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Sadisme

  • La Comtesse de Sang - Maurice Périsset

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    La comtesse de sang, c’est Erzebeth Bathory, bien sûr. Celle qui a inspiré Bram Stoker pour son Dracula – en partie seulement, car les légendes locales des Vourdalaks/Volkolaks et autres créatures de la nuit suceuses de sang avaient déjà court, et influencé la littérature. Relisez ma chronique du Château des Carpathes de Jules Verne pour vous en convaincre !
    Une comtesse sanguinaire qui était le pendant hongrois de notre bon vieux Gilles de Rais national ! Une meurtrière qui a laissé derrière elle nombre de cadavres et dont la légende prête des cruautés particulières.


    Le roman de Périsset débute par une biographie rapide, et situe Bathory dans le contexte de son époque. Il y évoque même la possibilité qu’elle fut épileptique, ce qui expliquerait ses crises de folie.
    Quand le roman débute, adieu le factuel et le travail d’historien. Périsset n’écrit pas une biographie, mais bel et bien un roman inspiré de la légende de Bathory, retraçant sa vie, de son enfance troublée par le viol et la torture de sa tante par les Ottomans, à sa mort solitaire, emmurée dans la prison de ses appartements. Entre les deux, c’est un sommet de tortures, de perversions, de sorcellerie, et de lesbianisme. On se croirait dans une bédé de chez Elvifrance !
    Aidée de son âme damnée qu’est le nain Fizcko, des sorcières Darvulia et Dorko, elle va torturer nombre de jeunes filles, avec une cruauté et une barbarie sans nom. Piquant les filles avec une aiguille, leur coupant les veines du cou avec une pince, les enfermant dans une vierge de fer, elle va lécher le sang, le recueillir et se baigner dans des baquets remplis du précieux liquide. L’auteur n’hésite pas à rajouter une couche d’érotisme, Erzebeth Bathory n’hésite pas à coucher, alors veuve, avec quelques bellâtres aristocrates, et surtout, à tripoter les jeunes filles qu’elle massacre, pour assurer la jeunesse de sa peau.
    A ne pas lire donc dans un esprit de vérité historique, mais comme un pulp, comme un fumetti, voire comme la version littéraire d’un film de la Hammer bien déluré !

    Par contre, j’ai trouvé la faille dans le livre. L’endroit où Maurice Périsset a oublié à quelle époque se passait l’histoire. Page 155, « décidé à en avoir le cœur net, il prit une torche dans un tiroir, se ravisa. »
    Alooooooors, on est sensé être en 1610, à peu près, et chercher une torche dans un tiroir pour aller voir ce qui se passe dans une crypte, ça semble un peu anachronique. Une lampe torche avec une pile, en 1610, comment dire… Parce que bon, une torche dans un château hongrois qui sert de forteresse contre les armées ottomanes, ça ressemble plus à un gros bâton avec du feu au bout, et ça tient difficilement dans un tiroir. Ou alors, c’est une bougie. Mais une bougie, c’est pas une torche, forcément, c’est une bougie ! Non, mais y a que moi que ça étonne, ce détail ??

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    - Gérard, quand tu auras fini avec la torche, tu penses à la remettre dans le tiroir ?
    - Oui ma louloute !

     

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    Fig. b : exemple de tiroir

     

    Báthory, vu par des Hongrois :

  • Frontière(s)

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    Bon... dans la Crypte, j'avais décidé de ne parler que de bons trucs, et ne pas perdre de temps avec l'inutile, mais là... difficile de ne pas me défouler.

    Alors Frontière(s), c'est un film français de genre, le genre patibulaire mais presque. Des racailles qui se retrouvent aux prises avec de dangereux bouseux. Comme Sheïtan, quoi, mais en pire. En pire, parce que franchement, c'est gratiné.

    Pourtant dès le début, on est prévenu. Le logo Europacorp, on sait vers quoi on va, de la bonne débilité. Mais à ce point ! Ah putain je ne m'en remets pas.

