Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Monsieur

 

jean gabin monsieur.jpg

Georges Baudin est un riche banquier, dévasté par la mort accidentelle de sa jeune épouse. Au bord du suicide, il rencontre son ancienne femme de chambre, qui va le sauver de la mort en lui annonçant qu'il était cocu. Un coup de schlague pour le banquier, qui après une nuit de saoulerie, va décider de tout envoyer bouler, non plus en se suicidant, mais en changeant de vie. Adieu vie de cocu, adieu belle famille accrochée à sa fortune comme des morpions, par un concours de circonstance, il va prendre les habits d'un domestique, un homme de maison, en embarquant la pute pour la tirer de sa mauvaise vie. Dans une famille bien aisée, il va avoir la vie dure à s'occuper de tout et de tout le monde, et il verra son propre passé se répéter, la femme trompant le mari à son insu.

dole-marcel-jean-gabin-philippe-noiret-liselotte-pulver-et-berthe-granval-monsieur-1964.jpg

Monsieur, de 1964, n'est pas un Jean Gabin très connu. Réalisé par Jean-Paul le Chanois, tiré d'une pièce de Georges Revel, ici ce n'est pas Audiard et Lautner. Et pourtant, c'est un régal. Gabin est entre ses rôles du Cave se rebiffe, du Gentleman d'Epsom et de celui des Grandes Familles, un riche notable bougon, mais débrouillard. Bon, c'est une comédie, contrairement aux Grandes Familles. Une comédie bien innocente, au même titre que le Gentleman d'Epsom.
Mireille Darc joue - évidemment - le rôle de la pute, un peu ingénue, un peu paumée, mais toujours charmante. Même avec son ancien nez. On retrouve un jeune Philippe Noiret dans le rôle du père de famille un peu trop pris par son boulot, et Jean-Pierre Darras comme truand à la petite semaine. Un petit rôle pour Jean Lefèbvre pour achever le tout. Il ne manque que Noël Roquevert pour compléter le tableau.

Le genre de film qu'aujourd'hui, on regarde avec le sourire de l'enfant qui vient de se repaître d'une bonne tétée maternelle. Ca a un charme suranné, innocent, qui nous laisse dans un cocon cotonneux et chaud. Gabin y est magistral, paternel, digne, drôle, Mireille Darc, avec sa voix mutine, on a envie d'y payer un picon bière au bal musette d'en bas de la rue. Et puis les beaux-parents, la duègne accrochée au pognon, le mari avec son sonotone et sa bouteille planquée dans l'aquarium, la mère de famille qui essaie par tous les moyens de faire virer Monsieur Jean Gabin, trop cher à son goût, et la cuisinière de la maison, qui tape un peu dans la caisse... Des personnages très vieille France (même si les comportements restent actuels !), contrebalancés par les jeunes. Nathalie, la fille de dix-sept ans qui fume dans sa chambre en écoutant de la musique de yéyés sur son pickup (mais aux manières de fille de treize ans, qui joue à la marelle à dix-sept ans ??), et Alain, l'étudiant en sciences politiques qui roule des mécaniques et n'est pas très sérieux pour son avenir... Les années soixante, en gros. Où au bistrot, la serveuse annonce au cuistot une andouillette, un petit salé aux lentilles et une omelette, et le patron laisse la bouteille aux clients, car il leur plait, son petit vin.

monsieur-jean gabin 1.jpg

Heureusement, Jean Gabin s'en tire à la fin, en jouant un bon tour aux profiteurs, et tout le monde rit. Nous aussi. On écrase une larmichette et on émerge de la gaze, on se souvient à quelle époque on est, et que les fascistes au pouvoir sont à la porte pour nous écraser et faire que ce monde passé ne soit plus qu'un souvenir, que la gégène finira par effacer. On serre le poing et on se jure qu'on ne se soumettra jamais à ces chiens. On sera comme Jean Gabin, digne, droit, et on mourra en se faisant appeler Monsieur.

Les commentaires sont fermés.