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Prometheus

Attention ! avant de lire cette chronique, veillez à avoir déjà vu le film, ou ne rien en avoir à foutre. Je vais développer des détails qui dévoilent l'intrigue, et pourraient vous ruiner votre plaisir. Merci de votre attention.

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Prometheus, chacun le sait, est le film de Ridley Scott faisant figure de "préquelle" à Alien. 33 ans après ce film culte, autant dire que les attentes et l'excitation étaient fortes, pour beaucoup de fans. Ne faisant pas partie de la génération qui a découvert Alien au ciné, j'ai même vu Aliens en VHS avant de voir le premier film, j'avoue bien volontiers ne pas avoir eu d'attente particulière, me doutant bien qu'en 2012, il n'y a pas beaucoup de films qui réussissent à me marquer de manière indélébile, encore moins de films hollywoodiens. C'est donc l'esprit vierge que je me suis lancé dans ce Prometheus, après avoir lu quelques avis ici et là, en général assez déçus.
Pourquoi déçus ? Peut-être parce que le film, s'il est une préquelle d'Alien, n'est pas une génèse de la bestiole proprement dite, quoique.

Résumons le film en quelques lignes : plusieurs années avant les évènements se déroulant dans le Nostromo, en Ecosse des archéologues découvrent des peintures datant de -35 000 ans représentant un homme solaire, et un alignement de planètes, qui ne fait que confirmer ce qui a été découvert sur d'autres continents. Il y a bien eu des extraterrestres sur Terre, des "ingénieurs", qui ont apporté le savoir.
L'avantage d'être dans le futur, c'est que, puisqu'on a décodé ce putain de schéma de planètes et qu'on sait où elles sont, on peut y aller, car on a des vaisseaux spatiaux, bien plus confortables que ces 4L de l'espace que sont les Soyouz et autres Challenger à sièges en skaï qui te ruinent le dos au bout d'un million de kilomètres.
Une équipe hétéroclite d'archéologues, géologues, biologistes, mercenaires et un putain de robot, équipe financée par le magnat Weyland, se rend donc sur la planète convoitée. Elle y découvrira des choses incroyables, dures à décoder et comprendre (sauf quand on est un putain de robot). Des statues, des trucs qui ressemblent à des urnes funéraires, et des ingénieurs géants morts. Et de la vie... qui coûtera bien évidemment la vie à l'équipage.

Ce qu'il faut remarquer, dès les premières images du film, c'est que c'est beau. Beaux paysages terriens, mais également de la planète machin, et les effets spéciaux sont de toute beauté. Ils ont mis le paquet là dessus. Ridley Scott reprend les codes du premier Alien, mais à la sauce 2012. Le vaisseau a globalement ces mêmes couloirs blancs immaculés, mais les appareils de contrôle tiennent plus de l'Ipad perfectionné que de l'ordinateur à bandes. Le design du vaisseau est plus classe que le Nostromo cependant. Ca se tient, le Nostromo est un convoyeur, il est un chalutier philippin à côté du yacht affrété par Weyland.
Hormis la découverte du "temple" des ingénieurs qui rappelle la découverte des oeufs par l'infortunée équipe du Nostromo, un autre passage nous remet dans la tête des souvenirs de petite culotte... L'héroïne, jouée par Noomi Rapace, qui se retrouve en petite tenue à l'occasion d'une césarienne improvisée. Ici, la demoiselle porte une espèce de culotte/pagne/bande, sur les seins également, qui pourrait rappeler la bande Velpo. Quand elle se plante un sédatif dans la cuisse, on ne m'empêchera pas de penser que Scott cadre et s'attarde un peu sur le plan juste pour le plaisir de filmer la motte de Noomi.

