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La Marchande d'Enfants - Gabrielle Wittkop

Le Nécrophile, précédent livre de la mère Wittkop, était un vrai régal de monstruosité. Une perversion qu'atténuait la beauté de la prose... Comment en vouloir à ce personnage si vil, mais finalement, qui ne parlait que d'amour avec ces corps que l'âme avait quittés ?

Curieusement, je n'étais pas allé plus loin dans la bibliographie de l'auteur, me contentant de ce court roman, ultime. Et pourtant, récemment, je m'y suis réintéressé, avec cet autre roman, la Marchande d'Enfants.
Le livre se présente comme un roman épistolaire. Mme Marguerite Paradis, la dite marchande d'enfants, se confie à une amie faisant le même métier, à Bordeaux, tandis qu'elle a sa maison à Paris, aux heures de la Révolution. C'est d'ailleurs la Révolution qui la forcera à prendre le large, l'objet de son métier, s'il a les faveurs des riches bourgeois et aristocrates, plait moins au peuple... Car oui cette brave dame, elle fait du commerce d'enfants, elle les achète à bas prix, et les vend au plus cher à de riches libertins... On est proche de Sade, et de sa Justine, enfin... la soeur de Justine, celle qui a réussi ! D'ailleurs, Sade fait une apparition dans le livre de Wittkop, comme le client qu'il fut.
Si dans le Nécrophile, le malaise pouvait venir de certains détails crus liés à l'amour avec les morts, ici c'est plus dans le propos déshumanisé de la tenancière de bordel. Ayant comme prétexte que d'expliquer comment faire marcher son affaire en adressant ses lettres à sa consoeur, son boulot, c'est bien un business... Faut savoir gérer le bâtiment, les installations, le personnel, et... le stock ! Le stock, les produits qui doivent convenir aux clients, qui des fois les rendent trop abimés pour être réutilisables... C'est l'ignominie dans le traitement marchand et sexuel des enfants qui provoque le plus la nausée.
marchande.JPGOn pourrait se dire "allons, tout ceci n'est qu'une fiction". Seulement, Gabrielle Wittkop, elle était documentée... Et quand elle évoque les perversions des grands de ce monde, il doit certainement y avoir des perversions authentifiées. Sans parler des Parisiens qui vendaient les enfants, ou adultes déguisés en enfants, voire certains marlous travestis, comme ce nain se faisant passer pour un enfant, mais avec un vit d'adulte ! D'où une scène où un client reconnait le nain facétieux, et une course poursuite le cul en l'air se déroule dans l'hôtel particulier, provoquant l'hilarité. C'est bon de rire. Ca fait passer la pilule sur les évènements beaucoup plus graves du livre. Bref, revenons en à cette Histoire du macabre, la morgue de Paris, où les corps des noyés, des décédés sont exposés avant préparation, à la vue du tout Paris qui se presse de voir ce spectacle... 
Gabrielle Wittkop a signé là un autre excellent roman, tout aussi transgressif, et à la fois tout aussi poétique.

Commentaires

  • Quel intéressant roman que voilà ! J'espère que si un jour, Le Trottin d'Aurore-Marie de Saint-Aubain parvient enfin à trouver un éditeur, on ne l'accusera pas chagrinement d'avoir plagié Gabrielle Wittkop ! D'abord, dans le Trottin, le style n'est pas épistolaire (ce qui fait XVIIIe siècle), et, d'autre part, l'action se déroule en 1889-1890. Dans le Trottin, enfin, il s'agit exclusivement d'anandrynes, soit des lesbiennes.

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