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auguste le breton

  • Le Rouge est mis - Auguste le Breton

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    Louis Bertain, dit le Blond, fait partie d'une bande qui attaquent quelques convoyeurs pour piquer de l'oseille. Il est entouré de Raymond, dit le Matelot, Pepito, le gitan et Fredo, dit Keskidi, souvenir de son époque aux Amériques où, n'entravant pas ce que disaient les Amerloques, il demandait "qu'est-ce qu'y dit ?" à son associé, et le surnom lui était resté. Le Blond la ramène pas trop, les flics l'ont pas dans le collimateur. Il fait ses coups d'éclat, sans qu'on sache qui chercher. C'est sans compter Pepito qui a la gâchette facile. Alors quand ils braquent un fourgon sur la route de Dourdan, les chauffeurs sont liquidés, deux motards de la police qui les filaient y passent aussi, et un couple de fermiers est envoyé ad patres. Les flics sont sur les dents et trouvent vite les suspects...
    Pas de chance, Pierre, le frère de Louis s'est fait gauler par les flics en repartant de chez sa poule. Interdiction de séjour à Paris, il aurait dû prendre patience, mais l'amour... les flics aimeraient bien qu'il balance. Et comme il entend une conversation entre Louis et le gitan sur l'attaque du fourgon, il a ses p'tits nerfs qui craquent quand il lit dans le journal le compte-rendu de l'expédition. De là à balancer les copains ?

    Un petit polar classique de la part d'Auguste le Breton, à qui l'on doit (entre autres) la série des Rififi à... et le Clan des Siciliens, Razzia sur la Schnouf, eux aussi adaptés à l'écran. Polar classique certes, mais écrit en argot, avec quelques indications utiles pour comprendre certaines locutions issues du sabir gitan ! Peut-être tombées en désuétude depuis... C'est le cas de beaucoup d'expressions, mais elles sont bien plus savoureuses que l'argot du ghetto des rigolos d'aujourd'hui !
    Le style me rappelle un peu Albert Simonin et son Touchez pas au grisbi ! plus violent et dur que le film...

    Ce livre a été porté à l'écran, comme les deux précédemment cités. Avec Jean Gabin dans le rôle titre, évidemment. Et, coïncidence, c'est quand je termine la dernière page du livre que je me dis que je reverrais bien le film, eh bien deux jours plus tard, il passe à la télé. Formidable !

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    Plutôt sympa ce blog, j'arrive à caser Jean Gabin dans une chronique d'un bouquin, on joint l'utile à l'agréable !

    Si le bouquin date de 1954, le film date de 1957. Le film ressemble par moments à une adaptation fidèle du bouquin, mais édulcore certains passages, ou les transforme. Au casting, on retrouve les fidèles de Gabin : Lino Ventura, Paul Frankeur, Albert Dinan et même Jacques Marin, en éternel troisième rôle, et cette fois, sans moustache ! On reconnaît en tout cas sa voix typique (toute une aventure à retrouver tous les doublages de films et de dessins animés qu'il a réalisés !). Apparaissent au casting également deux jeunes premiers, promis à une longue carrière : Jean-Pierre Mocky et Annie Girardot !

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    Comme je l'ai dit, le film reprend la trame du livre dans les grandes largeurs. Quelques aménagements ont été réalisés pour que le héros soit plus gabinisé. Dans le livre, il doit avoir une trentaine d'années. Ouch, en 1957, Jean Gabin a 53 ans ! Et de simple voyou avec un beau costard qui distribue les pascals à tout va, il devient voyou avec une affaire en couverture, histoire de râler sur le coût de la vie. Il est patron d'un garage. Il y a une inévitable scène où Gabin bouffe dans un restau, mais la scène est vite terminée. On voit apparaître quelques chevaux, une grande passion de Gabin. Les scènes de violence sont amenuisées également. On est tout de même en 1957, quand quelqu'un se mange une bastos, il se tient le bide, et glisse sur le sol en en faisant des caisses. C'est comme ça. Malgré tout, on échappe à plusieurs morts du bouquin, et la principale scène violente, de l'attaque du fourgon, alterne passages épiques (les motards qui se font tuer en pleine course, on se croirait dans Mad Max !) et contrechamps timides, quand les fermiers se font dézinguer. Gabin a un geste de surprise à chaque meurtre, et essaie de retenir Pepito. Dans le livre il s'en fout. Mais le film est différent... D'ailleurs les motards ne meurent pas. "- Son casque lui a certainement sauvé la vie. - Et le premier ? - Il s'en tirera".

    A côté de ça, le langage est plutôt vert. Ca parle argot, mais moins que dans le bouquin. Gabin traite la fiancée de son frère de salope, et lui file une tarte. Faut dire, dans cet univers de la pègre, les femmes sont souvent des putes, ou d'anciennes michetonneuses. Y a même une scène calquée du livre, où un homosexuel qui s'est fait ramasser par les flics passe un message à Gabin, en roulant des yeux et en prenant des manières. Une "lope" comme on les appelait alors. Gabin lui file cent sacs pour qu'il aille "s'acheter une nouvelle pochette". Venant d'un gars qui trainait trop près d'un édicule... Je laisse les plus jeunes chercher la signification de tout ça dans un dictionnaire, eh eh. Les thuriféraires actuels de la sodomie placée au rang de style de vie à être accepté et loué par tous doivent en faire une syncope, ah ah !

    Et notons, si le film reste fidèle au livre dans sa fin, que c'est une des rares fois où le personnage joué par Jean Gabin meurt...

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