    2007. En pleine ère Sarkofacho, le film prend un tournant politique super vite. Intro avec images de CRS qui tabassent de pauvres manifestants qui n'ont que de l'amour et de l'idéal à donner. Un monde au bord du gouffre, car la France risque de passer aux mains de l'extrême droite, celle qui donne pas de subventions aux associations. Sortez les barricades, les mecs.
    Des racailles font un coup pour du pognon. Leur chef est super méchant avec les flics, il leur tire dessus et en marave un, limite le bute à coups de crosse. Le chanmé quoi. Zyva. Ah euh il est blanc lui merde. Un de ses potes est mortellement blessé, il voulait pas faire le coup. Le dénommé Sami mourra à l'hôpital. Le chef de la bande s'enfuira avec Yasmine, la nana enceinte qui suit un peu le groupe... les deux autres lascars, Tom, un blanc avec les cheveux peroxydés comme le mec de Silmarils (mais dix ans plus tôt, non mais franchement quoi qui se fait encore péroxyder les cheveux ???) et Farid, un autre qui suit plus qu'il n'agit, prennent de l'avance sur leurs potes pour se retrouver à la frontière et partager le magot. Ils vont s'arrêter dans un hôtel chez les bouseux.
    Là on a compris que les racailles, elles sont pas crédibles. Tous les "issus de la diversité", ce sont de braves gars/fille, et les blancos eux ce sont de sacrés enculés de leur mère zyva. En plus ils jouent mal. Enfin bon.

    Nos deux enrichissements pour la France arrivent à l'hôtel miteux, avec deux salopes au comptoir. Elles ont l'air chaudes. Normal, les bouseux ils connaissent pas les vrais mecs de la téci yo. Allez hop au pieu, ça va niquer, la blonde a un tatouage d'aigle nazi dans le dos, tiens. Retour à la réception, et le frangin arrive. Un facho. Ca se voit rien qu'à sa gueule, parce qu'en fait il ressemble trop à un facho quoi. Puis y a un autre gars, on dirait un flic, et un flic facho. Enfin les flics sont tous des fachos, donc bon. Les deux mecs issus des quartiers populaires ont compris que ça sent le roussi pour eux. Baston et ils se barrent en bagnole, poursuite, accident et ils se retrouvent dans un puits de mine.
    Et les deux autres, le chef de bande et la nana, arrivent enfin à l'hôtel où ils s'étaient donnés rendez-vous. Ils tombent dans le piège et se retrouvent en mauvaise posture aussi. On découvre toute cette famille de tarés, croisement entre une certaine famille du Texas, et les Deschiens. Voilà où on en est... Ce film se veut Massacre à la Tronçonneuse chez les ploucs. Et des ploucs... nazis ! Ah oui, parce que facho c'était pour la mise en bouche. Et là, c'était déjà pas très réussi, mais ça tourne à la farce complète. Et ce qui coince, c'est que ça se prend au sérieux !!! Y a une espèce de patriarche nazi, un vieil Allemand qui se reproduit avec ses enfants, ou des gens qui deviennent ses enfants, et le mec, qui en réalité n'est pas allemand pour un sou, balance des phrases en allemand comme ça. Genre des phrases choc. "Meine Ehre heisst Treue". Avec une prononciation assez aléatoire. Et dans la famille provinciale nazie, tous les clichés du film d'horreur y passent. La vieille mère qui a un trou pour respirer et qui arrive pas à se nourrir (après on sait plus ce qu'elle devient), le gros chauve qui saigne les porcs (et les hommes, car nos provinciaux nazis sont cannibales !) et qui est pas finaud, la fille déguisée en fillette et qui est à moitié autiste...
    Bon heureusement ils butent les racailles, on comprend pas trop pourquoi ils passent des heures à les entraver, ou les préparer, juste pour les finir avec une balle dans la tête, et gardent la beurette pour la reproduction.
    On touche encore un point de débilité puisque la fille n'est pas "pure", comme ils disent, mais ils la gardent quand même.

    S'en suit le survival, rape and revenge sans le viol, de la fille qui va buter toute cette gentille famille franco-allemande, une famille issue de la diversité de l'union européenne... Quel gâchis. En fait on s'en fout un peu de ce que devient la beurette, c'est juste débile, filmé pas top, mais bon, les séquences gores sont sympas. Vues et revues, mais sympas.