Mais en dehors de ces détails, j'ai bien l'impression que Ridley Scott est resté fixé dans le passé. En effet, l'introduction du film présente un ingénieur sur Terre, dans un paysage assez dévasté, mais où une cascade gronde. L'extraterrestre se désape et apparait un E.T grand, musclé, au visage glabre, une créature entre un dessin de Moebius et une sculpture d'Arno Breker, sur un fond peint par Siudmak. Un disque dans le ciel apparait comme son vaisseau, cette scène renvoie complètement à la SF des années 70 pour son aspect graphique, comme on a pu le voir dans les Metal Hurlant, les couvs de bouquins SF, et autres douceurs éditées chez les Humanoïdes Associés.
Remarquons aussi que les designs sont en décalage avec ceux de Giger. Le Suisse n'étant pas associé à ce film, les designs proviennent d'une autre équipe, et parfois on peut trouver qu'il y a un décalage entre le côté pur et bleu des Ingénieurs, et leur combinaison, casque et intérieur du vaisseau qui sont les créations de Giger.

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Quant à la découverte des peintures rupestres présentant un homme solaire et des planètes, là, on renvoie directement à Jacques Bergier et surtout Robert Charroux, qui auraient bien aimé voir ce film, s'ils étaient encore vivants. Toute une littérature des années 60 à 70.
Ridley Scott renvoie vers cette vision de la SF, c'est certain.

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Non il ne s'agit pas des grottes du Tassili, mais bien d'un film

Le film, contrairement à Alien, n'est pas terrifiant. Il n'y a pas de frissons, pas cette goutte de sueur qui coule dans le dos pour se loger entre les fesses, comme quand Ripley chassait la bestiole dans les corridors. Il n'y pas de moment de tension réellement, même quand Noomi se retire une bestiole du ventre, ou n'a plus que quelques secondes pour atteindre des capsules d'oxygène. L'action, soutenue, passe, mais ce n'est pas Alien.
C'est peut-être ça d'ailleurs qui a déplu à tant de monde. Ca n'est pas Alien. Ca n'est pas un remake (hormis quelques scènes, comme je l'ai dit, et la duplicité de ce putain de robot), et ce n'est pas une clarification de qui sont les xénomorphes, de quelle planète ils viennent, qu'est ce qu'ils mangent au petit déjeuner, et comment la reine fait pour être fécondée.
Enfin on en apprend l'essentiel, mais le gros du film, c'est les ingénieurs. Et le titre du film porte la solution. C'est le nom du vaisseau spatial, okay, mais c'est la solution. Je vous la livre ici, vous êtes prévenus, si vous n'avez pas vu le film.
Les ingénieurs se sont installés sur une planète pour mettre au point une arme puissante. Les urnes sont des éprouvettes contenant une matière noire vivante (hi hi ça me rappelle le symbiote de Venom !) qui peut s'avérer très dangereuse. Une arme qui finalement s'est retournée contre les ingénieurs, qui ont voulu porter le feu, et se sont brûlés les ailes. Des ingénieurs, qu'on imagine super sympas, mais quand un de ces géants sort de son sarcophage, il n'est franchement pas très sympa avec les êtres humains. D'ailleurs, pourquoi étaient-ils venus sur terre ? Pourquoi le dernier s'est-il suicidé plutôt que de foutre le camp ? L'homme est-il une création des extraterrestres, un bidouillage scientifique, ou une arme, comme le sont les xénomorphes ?
Ah les xénomorphes... Il n'y en a pas dans le film. Il y a un ersatz de face hugger, plutôt un prémice, sorte de serpent mais qui remplit la même fonction. Et la bestiole que porte Noomi dans son bide, provient de la fornication avec un être humain infecté par la matière noire. Une sorte de pieuvre cthuluesque inédite. Une pieuvre qui va mettre ses oeufs dans le corps d'un ingénieur, et il en ressortira un prototype de xénomorphe... Séquence finale que les déçus devaient attendre depuis le début du film... Mais l'on sait depuis les études scientifiques rendues publiques sous le nom de "Aliens vs Predator" que le xénomorphe prend sa forme en partie par celle de son hôte. Le xénomorphe n'est qu'une version métisse dont le look dépend de ses hôtes, et de son ascendance.
On peut donc déterminer que l'Alien est à la base cette matière noire. Quand elle coule sur le sol, elle devient liquide et l'espèce de pré-face hugger/serpent en jaillit. La question est : est-ce la transformation première de la matière noire, créée au contact de la pierre, ou est-elle issue d'un croisement déjà effectué ?
Les ingénieurs sont les Prométhée, ils ont créé ce monstre, et il leur en a coûté la vie.
L'autre Prométhée, c'est Weyland, que tout ça intéresse. En savait-il plus sur les ingénieurs et leur création quand il a dépêché l'expédition ? Aliens Vs Predator et même le jeu vidéo (qui n'est pas si mal !!) le laissent à penser... Weyland, complètement croulant, veut continuer à vivre. Il veut les technologies.

