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Espionnage

  • Décès de Robert Maloubier

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    Robert Maloubier, dit "Bob" est décédé le 20 avril 2015. Soldat et espion français, sa vie est digne d'un "J'ai Lu leur Aventure". Engagé dans le Service espionnage anglais pendant la guerre, il a échappé à la mort, mitraillé, pourchassé par les Allemands. Blessé, mais sauvé par l'immersion dans une eau froide, le type ne manque pas de chance, et de culot. Saboteur de ponts, d'usines, roi du cordeau détonateur, il devint après cela formateur des nageurs de combat... Une spécialisation qui l'a amené à rencontrer Cousteau, l'autre nageur du monde du silence (pour qui le couteau est beaucoup plus resté dans sa gaine, accrochée au mollet !)

    A se mettre sous la dent, quelques livres biographiques qui taisent certainement beaucoup de choses, espionnage oblige, et un film documentaire sorti il y a une paire d'années, extrêmement intéressant. On y apprend notamment qu'il vaut mieux se cacher au milieu d'un champ à découvert que dans un bosquet, parce que personne ne viendra vous trouver dans un champ !


    L'Espion Vous Salue Bien par zoxeacopate

  • L'homme qui n'a jamais existé - Ewen Montagu

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    Retour sur un court livre dans la collection Marabout Junior (d'où était issu le livre Normandie Niemen de de Geoffre, chroniqué dans la Crypte). Un collection décidément intéressante, et complètement anachronique en 2014, où la littérature enfant est devenue... allons, je vais encore me faire mal, et risquer de radoter à vos oreilles.

    Cet homme qui n'a jamais existé, qui est-il ? Pour les Allemands, il est William Martin, fusilier marin anglais. Victime d'un accident d'avion, son corps a été repêché sur les côtes espagnoles. Le service de renseignement allemand aura vite fait de faire les poches du mort, en quête de... renseignements. Coup de chance, ce malheureux portait sur lui une lettre de Mountbatten contenant quelques informations sur les préparatifs alliés : le débarquement en Grèce.

    Seulement... les Alliés n'ont pas débarqué en Grèce, mais en Sicile. Et s'ils ont pu conquérir l'île sans se prendre l'Axe en travers des dents, c'est bien parce que les Allemands ont cru à l'information de la lettre portée par Martin.

    Car oui, cette lettre n'était qu'une intoxication du service de renseignement allié, pour tromper l'ennemi.
    Une mystification montée par le service d'Ewen Montagu. Il retrace ici tous les détails qui ont mené à ce que l'information soit prise au sérieux par les Allemands.

    De la recherche d'un cadavre paraissant un officier à la création pure et simple d'un personnage qui fût réel aux yeux de l'ennemi, tout nous est conté. Jusqu'aux moindres détails, pour que tout paraisse vrai. Quel uniforme allait endosser le mort ? Dans quelle arme servirait-il ? Trouver un vivant qui lui ressemble pour prendre une photo d'identité afin de confectionner des papiers, patinés par Montagu qui les passait sur sa jambe, afin que le papier ne fasse pas trop neuf. Pour des papiers trouvés dans la poche d'un cadavre ayant passé plusieurs jours dans la mer ! Un souci du détail incroyable, et des efforts qui ont payé.

    On nage en plein espionnage, le jeu d'échecs où l'on veut faire croire un fait, tout en s'assurant que le fait caché reste plausible, mais paraisse moins important que le fait voulu... En n'hésitant pas à user d'un homme, même mort.
    On repensera à la mystification des soldats polonais retrouvés morts après une rixe, du côté allemand de la frontière, en 1939, déclenchant l'invasion de la Pologne et le début de la seconde guerre mondiale (comme on l'apprend dans Histoire des services secrets nazis d'André Brissaud.
    Et plus récemment, on repensera à deux trois trucs, où les Américains sont pas loin, comme le passeport du pilote qui s'est écrasé sur le World Trade Center, passeport retrouvé dans les décombres... Un avion qui explose à 3000° sur un immeuble d'acier, la chaleur affaiblissant la structure, et un gros tas de gravats... y retrouver le passeport du mec qui est mort en premier en percutant l'immeuble, ouais, bien sûr. Ils avaient un peu plus de sens logique, en 1942 !!

    Je reviens à cette collection, Marabout Junior... Quelque chose me dit, à la lecture de ce livre, que les gamins de 1958 devaient être un peu plus futés et réfléchis que ceux de maintenant...

