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  • Un Esprit dérangé - Harold Schechter

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    Est-ce qu'un homme qui déclare que ce qu'il préfère dans les enfants, ce sont leurs fesses, le plat le plus délicat à manger, est-ce que cet homme est vraiment mauvais ? On peut se le demander ! Au moins il a de l'humour.
    Albert Fish a été au début du XXe siècle un des pires croque-mitaines qui fut. Un bon gros détraqué comme seuls les Etats-Unis savent nous les modeler. Détraqué jusqu'au trognon, jusqu'aux burnes, que venaient endolorir des aiguilles qu'il s'enfonçait lui-même. Meurtrier, pédophile, cannibale, pervers, sujet à l'auto-flagellation, et en plus de ça, un mauvais père !
    Le livre-enquête de Schechter commence en 1924, et les enlèvements d'enfants se multiplient. Au nez et à la barbe de tout le monde. En plein jour, devant tout le monde. Personne, personne ne soupçonne le petit vieillard dans son manteau gris élimé, ce vieux bonhomme voûté et pâlot, à qui on donnerait le bon dieu sans confession, au pire, une pièce.
    Pourtant, le papy, il cache sa force. En un tour de main, il arrive à emmener les enfants, et personne ne calcule. Encore mieux. Il passe une annonce pour qu'un jeune adolescent vienne l'aider à faire des travaux dans sa maison, s'inventant une propriété, ferme et chevaux, un appât pour attirer de la chair fraîche et brouiller les pistes. Un garçon est intéressé et Albert Fish se rend chez sa famille pour discuter de ça. Bah ! Le jeune homme est trop âgé pour les goûts - et la force - de Fish, mais par contre, sa petite soeur... totalement à son goût. Il embauche le jeune homme (qui n'entendra plus parler de lui après cette visite), et surtout, il propose aux parents d'emmener la fillette au goûter d'anniversaire de sa nièce ! Le pire, les parents n'émettent aucune opposition, trompés par le vieux qui fait bon genre. Ils se seraient bien abstenus s'ils avaient su qu'Albert Fish avait tué, et découpé leur fillette dans une mansarde délabrée et abandonnée. Enfin, il s'est pas gêné plus tard pour leur raconter ce qu'il en fit :
    « Chère Mrs Budd. [...] Le dimanche 3 juin 1928, je vous ai appelée au 406 Ouest de la 15e rue. Je vous ai apporté un pot de fraise à la crème. Nous avons déjeuné ensemble. Grace s'est assise sur mes genoux et m'embrassa. Je fixai mon choix sur elle. Au prétexte de l'emmener à une fête, vous avez dit qu'elle pouvait y aller. Je l'emmenai dans une maison à Westchester que je venais de louer. Je lui demandai de rester à l'extérieur. Elle cueillit des fleurs. Je suis monté à l'étage et ai enlevé mes vêtements. Si je ne le faisais pas, je savais que le sang allait les tacher. Quand tout fut prêt, je l'appelai par la fenêtre. Puis je me suis caché dans le placard jusqu'à ce qu'elle entre dans la chambre. Lorsqu'elle me vit nu, elle se mit à pleurer et essaya de fuir par l'escalier. Je l'ai attrapée, elle dit qu'elle se plaindrait à sa maman. D'abord, je l'ai déshabillée. Comme elle donnait des coups de pied, mordait et griffait, je l'ai étranglée, puis découpée en petits morceaux afin que je puisse emmener la viande dans mes chambres. Je l'ai cuisinée et mangée. Ses petites fesses étaient tendres après avoir été rôties. Ça m'a pris neuf jours pour la manger en entier. Je ne l'ai pas baisée, même si je l'ai regretté. Elle est morte vierge. »
    Fish aurait pu continuer ses crimes en toute tranquillité, s'il ne s'amusait pas à écrire des lettres aux parents des victimes. Chopé à cause de son papier à lettres... Sherlock Holmes n'en aurait fait qu'une bouchée. Parce que Fish aimait bien écrire des lettres, s'inventer des vies, et aussi se marrer en insultant des inconnues. Il entretenait des correspondances avec des femmes, au début de manière très courtoise, puis au bon moment, leur lâchait quelque saloperie bien dégueulasse.
    Grâce à son arrestation, plusieurs crimes ont pu être élucidés, d'autres sont restés plus vagues (il s'attaquait beaucoup aux petits noirs car ils étaient plus en marge de la société blanche)... Egalement, les psychologues ont pu se pencher sur son cas quasi unique. De son homosexualité non assumée à son cannibalisme, toutes ses perversions ont pu être mises sur la table. Le seul élément qui laisse perplexe est qu'il ne se soit pas attaqué à ses propres enfants (hormis une lettre salace à sa fille). Il ne les a pas mangés, pas sodomisés, rien. Ils n'ont tout de même pas été épargnés, car ils ont découvert sa brosse à clous dont il se servait pour se flageller, et son fils le vit s'enfoncer des aiguilles dans le périné...
    Bref, Albert Fish est un condensé quasi exhaustif des perversions et fait partie du visage des USA du début du siècle, avant les Ed Gein, les Jeffrey Dahmer et autres John Travolta.