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Paganisme

  • Film sur Henri Vincenot

    Loin des plateaux parisiens d'Apostrophe où Vincenot paraissait comme un bouseux sympathique aux yeux des intoxiqués du métro, voici un film présentant l'homme dans son élément. Artiste accompli, tant en peinture qu'en sculpture, grand initié des traditions druidiques... et un fier marcheur (admirez comme il galope lestement dans les collines !). Trève de bavardages, appréciez ce film de 1975 sur un des grands écrivains français :

     

    Merci à Frederikd35 d'avoir signalé le lien mort de la vidéo et un nouveau lien ! 

     

     

  • Origine du mot "picte"

    Je reprends pour cette note un article paru sur le blog Le Chemin sous les Buis, fort intéressant sur les racines du terme "picte", qui semble être attribué à tort à un terme latin, plutôt qu'indo-européen.
    L'article in extenso :

    Fureur guerrière

    fureur-guerric3a8re.gif

    Sur ce Chemin j’écrivais il y a quelques mois « Il est dit sur le site de l’ Arbre Celtique qu’on a fait du Picton un homme “peint” ou “tatoué”, à l’instar des Pictes d’Ecosse, en se basant sur une racine latine ce qui est quand même un peu désobligeant et pas tout à fait satisfaisant … c’est pourquoi il pourrait être préférable d’y voir un “furieux” … malheureusement l’auteur de la notule ne donne pas la racine sur laquelle il se base ce qui fait qu’on est un peu en peine pour expliquer cette traduction …»

    Et puis, tout récemment je suis tombé sur un bouquin que je cherchais depuis un certain temps à trouver d’occase, à un prix abordable : « Les noms d’origine gauloise. La Gaule des combats », par Jacques Lacroix. Absolument passionnant, la Revue des études anciennes en parle comme d’ « une véritable mine, où l’on trouve beaucoup plus que ce que l’on va y chercher ». Et c’est tout à fait vrai ! Ainsi, page 177 :

    ” L’idée de fureur guerrière se montre spécialement dans l’appellation de quelques États et tribus dont nous gardons le souvenir linguistique.

    POITIERS et le POITOU conservent en leur nom l’ethnique des Pictavi (ou Pictones). Ils se seraient dénommés les « Furieux », « Ceux-qui-expriment-leur-colère [au combat] » (racine indo-européenne *peik-, forme adjectivale *pik-to-, « hostile », « furieux ») ; on peut traduire aussi les « Démons », car cette appellation doit avoir eu « une connotation infernale » : on en rapproche le lituanien piktul, « diable ».”

    http://lecheminsouslesbuis.wordpress.com/2012/07/19/fureur-guerriere/

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    J'ajouterai, dans un complément scientifique à cet article, qu'il ne faut pas confondre le terme "Peik", avec le mot "Peck" qui signifie "nain" (source : Willow)

    peck.jpg
    Illustration d'un peck. A ne pas confondre avec un hobbit

     

    Ce nouvel éclairage du peuple picte nous rappelle tout de même les Berserkers nordiques (ou Ulfhedners, les premiers revêtant les oripeaux des ours, ceux-ci des loups), qui se jetaient sur l'ennemi avec fureur, dans un état second, dévastateurs et insensibles à la douleur.

     

    Le livre en question, que je compte bien me procurer, et dont je vous invite à faire de même :

    gaule des combats.jpg

     

  • Les Etoiles de Compostelle - Henri Vincenot

    Henri Vincenot est généralement considéré comme un écrivain régionaliste, féru de sa Bourgogne. Mais dans ses Etoiles de Compostelle, ce n'est pas tant la région qui importe. C'est la terre. Pas la terre de Bourgogne, mais la terre celte, européenne, qu'on sent vibrer dans le plexus, dans le coeur, dans les couillons, dans les orteils.
    Cette terre qu'on essarte, et celle où on bâtit des voûtes, aux angles précis.
    C'est l'histoire de Jehan le Tonnerre, essarteur, forestier au sein d'une communauté en marge, indépendante des règles, des lois régies par l'argent, au XIe siècle. Jehan le Tonnerre rencontre des moines qui bâtissent des maisons de Dieu, aidés en cela par des compagnons, qui connaissent le calcul des angles, des chiffes magiques... Héritiers des druides, des Atlantes, ils inscrivent leurs traits, leurs symboles, leurs pentacles, leurs soleils dans les temples commandés par les sectateurs de ce nouveau dieu, cis sur les anciennes sources, les courants telluriques...
    Le jeune essarteur les rejoint, suivi de son ami vieil ermite, prophète ou vieux fou, druide, immortel, compagnon lui-même, et ennemi de nouveau dieu qui fait de l'ombre aux anciens dieux porteurs de lumière.
    Leur périple les emmènera jusqu'à Compostelle, dans une quête initiatique et révélatrice pour le jeune homme, au travers des rencontres, des compagnons, du travail, de la peine et la souffrance, le froid, l'effort... et ces lieux magiques où tout son être vibre.

