Des rouflaquettes de compétition, des servantes au décolleté à réveiller un bataillon de caleçons de poilus centenaires, des châteaux gothiques à la décoration à peine effleurée par le XIXème siècle... Pas de doute, nous voici dans un film de la Hammer. Pas un chef d'oeuvre de la boite de production anglaise, d'ailleurs, un film un peu oublié, le genre qu'on retrouve dans la caverne des introuvables (si ça c'est pas clair...), mais tout de même, un petit film sympa.
La Hammer revisite le mythe de Frankenstein, à sa sauce, donc avec pas mal de cynisme, d'horreur, d'humour british ("quelque chose de moral... comme la fission de l'atome"), de misogynie décomplexée, et de petites perles ici et là. Victor Frankenstein est un élève doué, plus passionné par la science de l'anatomie que par les maths, qu'il maitrise, et que par les femmes. Il les prend, il les jette. Nan, son truc à lui, c'est le corps humain, il est Prométhée, il décèle le pouvoir qu'a l'homme à créer l'homme, ou le recréer, à défier la mort et Dieu... Il n'hésitera pas à se débarrasser de tous ceux qui l'empêchent d'atteindre son but. Père, amis, pékin moyen... Avec l'aide d'un profanateur de tombes (peut-être le personnage le plus poétique du film !), il va assembler les morceaux de son Frankenstein... et se sentir tel un maître, voire tel un père, devant sa créature. Tout juste agacé par ses congénères, sa servante, son cuisinier, son hôte, son ancien ami policier, il ne les regarde même plus, il s'en débarrasse au besoin. Jusqu'au dénouement final, assez vite expédié... mais finalement, un final n'a pas besoin de durer des heures pour finir... c'est plus un final, c'est une agonie !
Mais ici, pas de place pour l'ennui. En 1h30, tout est dit, des ellipses du début du film introduisent les personnages et font avancer l'horloge pour arriver à l'histoire proprement dite, celle de la conception du monstre... Un peu de gore, du bras en mousse, du cerveau violet, mais surtout des mots qui remplacent des images. Malheureusement, on ne verra pas un nibard, d'aucune des jolies actrices dont les poitrines ne demandent qu'à sortir de ces corsages trop serrés.
Pour l'anecdote, le monstre de Frankenstein est interprété par David Prowse, qui gagnera la reconnaissance galactique en incarnant Dark Vador 7 ans plus tard, mais bon pas de bol, un casque sur la tête et la voix de Thulsa Doom lui voleront la vedette...