Attention, document exceptionnel !! Les derniers écrits qu'aurait laissés le baron Ungern von Sternberg, en prison, entre son procès et le moment de son exécution... Un manuscrit retrouvé en Russie, déclassifié des archives du KGB... Véritable testament, ou faux qui résonne comme un hommage ? Dur de le savoir réellement.
L'éditeur sous-titre : "le testament d'un antisémite qu'Hitler admirait". Il espère certainement surfer sur le succès de Dieudonné, auprès de ses fans pour attirer le chaland, eh eh eh, ou simplement trouver une parade contre les censeurs pour pouvoir publier ce court livre d'une centaine de pages.
Une courte centaine de pages, mais où chaque page claque. Chaque page résonne comme les mitrailleuses des trains blindés, comme les fouets des cavaliers, comme les sabots de leurs chevaux, comme la noble haine qu'incarne Nikolai Robert Maximilian von Ungern Sternberg, baron balte au service du tsar, devenu dieu de la guerre en Mongolie.
Un destin incroyable pour ce personnage issu d'une longue lignée de guerriers. Le récit revient sur quelques-uns de ses hauts faits, et surtout, sa haine des Bolcheviks, et des juifs, son mépris pour les Slaves, et l'admiration qu'il suscita chez les descendants de Genghis Khan.
Un récit fort, cruel, sans pitié, mais emprunt de poésie païenne, influencée par la fierté mongole, et leur environnement sauvage.
Quelques extraits :
"Il m’est souvent arrivé de partir galoper seul dans la nuit. Pourquoi en aurais-je peur ? Je suis avec les miens. Avec les loups qui hurlent. Avec les squelettes des cadavres que je leur ai offerts. Là-bas, dans la forêt, j’ai un ami. Un corbeau niché dans un arbre. Je vais le voir fréquemment. C’est un oiseau de mort. Que suis-je d’autre ? Il m’est reconnaissant. Je suis son père nourricier puisqu’il peut picorer dans les orbites des cadavres que les loups n’ont pas entièrement dévorés. Un jour il lui est arrivé malheur. Je ne l’ai pas trouvé. Et ce malheur s’est abattu sur moi. La branche sur laquelle il m’attendait d’habitude était vide. J’ai compris alors que ma vie touchait à son terme. Et qu’il me fallait rejoindre le corbeau. Il m’attend sans doute dans les profondeurs abyssales de Thulé. Nous repartirons de là-bas pour ma dernière et sanglante chevauchée. Notre chemin sera tapissé de cadavres. Il ne manquera de rien."
"J’aime les bêtes sauvages, ai-je dit. Sipaïlo était ma bête sauvage. Ce que je faisais par devoir, il l’effectuait par plaisir. Un chien féroce et jamais rassasié. Il tuait, violait, torturait, poussé à cela par de sombres pulsions pathologiques. Un fils de pute, certes. Mais mon fils de pute."
"Un philosophe français, Descartes, a dit « je pense donc je suis. » Dans les milieux frelatés et moisis de l’intelligentsia russe, on affecte d’y voir la meilleure définition de ce que peut être un être humain. Non, non et non. Penser est une lâcheté. Une activité tortueuse. Penser corrompt l’âme et tue ce qu’il y a de plus noble en l’homme : l’instinct. Moi je ne pense pas. Je sais. Je sais sans hésitation. Aussi sûrement que la nuit succède au jour. Avec autant de certitude que je sais que le fer et le feu réchauffent l’âme du guerrier. Comme je sais qu’un nain ne sera jamais un géant et que les esclaves n’ont pas vocation à devenir des maîtres."
"Oui, je serai ce cavalier. Ma tête restera a Thulé. Et moi, ange de la terreur, je galoperai sans fin sur mon cheval. Je sillonnerai de jour les rues d’Ourga et je glacerai d’effroi les Rouges qui dominent cette sainte cité. J’irai plus loin. Je traverserai la Sibérie. Je connais le chemin pour l’avoir déjà fait. J’entrerai dans Moscou, faisant fuir la populace apeurée. Je chevaucherai dans Petrograd, ville maudite car nid de révolution, et les foules apeurées se jetteront dans la Neva. Jamais je ne m’arrêterai."
Faux ou pas, ce récit nous renvoie à des récits épiques à la Robert Howard, à la philosophie de l'acier et du marteau, et c'est un réel plaisir à lire. Pas de regrets, pas de pitié, un héritage millénaire, une destinée tracée pour ce baron sanglant.
L'initiateur du livre, Benoît Rayski - qu'Ungern aurait détesté doublement ! - livre une préface et une postface pas forcément intéressantes, en regard du récit lui-même. Il n'évite pas la comparaison et le rapprochement avec les nazis et Hitler, qui en ont fait un héros de leur mythologie. Ungern, un modèle pour Hitler, dans son éradication des Rouges et des juifs... Je pense que c'est plus que ça. La mystique du personnage, le guerrier païen issu d'une race de guerriers, élu par Dieu pour imposer un Ordre à l'Europe, au monde, une mission quasi-divine, voilà ce que représentait Ungern pour Hitler. Un prophète, un avatar. Et ce, bien au-delà d'une lutte viscérale contre un parti ou une religion. Contre le monde !
Voici la présentation du livre par Benoît Rayski. On reconnaîtra la voix de l'intervieweur en la personne de Jean Robin, qui se trouve également être l'éditeur du livre.
Benoît Rayski présente une autobiographie du... par enquete-debat
Commentaires
Argh putain tu me donnes trop envie de le lire.
Ces raclures d'Amazon ne l'ont plus en stock, j'ignore ce qui se passe mais il a été à la vente un ou deux jours fin avril et depuis que dalle, tendance édition die hard qui disparait en une heure hehe.
J'espère que cette situation va changer car sinon faudra que je sorte de mon Finisterre et aille en France.
Espèrons que quelqu'un réédite le Baron Fou de Mabire car ce livre le mérite et rien que pour avoir inspiré Hugo Pratt.
La citation sur Sipaïlo aurait pu être une belle réplique pour film ou série.
Oui, j'ai eu le même problème avec Amazon. En prévente à 15 euros, je commande, et au jour de la sortie, plus d'appro, et status quo... et je vois que le livre est dispo à un prix moindre... et toujours pas de nouvelles. J'ai annulé la commande et envoyé un chèque directement à l'éditeur, ça a été on ne peut plus simple et plus rapide ! Je pense qu'il a feinté avec Amazon pour s'en servir comme d'un relais de promotion, et les a plantés pour tout rediriger vers lui. Comment profiter d'Amazon tout en les baisant...