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claude seignolle

  • L'objet maléfique - BR Bruss

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    Deuxième rencontre avec B.R Bruss, après son fantastique Bourg envoûté (relisez la chronique, une des premières de la Crypte !). Et encore une fois, un récit dans cette collection de chez Fleuve Noir, "récit étrange et fantastique" (ou "collection horizons de l'au-delà"), avec ces maquettes bandantes, typiques des années 70, avec photo ou dessin psychedelic horror et la police de caractère qui va avec...

    Bon, pour cet Objet maléfique, encore une fois, il ne faut pas trop s'attacher à l'illustration de la couverture. Ici, point de fantômes zombies fraîchement (ou vertement) sortis de la tombe. Et c'est pas le flemmard qui a pondu la quatrième de couverture qui nous en apprend plus avec ce texte laconique : "Ouvrage fantastique qui de par son titre et son auteur se passe d'avertissement... A lire pour les amateurs d'angoisse et de sensations violentes".
    Tu parles que le mec était à la bourre et a torché ça en moins de deux !

    Revenons alors au cœur du bouquin. Un bouquin écrit par BR Bruss, mais qui aurait pu être signé Claude Seignolle... Dans un hameau assez isolé, des meurtres restent inexpliqués aux yeux des gendarmes... mais pas des habitants qui se souviennent des anciens qui racontaient cette série de meurtres, il y a cent cinquante ans, et parlaient du "piroulet" avant de se signer. Le "piroulet", cet objet maléfique qui fait apparaître des visions démoniaques à qui le tient... un objet qui leur susurre de tuer, et tuer encore...

    Un objet qui possède la personne qui le tient, on se croirait dans la Malvenue de Seignolle. Des visions cauchemardesques, dans un environnement rural isolé, presque intemporel (même si les quelques voitures et cyclomoteurs nous rappellent la seconde moitié du vingtième siècle, proche encore du dix-neuvième, dans les campagnes reculées !), et le rôle d'une rebouteuse, considérée comme sorcière et bouc-émissaire aux yeux des villageois...

    Un récit assez court, qui se lit d'une traite. Alors certes, ce n'est pas du Seignolle, mais bien du BR Bruss, il n'y a pas ce trait poétique de la campagne païenne cher à Seignolle, et le côté science-fiction ressort dans la description de l'objet et de la créature qui apparait : un homme vert (même si c'est très réducteur et le récit laisse imaginer autre chose qu'un petit martien !). On ne sait pas d'où vient l'objet, et si pour Seignolle il aurait été un ancien artefact issu d'une civilisation disparue, ou un ancien dieu, avec BR Bruss on penche plus pour l'origine extra-terrestre.

    Mais bref, que les fans de Seignolle se jettent sur ce livre, et les fans de BR Bruss le relisent !

  • Contes macabres - Claude Seignolle


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    Deuxième rencontre avec Claude Seignolle, après la Malvenue, ce recueil de contes macabres, dans son édition chez Marabout de 1966 (!!), un tantinet défraîchie, mais ô combien vintage, une police de caractères pour la couv typique, et bien revenue à la mode.
    Ici nous avons plusieurs nouvelles relativement courtes, et une plus longue, le Matagot. Cette dernière traite d'une affaire de sorcellerie, une vengeance pour le moins tirée par les cheveux ! Un sorcier qui veut se venger d'un autre, en mettant à profit la location de sa maison à un écrivain, conteur de l'histoire. Si l'histoire peut amener son lot de frissons et d'horreur, la chute nous fait un esquisser un sourire d'ironie. L'ironie, voilà un des thèmes qui revient très souvent. Beaucoup de contes, d'historiettes apportent leur dénouement dans une morale des plus ironiques. Victimes de leurs "pouvoirs" surnaturels, les hommes et femmes paient leur relation avec les forces d'en bas.
    On peut distinguer deux types de contes. Les contes "paysans" et les contes "contemporains". Certaines histoires se déroulent dans la campagne, un brin intemporelle, et les autres se situent vers les années 60, du moins au vingtième siècle. Ceci dit, Seignolle recueillait les histoires des paysans, à l'aube d'un changement des mentalités, et communications. En 1960, les campagnes ressemblaient encore à celles du début du siècle...
    Toutes les histoires ne sont pas des chefs-d'oeuvre, mais toutes sont très bonnes, pour ne pas dire excellentes... Parmi elles, l'Isabelle, où un collectionneur d'art dégote un tableau avec une femme nue, qui sort de son cadre et rejoint l'homme dans son lit. Dans une ambiance limite gothique, entre Jean Ray et Lovecraft !!

    Et pour en avoir un peu plus, je fais écho au père Kurgan et son blog http://bouquinorium.hautetfort.com/ qui a retrouvé une vidéo de Claude Seignolle des 60's (d'ailleurs déjà référencée sur http://www.heresie.com/seignolle/, largement documenté sur le maître), pour le moins stupéfiante : http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/CPF11000066/claude-seignolle.fr.html





     

  • La Malvenue - Claude Seignolle

    Campagne solognote, quelque part fin XIXe siècle, ou début XXe, ou même avant, l'époque important peu au final, le monde paysan ayant peu bougé durant des siècles... Une fille de ferme, Jeanne, qu'une cicatrice au front peine à enlaidir, recueille une braise dans son sabot et va foutre le feu à une grosse botte de foin... un acte insensé, mû par une voix maléfique... Jeanne va accuser un  manoeuvre, et dans sa chambre, caresser une étrange pierre qu'elle a trouvée... Une pierre, fragment d'une statue de visage... 18 ans plus tôt, le père déterrait cette tête en pierre après avoir retourné son champ... Une statue enterrée, une déesse maléfique qui va hanter la mesnie jusqu'à l'irrémédiable...
    Claude Seignolle nous plonge dans une fresque paysanno-française, à la Bernard Clavel (ou tout autre écrivain régionaliste), une existence liée au soleil comme les comptait Henri Vincenot, mâtinée de fantastique païen à la Lovecraft, voire Robert Howard ! Cette statue, gauloise, ou provenant d'un peuple présent avant les Celtes ? enterrée dans la campagne, c'est tout un univers païen qui se révèle à nous. Une vouivre de granit, un culte ancien, non pas dans la lande anglaise, ou dans un port d'Amérique, mais bien dans notre bonne vieille terre de France ! Si Claude Seignolle est à l'aise dans le roman paysan régional, il n'intègre pas l'élément fantastique juste pour donner une autre couleur au livre. Non il sait aussi s'y prendre pour créer cet environnement fantastique, donner vie à ces bouts de pierre, rendre effrayants ces visions, fantômes, ces lapins à la tête putréfiée et aux corps dévorés par les vers... Un véritable régal de fantastique, avec de forts relents de paganisme.
    L'édition que j'ai trouvée, chez Marabout, est complétée de plusieurs autres nouvelles, moins longues, moins marquantes peut-être que ce chef d'oeuvre, mais tout aussi bonnardes. Entre la farce macabro-paysanne, l'histoire de loup garou, avec un monologue du loup démon dévoreur d'hommes, un véritable sonnet à Satan !!