) gratuit, posséder ou rechercher un disque est lui complètement lié à l’argent. On possède un disque, on regarde tout de suite ce qu’il vaut.

Aujourd’hui, nous ne ferons pas la critique du modèle libéral et destructeur actuel autour de la musique, mais on va s’intéresser à un livre qui parle de musique. Et de disques.

Comment ? Eh bien tout simplement, en thématisant un peu tout ça. Seven Inches of Death traite de 45 tours, autrement dit 7’’ (ou seven inches si on parle anglais, ou seven pouces si on parle franglais), mais pas n’importe lesquels. Les 45 tours de Death Metal sortis entre 1989 et 1993, soit l’âge d’or du style, musicalement, artistiquement et en pleine explosion, les démos qui tournaient depuis deux trois ans ouvraient les portes du 45 tours, antichambre de l’album, synonyme de contrat, studio, tournée et le succès tant espéré. Mais également, une porte menant au local poubelle, un 45 tours et adios tout le monde, le groupe splitte et disparait des radars.

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Seven Inches of Death est un livre conçu par Andreas Hertkorn, déjà auteur d’un livre (Seven Metal Inches, le mec doit commencer à se demander comment il va appeler son troisième tome…) portant sur les picture disc 7 pouces. Pour l’aider dans sa quête et cette opus, Dima Andreyuk, du zine Tough Riffs, spécialisé old school Death Metal. Chacun sa spécialité, se regroupant pour le sujet du livre. Ca semblait couler de source !
Mais comment appréhender un livre sur une collection de disques, sans verser dans l’étalage personnel ? (Ca, je le fais très bien sur Youtube, pour ceux qui se demanderaient).
Eh bien, plutôt que de faire une biographie et un historique du groupe, les auteurs laissent ce soin aux groupes directement. Pas bête ! Encore une fois, un exercice pas si simple, car tous les groupes n’auront pu répondre, plus dispos, plus vivants, plus intéressés… Egalement, les auteurs ne possèdent pas tous les disques sortis durant cette période.

Le livre présente des illustrations des EPs, avant, arrière, face A, face B, insert... Parfois, ce seront des scans trouvés sur le net, quand les autres ressources auront été épuisées. Et à la fin, on trouve une sélection intitulée « ils auraient pu être là, aussi… » avec faces avant et arrière de pochettes de plus de 80 EPs pour tout de même 150 EPs détaillés par les groupes. Pour un total de plus de 250 pages, on n’est pas lésé. Loin de là.

Certes, tous les groupes n’ont pas grand chose à dire. Pour certains, c’est trop vieux. Pour d’autres, y a matière à se remémorer souvenirs, anecdotes et détails sur la vie du groupe et du business. Parce que sur le lot, il y a forcément des groupes qui reviennent. Agathocles, évidemment. Incantation aussi, qui a toujours un truc intéressant à dire. Je ne vais pas citer tous les groupes présents dans le livre, ils sont nombreux !

La France n’est pas en reste (même si un bon paquet de pays est représenté au final), on appréciera de voir Mercyless (pardon Merciless), Putrid Offal et le nom de Thrash Records (voire Infest Records) qui reviendra assez souvent, acteur incontournable d’alors ! Egalement Adipocere, et dans les pages de pochettes, on notera Supuration et Catacomb. Evidemment, impossible de ne pas mentionner Chris Moyen qui faisait ici ses premières armes internationales !

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Parmi les souvenirs les plus marquants des groupes, ce label : Seraphic Decay. Un label qui a soulevé les passions, tant il a pu enculer les groupes. Il en a laissé, des mauvais souvenirs. De Derketa à Incantation en passant par Abbhorence… Après quelques décennies pour se calmer (et d’autres expériences du business), Incantation arrive à philosopher. Le mec a eu du succès très rapidement avec les EPs (des tirages de 1000 exemplaires, repressés plusieurs fois ! Ca fait rêver aujourd’hui…), mais a très mal géré derrière, en oubliant d’envoyer des copies aux groupes, en anticipant les collaborations, bref, un mec pas pro, à une époque où l’information ne circulait pas aussi vite que maintenant… (ceci dit il reste des pigeons pour signer avec certains labels, en pleine connaissance de cause ! ).

Le livre est découpé sur quatre années, de 1989 à 1993. Cette chronologie suit l’explosion du mouvement, la création de nouveaux labels, l’émergence de certains, et une certaine raréfaction au fil du temps de groupes obscurs. Plutôt normal, car l’explosion, c’est 1989 et allez, 1990. Mais ça correspond aussi à l’émergence du CD et au déclin du vinyl. Malgré que le format 7 pouces soit excellent pour découvrir des groupes à moindre coût, le CD allait devenir rapidement le format standard, peu coûteux, plus profitable, et la démocratisation des compils (jusqu’à des packs 5 CDs quelques années plus tard) était un moyen encore plus efficace pour faire découvrir de nouveaux groupes, voire le catalogue d’un label. En 1993, on trouvera moins de groupes nouveaux dans le livre, mais plus de groupes déjà installés ou en pleine installation, sur des labels qui l’étaient tout autant.

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Plus qu’une collection de disques, c’est aussi un vestige du passé. Un 45 tours pour découvrir de nouveaux groupes, et un passage, de la démo vers un matériel plus pro, avec un contrat à la clé… il y avait les groupes qui faisaient des démos, et les groupes qui avaient déjà fait un EP, qui établissait une hiérarchie entre les groupes.  
Et puis ces labels qui étaient de véritables entremetteurs entre les groupes et un public plus large… qui auront disparu depuis, ou pas, et laissé de véritables joyaux quasi immortels.
Les groupes dépensaient des centaines ou des milliers de francs, dollars pour enregistrer deux ou trois morceaux pour le 45 tours, découvraient avec le pressage que le son était dégueulasse, ne ressemblait pas à ce qu’ils avaient enregistré, la pochette n’était pas la bonne, ou avait foiré à l’impression, le vinyl couleur rouge était rose bonbon… enfin, quand ils recevaient leurs copies !
Si ce genre de surprise arrive encore, c’est devenu tout de même beaucoup plus rare. Car un vinyl un peu foiré, il était pris comme argent comptant par tous ceux qui l’achetaient ! et même plein de défauts, ce sont ces disques qui ont fondé les légendes des groupes et de la scène.

Bref, Seven Inches of Death s’adresse à la fois aux collectionneurs, mais aussi aux fans du style, c’est une pièce d’histoire, qui s’adossera très bien au Enjoy the Violence, dans votre bibliothèque.

Commentaires

  • le livre est dispo ici :
    http://www.forgottenwisdomprod.com/fr/zines-livres/6234-seven-metal-inches-of-death-book.html

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