Henri Vincenot est généralement considéré comme un écrivain régionaliste, féru de sa Bourgogne. Mais dans ses Etoiles de Compostelle, ce n'est pas tant la région qui importe. C'est la terre. Pas la terre de Bourgogne, mais la terre celte, européenne, qu'on sent vibrer dans le plexus, dans le coeur, dans les couillons, dans les orteils.
Cette terre qu'on essarte, et celle où on bâtit des voûtes, aux angles précis.
C'est l'histoire de Jehan le Tonnerre, essarteur, forestier au sein d'une communauté en marge, indépendante des règles, des lois régies par l'argent, au XIe siècle. Jehan le Tonnerre rencontre des moines qui bâtissent des maisons de Dieu, aidés en cela par des compagnons, qui connaissent le calcul des angles, des chiffes magiques... Héritiers des druides, des Atlantes, ils inscrivent leurs traits, leurs symboles, leurs pentacles, leurs soleils dans les temples commandés par les sectateurs de ce nouveau dieu, cis sur les anciennes sources, les courants telluriques...
Le jeune essarteur les rejoint, suivi de son ami vieil ermite, prophète ou vieux fou, druide, immortel, compagnon lui-même, et ennemi de nouveau dieu qui fait de l'ombre aux anciens dieux porteurs de lumière.
Leur périple les emmènera jusqu'à Compostelle, dans une quête initiatique et révélatrice pour le jeune homme, au travers des rencontres, des compagnons, du travail, de la peine et la souffrance, le froid, l'effort... et ces lieux magiques où tout son être vibre.
Henri Vincenot signe là une oeuvre profondément païenne, à peine incommodée par la présence du Dieu importé de l'Orient ; il évoque les traditions, les légendes celtiques, des Atlantes débarqués en terre basque pour apporter leur connaissance, l'héritage des compagnons, en phase avec le cosmos et la nature, usant de matériaux comme la pierre et le bois, traçant leurs courbes et leurs traits dans la terre et la neige, respectant les lieux, se déplaçant par les chemins, le cheminement. Un corps de métier solidaire, éclairé, qui pour Vincenot préfigure les francs-maçons... Des bâtisseurs au service d'un ordre religieux, mais auquel ils adjoindront leurs symboles, leur symbolique, leur philosophie, en direct héritage des druides et de la connaissance ancienne et millénaire, laissant le lecteur à l'issue du livre, conquis et révélé.
Commentaires
La vraie question est : qu'en a pensé le chat ?
Le chat avec l'élégance de son espèce, semble perdu dans ses pensées.
Il doit surement méditer ces paroles de Vincenot : "Après l'absence, retrouver son terroir et sa race, c'est se retrouver soi-même et comprendre avec émerveillement de quelle façon on est particulier".
En tout cas, belle photographie.
Je pense qu'il a apprécié ce roman initiatique et qui donne un air de fraicheur au lecteur amoureux des voyages et de l'Europe.
Ou alors il a vu un oiseau dehors.