    Henri Vincenot signe là une oeuvre profondément païenne, à peine incommodée par la présence du Dieu importé de l'Orient ; il évoque les traditions, les légendes celtiques, des Atlantes débarqués en terre basque pour apporter leur connaissance, l'héritage des compagnons, en phase avec le cosmos et la nature, usant de matériaux comme la pierre et le bois, traçant leurs courbes et leurs traits dans la terre et la neige, respectant les lieux, se déplaçant par les chemins, le cheminement. Un corps de métier solidaire, éclairé, qui pour Vincenot préfigure les francs-maçons... Des bâtisseurs au service d'un ordre religieux, mais auquel ils adjoindront leurs symboles, leur symbolique, leur philosophie, en direct héritage des druides et de la connaissance ancienne et millénaire, laissant le lecteur à l'issue du livre, conquis et révélé.

    étoiles de compostelle.JPG

  • Contes macabres - Claude Seignolle


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    Deuxième rencontre avec Claude Seignolle, après la Malvenue, ce recueil de contes macabres, dans son édition chez Marabout de 1966 (!!), un tantinet défraîchie, mais ô combien vintage, une police de caractères pour la couv typique, et bien revenue à la mode.
    Ici nous avons plusieurs nouvelles relativement courtes, et une plus longue, le Matagot. Cette dernière traite d'une affaire de sorcellerie, une vengeance pour le moins tirée par les cheveux ! Un sorcier qui veut se venger d'un autre, en mettant à profit la location de sa maison à un écrivain, conteur de l'histoire. Si l'histoire peut amener son lot de frissons et d'horreur, la chute nous fait un esquisser un sourire d'ironie. L'ironie, voilà un des thèmes qui revient très souvent. Beaucoup de contes, d'historiettes apportent leur dénouement dans une morale des plus ironiques. Victimes de leurs "pouvoirs" surnaturels, les hommes et femmes paient leur relation avec les forces d'en bas.
    On peut distinguer deux types de contes. Les contes "paysans" et les contes "contemporains". Certaines histoires se déroulent dans la campagne, un brin intemporelle, et les autres se situent vers les années 60, du moins au vingtième siècle. Ceci dit, Seignolle recueillait les histoires des paysans, à l'aube d'un changement des mentalités, et communications. En 1960, les campagnes ressemblaient encore à celles du début du siècle...
    Toutes les histoires ne sont pas des chefs-d'oeuvre, mais toutes sont très bonnes, pour ne pas dire excellentes... Parmi elles, l'Isabelle, où un collectionneur d'art dégote un tableau avec une femme nue, qui sort de son cadre et rejoint l'homme dans son lit. Dans une ambiance limite gothique, entre Jean Ray et Lovecraft !!

    Et pour en avoir un peu plus, je fais écho au père Kurgan et son blog http://bouquinorium.hautetfort.com/ qui a retrouvé une vidéo de Claude Seignolle des 60's (d'ailleurs déjà référencée sur http://www.heresie.com/seignolle/, largement documenté sur le maître), pour le moins stupéfiante : http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/CPF11000066/claude-seignolle.fr.html





     

  • La Malvenue - Claude Seignolle

    Campagne solognote, quelque part fin XIXe siècle, ou début XXe, ou même avant, l'époque important peu au final, le monde paysan ayant peu bougé durant des siècles... Une fille de ferme, Jeanne, qu'une cicatrice au front peine à enlaidir, recueille une braise dans son sabot et va foutre le feu à une grosse botte de foin... un acte insensé, mû par une voix maléfique... Jeanne va accuser un  manoeuvre, et dans sa chambre, caresser une étrange pierre qu'elle a trouvée... Une pierre, fragment d'une statue de visage... 18 ans plus tôt, le père déterrait cette tête en pierre après avoir retourné son champ... Une statue enterrée, une déesse maléfique qui va hanter la mesnie jusqu'à l'irrémédiable...
    Claude Seignolle nous plonge dans une fresque paysanno-française, à la Bernard Clavel (ou tout autre écrivain régionaliste), une existence liée au soleil comme les comptait Henri Vincenot, mâtinée de fantastique païen à la Lovecraft, voire Robert Howard ! Cette statue, gauloise, ou provenant d'un peuple présent avant les Celtes ? enterrée dans la campagne, c'est tout un univers païen qui se révèle à nous. Une vouivre de granit, un culte ancien, non pas dans la lande anglaise, ou dans un port d'Amérique, mais bien dans notre bonne vieille terre de France ! Si Claude Seignolle est à l'aise dans le roman paysan régional, il n'intègre pas l'élément fantastique juste pour donner une autre couleur au livre. Non il sait aussi s'y prendre pour créer cet environnement fantastique, donner vie à ces bouts de pierre, rendre effrayants ces visions, fantômes, ces lapins à la tête putréfiée et aux corps dévorés par les vers... Un véritable régal de fantastique, avec de forts relents de paganisme.
    L'édition que j'ai trouvée, chez Marabout, est complétée de plusieurs autres nouvelles, moins longues, moins marquantes peut-être que ce chef d'oeuvre, mais tout aussi bonnardes. Entre la farce macabro-paysanne, l'histoire de loup garou, avec un monologue du loup démon dévoreur d'hommes, un véritable sonnet à Satan !!