  • Les Agents de Lucifer - André Brissaud

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    Avec un titre comme "Les Agents de Lucifer", on pourrait s'attendre à une suite de "Hitler et l'Ordre noir", du même Brissaud. Pas vraiment, non. Si dans l'Ordre noir Brissaud détaillait les fondations de la SS et de plusieurs aspects pour le moins mystiques de cet ordre et de leurs chefs, ici, on pénètre dans des arcanes bien moins glorieuses, celles de la Gestapo et du Sicherheitsdienst, les services de police et de sécurité, dirigées par Himmler et Heydrich.

    Les Agents de Lucifer, c'est la guerre secrète, celle de l'espionnage, de l'intimidation, de la fourberie et de la déloyauté. Au travers de plusieurs chapitres dédiés à des histoires plus ou moins célèbres, André Brissaud nous fait des révélations incroyables, et pourtant, ce journaliste a vraiment fait le boulot, il a rencontré une bonne part des protagonistes de cette époque.

    Dans le livre, on découvrira que le salon Kitty a réellement existé, un bordel tenu par Madame Kitty, repère d'officiels, d'huiles du parti qui venaient s'encanailler, tandis que Heydrich avait fait truffer tout le bâtiment de micros, et il avait même recruté spécialement des femmes de la SS pour y servir d'escorts spéciales pour mieux soutirer des informations à leurs clients ! Et pourtant, peu de choses sont ressorties de ces écoutes... un essai un peu raté pour Reinhard !

    Nous apprendrons également qu'en France, le gros Goering avait donné ses ordres : "(...) la population française s'empiffre de nourriture que c'en est une honte (...) rien pour les Français. Ils n'ont pas besoin, eux, de manger de cette cuisine (...) Mais moi, je songe tout de même à piller, et rondement (...)"
    La France devenait le frigo de la maison de campagne des Allemands. Et la séparation de la France en deux zones n'arrangea rien. Ce qu'une zone produisait, l'autre en manquait. Les voyages spéciaux de contrebande faisaient le pain blanc des policiers et douaniers. Une ère de manque et de marché noir, dans laquelle deux hommes se sont particulièrement enrichis : Joanovici et Szkolnikoff. Ne vous attendez pas à ce que Spielberg fasse un film sur ces deux là. Ils n'auront jamais fait connu les camps de travail... Ces voyous se sont enrichis sur le dos de tout le monde, tournant leur veste selon qui ils servaient, ou qui les commanditait... Grand ami des Allemands, des truands de la Gestapo (des véritables truands qui ont été mis à ces fonctions, sciemment !), des résistants (résistants qui, eux aussi, jouaient double jeu, quitte à liquider des co-religionnaires un peu trop honnêtes envers leur engagement...).
    Des fortunes faites sur les bénéfices du marché noir, et qui après la guerre, ne se sont pas taries ! Sauf pour Szkolnikoff, qui a plutôt mal fini, flingué et brûlé par des comparses.

    Et puis le plus vieux prisonnier au monde, Rudolf Hess, parti en Angleterre pour négocier la paix avec le duc de Windsor, mais qui, déposé par Churchill, n'eut aucune part de décision, et Churchill préféra la guerre...

    De l'espionnage digne des films les plus aventureux ! Des réfugiés baltes menées par une espionne soviétique, démasqués par une espionne allemande ! Un valet d'ambassadeur anglais qui négociait avec l'Allemagne pour des clichés de documents subtilisés à l'ambassadeur pendant son sommeil !
    J'avais déjà parlé de ce fameux Cicéron ici, mais dans ce présent livre, l'affaire est largement plus développée, et un autre élément est dévoilé : le rôle de Cornelia, la secrétaire du contact allemand de Cicéron, qui s'avérait être une espionne américaine, bien que d'origine allemande ! Une espionne assez peu récompensée de son travail, car emprisonnée par les Anglais, méconsidérée aux USA, devenue accro aux médicaments, qui l'aidèrent à garder son calme et tenir son rôle durant ses années de mission. Et une déroute pour l'espion Cicéron, payé en partie en fausse monnaie.