    On s'est dit qu'avec le papi nazi on avait touché le fond, mais non, y a la fin. Une fois que la fille a fait le ménage, elle part en bagnole (bon je vous nique la fin, l'intrigue, mais on s'en fout, hein) et écoute... la radio qui nous apprend que l'extrême droite a pris le pouvoir. La fille en chiale encore plus, tiens. Et hop, barrage de gendarmes !!! On ne sait pas si ils vont la flinguer ou lui porter secours, mais vu le discours, on sent que les mecs vont la crucifier sur place, PARCE QUE C'EST DES NAZIS PUTAIN DE MERDE !
    En 2007, un véritable appel à voter Ségolène.

    Non mais franchement, ce film est ridicule. D'une mauvaise foi exemplaire, et raté sur plein d'aspects. Et ce côté donneur de leçons qui mélange tout... Pfffffff.

    Allez tiens, un peu d'espoir dans ce monde de brutes :

  • La Marchande d'Enfants - Gabrielle Wittkop

    Le Nécrophile, précédent livre de la mère Wittkop, était un vrai régal de monstruosité. Une perversion qu'atténuait la beauté de la prose... Comment en vouloir à ce personnage si vil, mais finalement, qui ne parlait que d'amour avec ces corps que l'âme avait quittés ?

    Curieusement, je n'étais pas allé plus loin dans la bibliographie de l'auteur, me contentant de ce court roman, ultime. Et pourtant, récemment, je m'y suis réintéressé, avec cet autre roman, la Marchande d'Enfants.
    Le livre se présente comme un roman épistolaire. Mme Marguerite Paradis, la dite marchande d'enfants, se confie à une amie faisant le même métier, à Bordeaux, tandis qu'elle a sa maison à Paris, aux heures de la Révolution. C'est d'ailleurs la Révolution qui la forcera à prendre le large, l'objet de son métier, s'il a les faveurs des riches bourgeois et aristocrates, plait moins au peuple... Car oui cette brave dame, elle fait du commerce d'enfants, elle les achète à bas prix, et les vend au plus cher à de riches libertins... On est proche de Sade, et de sa Justine, enfin... la soeur de Justine, celle qui a réussi ! D'ailleurs, Sade fait une apparition dans le livre de Wittkop, comme le client qu'il fut.
    Si dans le Nécrophile, le malaise pouvait venir de certains détails crus liés à l'amour avec les morts, ici c'est plus dans le propos déshumanisé de la tenancière de bordel. Ayant comme prétexte que d'expliquer comment faire marcher son affaire en adressant ses lettres à sa consoeur, son boulot, c'est bien un business... Faut savoir gérer le bâtiment, les installations, le personnel, et... le stock ! Le stock, les produits qui doivent convenir aux clients, qui des fois les rendent trop abimés pour être réutilisables... C'est l'ignominie dans le traitement marchand et sexuel des enfants qui provoque le plus la nausée.
    marchande.JPGOn pourrait se dire "allons, tout ceci n'est qu'une fiction". Seulement, Gabrielle Wittkop, elle était documentée... Et quand elle évoque les perversions des grands de ce monde, il doit certainement y avoir des perversions authentifiées. Sans parler des Parisiens qui vendaient les enfants, ou adultes déguisés en enfants, voire certains marlous travestis, comme ce nain se faisant passer pour un enfant, mais avec un vit d'adulte ! D'où une scène où un client reconnait le nain facétieux, et une course poursuite le cul en l'air se déroule dans l'hôtel particulier, provoquant l'hilarité. C'est bon de rire. Ca fait passer la pilule sur les évènements beaucoup plus graves du livre. Bref, revenons en à cette Histoire du macabre, la morgue de Paris, où les corps des noyés, des décédés sont exposés avant préparation, à la vue du tout Paris qui se presse de voir ce spectacle... 
    Gabrielle Wittkop a signé là un autre excellent roman, tout aussi transgressif, et à la fois tout aussi poétique.