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Truth is funnier than Fiction, my Life with Eldon Hoke and the Mentors - Steve Broy

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Parmi les biographies de groupes, il est assez difficile de battre les Mötley Crüe niveau paquet de conneries, d’overdoses, de délires et de rock n’roll. Même si tout y est un poil exagéré, ils ont placé la barre très haut. Mais quand un livre sort sur El Duce, le leader des Mentors, un des quinze groupes dans le collimateur du PMRC, un El Duce qui avait avoué à la télé avoir été commandité par Courtney Love pour buter son nirvanesque époux, on peut se poser la question trèèèèès légitimement.

C’est donc Steve Broy qui s’est chargé d’écrire le livre. Pas un plumitif spécialiste du rock, non, Steve Broy est plus connu sous le nom de Dr Heathen Scum, bassiste des Mentors, fondateur du groupe et ami d’enfance d’Eldon Hoke, alias El Duce.

On feuillette le livre, et là on sent bien que le docteur n’est pas un pro de la plume, ni de l’édition… Une police de caractère peu orthodoxe, tout écrit en caps lock bloqué en position ON, des variations selon les pages (écrit en gras, pas en gras…), une mise en page assez hasardeuse, des photos parfois prises sur internet, quand d’autres sont tirées d’albums privés. Bref, on reste dans l’esprit des Mentors !

Les Mentors se sont formés à Seattle suite à la rencontre de nos deux amis à l’école. Des chemins pris en parallèle, mais qui ont fini par se retrouver autour de la picole et de la fumette. Broy nous conte son parcours ainsi que celui d’El Duce, également de Sickie, le gratteux, et des différents autres musiciens qui sont passés par le groupe. Une adolescence typique US des mecs nés après le baby boom, durant les 70’s. Et le goût qu’ils ont pris à la défonce, aux strip teaseuses, et au rock. Broy parle autant de lui que d’El Duce. En fait, Broy reste l’intello du groupe, et celui qui semble avoir le plus gardé la tête froide, face à un El Duce complètement alcoolo, et un Sickie qui a eu du mal à tenir la drogue. En tout cas, Broy avait la lucidité de comprendre que, pour fumer son herbe tranquille, il valait mieux rester en dehors des problèmes. Ceci impliquant d’interdire l’alcool dans le van (mais El Duce avait trouvé la parade en buvant du bain de bouche !) et de dire aux flics qu’il ne connaissait pas l’énergumène à côté de lui, en gros.

Alors, est-ce que les Mentors battent Mötley Crüe ? Je dirais que non. Les Mentors, c’est surtout un petit groupe qui a pris du galon parce qu’ils ont été dans le viseur de l’horrible Tipper Gore et son PMRC, grâce à des paroles et des titres de chansons très second degré (trop peut-être !) et ont pu signer sur Metal Blade (un deal qui s’est terminé après qu’El Duce ait pissé sur le bureau du boss…), et qui ont eu une identité visuelle assez forte avec les cagoules de bourreau, à une époque où ce genre d’accessoire était mal vu, foutant en l’air une permanente chèrement acquise…

Les Mentors, c’est un groupe limite underground, qui a pu jouer à une période où à Los Angeles, la scène était fourmillante et les concerts accessibles aux musiciens, et dont les membres essayaient de cohabiter (avec parfois des membres évincés, dont une anecdote avec Sickie qui organise son propre concert sur le parking quand le groupe joue avec son remplaçant dans la salle !), mais se sont toujours réconciliés, et quand le projet Mentors a arrêté, l’aventure a continué pour les deux potes qui ont enregistré à la maison, en sortant des k7s audio, et un projet de karaoké ( !!)

L’aspect business est peu évoqué par Broy. Le deal avec les maisons de disques, les auto-prods, réussir à tourner dans les USA… Le mec n’en parle pas. Il reste assez peu disert sur les influences également… Il parle beaucoup de ses premiers émois musicaux, Rolling Stones en tête, mais évoque peu les influences plus punk et Metal qui ont conduit à un truc comme Mentors, qui se revendique avant tout « Rape Rock ».

Le livre parle plus de la vie du groupe, et fourmille d’anecdotes sur le grand absent, emporté par un train… un certain jour, l’auteur a oublié de donner la date précise. En fait, il y a peu de dates précises dans le récit. En même temps, des conneries sur El Duce, c’est ce qu’on veut lire surtout, et on est servi. Des conneries d’enfance, blagues de gosse, fascination pour les conneries scatos, le vandalisme adolescent, l’alcool, la défonce, le porno, le sexe, les situations rocambolesques, les épisodes peu glorieux liés à tout ça, on est servi !

Parmi tout ça, on se piquera de fous rires quand El Duce évoquait un ami d’enfance qui chiait depuis une branche d’arbre, la scène évoquant une corde qui se déroule, El Duce, garçon au physique ingrat qui se fit sucer par une nana dans la bagnole avec les potes en route pour une fête, avec tout de même la sœur du gazier parmi les passagers, la manie d’El Duce, adulte, de ne pas porter de ceinture et d’avoir son futal qui tombe, libérant ses attributs, à tout moment, en tout lieu, la bonne blague après s’être fait rosser d’avoir rompu sa sobriété, de placer une poubelle remplie de pisse sur la porte de la salle de bain, qui a fait peu rire le récipiendaire, la participation chez Jerry Springer à faire croire que Courtney Love l’avait payé pour tuer Kurt Cobain, le bordel dans la piaule que lui avait octroyée Broy chez lui, à force de revues pornos étalées partout, la couche de 3 cm de coques de graines de tournesol, et l’état d’endormissement dû à l’alcool, avec la bite sortie et qui se met à pisser toute seule, le jet interrompu au rythme des respirations d’El Duce, le célèbre batteur/chanteur des Mentors.

Steve Broy raconte tout ça, sans dégoût, ni volonté de se moquer, mais bien comme des souvenirs de son ami, un type qui était peut-être un clochard dégueulasse, alcoolique au dernier degré, mais un mec sympa qui amenait de la bonne humeur, et bourré de talent dans la drôlerie, la musique et la caricature. Un GG Allin en moins méchant, en gros. Une sorte de père Noël un peu pervers qui aimait l’alcool et le cul, et qui n’avait pas mauvais fond au final.

Le livre se termine sur les derniers moments passés avec El Duce, une mort liée à une prise d’alcool après une abstinence qui tendait vers le bon côté, mais une crise de folie qui l’emmena à se battre contre un train (je penche peu sur le règlement de compte par le FBI ou par Courtney Love). La présente édition est agrémentée de témoignages bruts de fans (ou de gens qui détestent). Un gloubiboulga de mails, parfois pas relus, souvent incompréhensibles, parfois même en double ou en triple, qui n’apportent pas grand chose, si ce n’est, pour les témoignages réels, des anecdotes assez typiques sur El Duce qui demandait du blé à tout le monde pour aller s’acheter de l’alcool. Enfin, une interview de Broy est reproduite, mais El Duce n’est plus là. Son souvenir vivra longtemps dans le souvenir des anecdotes poilantes d’histoires de mecs bourrés dans le panthéon du Rock n’Roll. El Duce bat les Mötley Crüe, parce qu’eux, ils ont plus de classe (même si Nikki Sixx en prend un coup, ce salopard de voleur de guitare !).

 

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