    Fausse monnaie qui provenait... des Allemands eux-mêmes ! Ils avaient décidé de produire de la fausse monnaie anglaise pour dévaluer la livre. Un projet qui ne recueillit pas toutes les voix, mais qui se fit quand même, dans le secret bien gardé. Confiée à un Allemand qui prit un pseudonyme avec un titre de SS, pratique si démasqué, il pouvait s'en tirer plus facilement en n'étant pas lui-même nazi, cette charge fut menée comme, encore une fois, une aventure. Aller chercher les meilleurs faussaires dans les camps de concentration, arriver à fabriquer la meilleure copie, avec le papier le plus proche (on rigolera bien en apprenant que les Anglais utilisaient un papier de lin de dernière catégorie, en provenance d'Inde pour leur monnaie, et non pas un vélin de haute qualité !), et une diffusion finalement plutôt limitée, à cause d'une hiérarchie qui appréciait peu ce genre de tricherie, et des banques qui détectaient vite la fraude. L'incroyable aventure de ce Dr Wendig, qui confia une somme importante à deux de ses hommes et une secrétaire, partie avec les deux hommes pour faire la fête à Laibach (Ljubljana)... l'un des hommes braqua ses compagnons, prit la fuite avec l'argent, et les deux autres le firent arrêter par la police italienne, et à leur tour furent mis au cachot, car la mallette retrouvée contenait de la fausse monnaie ! A la fin de la guerre, sentant clairement le vent tourner, les camions ont emporté les presses, l'argent, mais une panne de camion força des indiscrets à s'y intéresser... l'engloutissement de sommes d'argent dans un lac amena de drôles de visiteurs faire de la plongée, jusque dans les années soixante ! Des cadavres y apparurent un peu mystérieusement, jusqu'à la découverte finale du trésor....
    Et notre Dr Wendig, reparti chez lui en Autriche, avec quantités de trésors, fausse monnaie, diamants échangés... arrêté, puis prévenu par un ancien comparse de la venue de deux inspecteurs américains... il donna tout son trésor (même s'il lui resta des possessions immobilières et autres, tout de même pas à la rue, le coco) et finalement, pas de nouvelles des agents américains. Un membre de l'OSS confia à Brissaud que les noms de ces deux hommes n'étaient pas connus du service, le Dr Wendig s'était donc bien fait avoir...

    Et la fin tragique de Heydrich, victime d'un attentat qui a failli rater (une mitraillette qui s'enraye, mais une grenade en plan B qui a redécoré le dos d'Heydrich), et le sort encore plus tragique du commando, assiégé dans une église, et de villageois tchèques, tués pour l'exemple.

    Un livre fascinant, qui nous en apprend beaucoup, et surtout, qui se lit comme un roman d'espionnage, tant on a l'impression parfois d'être dans un film ! et on en apprend également sur la lourdeur de l'administration allemande, les personnalités qui s'affrontent, comme Heydrich et Himmler, Schellenberg et Naujocks, si ces conflits de personnes et d'egos n'avaient pas existé, la machine de guerre allemande aurait certainement pu durer plus longtemps, et atteindre d'autres objectifs. Quand, dans l'histoire de Cicéron, on sait qu'il a fourni des documents préfigurant le débarquement allié, les Allemands ne voulurent pas prendre ces faits en compte, craignant que ce soit un contre-espion, ou pis que cela, pour contrecarrer les ordres d'un officier détesté...

    Alors si ce livre s'éloigne de "Hitler et l'Ordre noir", il se rapproche beaucoup de "Histoire des Services secrets nazis" qui lui aussi relate des aventures aux images quasiment cinématographiques, de l'espionnage nazi.

