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gérard depardieu

  • Raspoutine

    Après avoir incarné le Comte de Montecristo et Obélix, Gérard Depardieu incarne Raspoutine. Rien de moins.

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    Le vrai Raspoutine

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    Raspouti-Gégé

    Bon, sur le papier, ça fait peur. Raspoutine, le regard halluciné et noir, les yeux emplis de démence ou de révélation, c'est selon, et Gérard Depardieu, bien en chair, la mine de l'ouvrier germinalesque qui va picoler au balto dès que la cloche a sonné... Gros enjeu, là.
    Et bien, il s'en tire pas si mal, le Gégé. Une barbe, des cheveux filasses, et l'oeil inquisiteur, il fait un poil illusion. Toutefois, c'est dans les scènes orgiaques qu'il est le meilleur. Le pif dans la picole quand il ne traine pas dans le barbu des filles légères, quand Gégé s'allume, il s'approche de Raspoutine. Mais... avec un côté un peu trop celte, différent de la démesure slave. Nitchevo.
    Et puis si Raspoutine fiche les chocottes juste à regarder les photos, Depardieu fait bon gros nounours à câliner les petits enfants.
    Ceci dit, c'est un parti pris de José Dayan, qui comme à son habitude brosse des portraits historiques. La part occulte et mystique très prégnante de Raspoutine, ici, elle est bien atténuée. Hop hop hop, deux trois impositions des mains, et les v'là guéris, merci le père Dedieu, le r'bouteux de la forêt des Moidons, continuez le long de la D469 et tournez à l'emplacement de la pierre qui a la forme d'une grosse miche de pain. La prophécie lancée à la mère Romanov résonne à la fin du téléfilm, comme celle de Jacques de Molay (déjà joué par Depardieu, tiens tiens...), sans qu'on sache bien à quel moment il a lancé cette phrase, et devant qui... Le spectateur profane ne fera pas forcément la corrélation entre l'introduction et l'exécution des Romanov, et cette toute dernière tirade pré-générique ! D'ailleurs, la mère Romanov (Fanny Ardant pas très crédible) ne dessine pas de svastikas sur les murs de sa chambre... Les seuls voyages de Raspoutine, ils se situent entre la Sibérie et St Petersbourg. Raspoutine n'apparait guère que comme un moujik un peu couillon, qui finit par aimer le luxe. Seule sa mort est à peu près respectée, et encore. Ils ont oublié de le rouler dans les rideaux avant de le balancer à la flotte !! Au moins, immergé dans les eaux glacées de la Neva, on le voit ouvrir les yeux. L'honneur est sauf.

    Dayan n'est pas très forte dès qu'on sort de la discussion de salon bien cadrée, bien filmée. "Belles images, belle musique..." comme disaient les Inconnus. Les rares scènes - très rapidement expédiées - de combat, car en 1915 c'est la guerre, faut pas l'oublier, sont nulles. Filmer quatres clampins dans une tranchée, des explosions, bordel, depuis les Sentiers de la gloire, y a eu assez de matière à s'inspirer... d'autant plus que la mère Dayan/Dahan, elle a dû refourguer ça à la seconde équipe, très probablement une équipe russe, car hormis Gégé et Fanny, y a que des Russes au générique, le tournage ayant eu lieu là bas. Les Russes savent quand même y faire niveau cinéma, là ils ont fait le minimum syndical (syndical, communiste, russe, ah ah humour). Et qui dit casting russe, dit doublage. Tout le téléfilm est en postproduction, et Depardieu s'en tire très bien, mais c'est pas forcément le cas pour les autres. Je sais pas si José Dayan a aussi géré la direction d'acteurs, j'ai pas l'impression qu'elle parle russe couramment...

    Bref, c'est pas une grosse réussite (téléfilm en France, mais diffusion cinéma en Russie ! Et la mise à disposition de décors impériaux pour les besoins du tournage par Poutine sur demande de Depardieu !), le mysticisme du personnage laissant largement sa place au contexte historico-politique d'alors. Mais bon, Depardieu en Raspoutine, fallait le voir quand même !