  • Les grandes énigmes de la guerre secrète

    Les grandes énigmes de la guerre secrète. Quel tome ? Aucune idée, je pensais qu'il n'y en avait qu'un, jusqu'à ce que je tombe sur un autre tome... Bien, celui dont je vais parler possède une photo d'Himmler sur la couverture, l'autre, une d'Hitler. Aucune indication pour différencier les tomes, si ce n'est un point sur la tranche d'un des volumes... le mystère s'épaissit... Ca tombe bien, parce que les bouquins traitent de la guerre secrète, et donc de mystères !
    Au sommaire, le débarquement allié en Sicile, une compagnie d'Anglais dans la jungle contre les Japonais, un espion turc à l'ambassade d'Angleterre, le chef de la résistance hollandaise à la veille de Market Garden, et l'implication de Canaris dans l'attentat contre Hitler.
    Un sommaire pas forcément croustillant, un livre que je remisais pour plus tard, et finalement, après lecture, j'avais des a priori pas fondés du tout ! La lecture est tout simplement passionnante, sur des évènements, des faits, des acteurs aux conséquences importantes. Bon, hormis ce chef de réseau, King Kong, qui a joué un peu double jeu et fait gagné du temps aux Allemands, en même temps que mettre une sacrée rouste aux Alliés à Arhnem (on se re-regardera un Pont trop loin pour voir l'étendue des dégâts), cette histoire sur Canaris, le véritable intérêt réside quand même dans ce texte sur le débarquement allié en Europe, qui a commencé en Sicile... Un choix intéressant stratégiquement parlant, mais, pour qu'il se fasse dans de bonnes conditions, avec un soutien local de la population, les Alliés ont négocié avec... Lucky Luciano, parrain de la Mafia, alors emprisonné aux USA ! La porte d'entrée pour les Alliés en Europe, facilitée par la Mafia ! Un fait qu'on apprend très peu dans les livres d'Histoire...
    Et puis nous avons un texte également très intéressant, très hollywoodien, presque, sur Cicéron. Pas l'antique Romain, mais un valet de chambre à l'ambassade britannique à Ankara, en 1943... De son vrai nom Elyesa Bazna, notre espion du Reich a un parcours assez étonnant... Il vivrait aujourd'hui, il se serait inscrit à un concours de télé réalité, vu son besoin d'être quelqu'un, et d'obtenir de la reconnaissance. Sur sa période d'espionnage, négociée à prix d'or auprès des Allemands, il a bénéficié d'un matos digne de James Bond, tout ça pour photographier des documents de diplomate, en récupérant les documents sur la table de chevet de l'Anglais endormi ! Il aura volé toute une série de documents que malheureusement pour eux, les Allemands n'exploiteront pas...
    Enfin le dernier texte qui nous intéresse porte sur le lieutenant-colonel Windgate, spécialiste des actions de terrains en pleine lignes ennemies, à la nuance près, que les lignes, c'est dans la jungle, et que l'ennemi, ce sont les Japonais ! Or, tout bon Légionnaire sait que "les Japonais sont les rois de la forêt"... Avec ses troupes composées à moitié d'Anglais et à moitié des terribles Gurkhas, il aura effectué des missions durant plusieurs mois dans la jungle... Du bonheur pour les fans de David Morrell et autres Tom Clancy, les survivalistes et les maniaques de la guerilla en terrain hostile !!!
    Un ouvrage donc, à lire sans concession !

  • Le Poisson chinois a tué Hitler - Jean Bommart

    Le Poisson chinois a tué Hitler. C'est quoi ça, un nom de code ? Du révisionnisme qui attribuerait la mort d'Hitler à une absorption de fugu mal découpé ? Evidemment non, puisque le fugu est un poisson attribué aux Japonais.
    Non non non, le Poisson chinois, c'est le capitaine Sauvin, agent secret français, cocorico ! Un agent secret à l'ancienne. C'est pas un minet de rosbeef qui cache des gadgets dans ses grolles et tire tout ce qui bouge et qui porte une jupe, voire tire dessus après. Un vrai Français, môssieur ! avec une sale gueule, mais au moins il sait se démerder sur le terrain, sans avoir à causer à son Q pour se sortir de la merde.
    A la fin du conflit 39-45, le Poisson chinois met la main sur un officier nazi, et prend sa place, par un subtil grimage, auprès de Himmler, qui n'y voit que du feu, et va aller négocier avec le comte Bernadotte et Speer la reddition de l'Allemagne avec les Alliés. Revisitation de l'Histoire, c'est par un pli personnel que le Poisson chinois, infiltré, livre des informations à Hitler sur ses soit-disants copains, qui provoqueront son suicide, eh eh. On est en plein roman de gare, de l'espionnage assez moderne, pour un roman écrit en 1951 (ceci dit, comparé à des mecs comme Cicéron, Schellenberg ou Naujocks... ouais ouais ouais je vous parlerai de ceux là dans une prochaine note. Hollywood n'a rien inventé à côté d'eux !). Espionnage moderne, mais aussi une très bonne connaissance historique, Jean Bommart, qui devait bien se faire chier à son boulot chez Havas, à Belgrade, était très bien documenté, et a su restituer les épisodes de la fin de la guerre, et parle même de la division LAH, ainsi que du Wehrwolf ! Même s'il leur attribue un pouvoir peut-être un peu trop grand par rapport à la réalité... Mais bref, sous un titre qui semble loucher vers du San Antonio, le ton reste sérieux, sans manquer d'humour tout de même (la classe à la française), mais sans verser dans du Monocle, si truculent soit-il. 1-0 pour la France.

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