Bon, si moi le film m'a plu, tant sur l'aspect graphique que conceptuel, il y a quand même des passages qui ne tiennent pas vraiment debout. Enfin, des erreurs sur lesquelles il vaut mieux ne pas trop s'attarder, sinon le film peut être gâché... Le géologue et le biologiste qui laissent tomber l'expédition pour rentrer au chaud dans le vaisseau, et se perdent... alors que le géologue a lancé des boules scanners qui détaillent le labyrinthe en envoyant une cartographie 3D au vaisseau... il n'a pas une version mobile sur son Iphone 50 ? Et puisqu'ils peuvent communiquer avec le vaisseau par radio, même si la réception est pas top (enfin chez moi dès qu'il pleut, la TNT c'est pire hein), pourquoi ne demandent-ils pas leur chemin ?
Lorsqu'elle veut se faire avorter, Noomi se barre en vitesse (tout en se tenant le ventre) de la pièce où le robot et le chirurgien veulent l'y garder. Ils ne la rattraperont jamais. Pourquoi ? C'est bien la peine de faire des expériences pour que le cobaye décide de jouir de sa propre personne. Dans quel monde on vit ? Arrivée au module de chirurgie autonome qui coûte la peau des roustons, propriété exclusive du commandant Charlize Theron, Noomi demande une césarienne. "Désolé, cette machine ne fait pas ça, elle ne traite que les hommes". Ah ! Ben c'est con ça, Charlize Theron est une femme. Elle n'avait pas dû s'en servir. Mais pour la garantie elle repassera. Ceci dit... comme Weyland est sur le vaisseau, passager clandestin dont personne ne semblait se douter... peut-être le module était prévu pour lui (puisque Charlize est sa fille en fait. Le mec a l'air d'avoir 100 ans, mais il avait dû prendre du viagra quand il avait 70 ans).
Puisqu'on parle de Weyland, d'ailleurs. C'est l'acteur Guy Pearce qui incarne le rôle (Lance Henriksen n'était pas libre ?), sous une tonne de maquillage, pour paraître vieux. Mais pourquoi ne pas avoir pris un acteur âgé ?? Parce que les acteurs américains âgés ont l'air d'avoir 25 ans ? Pas faux, mais prenez Tommy Lee Jones, dans Men In Black 3, il a l'air d'avoir 90 ans et une maladie dégénérescente qui fait lui fondre le visage... Bon Weyland apparait jeune dans les trailers de Prometheus, qu'on peut trouver sur internet, qui apportent quelques explications, notamment sur le fait qu'en 2080 il y aura des putains de robot qui seront en tous points identiques aux hommes (si je vis assez vieux jusque là, j'aimerais surtout savoir si on portera tous des combinaisons brillantes, si on mangera des pilules qui équivalent à un poulet rôti (avec le goût, svp) et surtout si on aura des voitures qui volent ! Et un système qui pourra m'éviter d'avoir à me faire livrer des stères de bois pour préparer l'hiver). Mais bref, pourquoi ne pas avoir deux acteurs, un Weyland jeune, et un Weyland vieux ? Parce que les effets spéciaux les plus ratés du film, sont ceux du visage du vieux Weyland.

Mais bref. Je salue Ridley Scott d'avoir modifié le projet pour ne pas avoir un bête film sur les xénomorphes, mais pour avoir fait un film de SF à grand spectacle, et remis au goût du jour les codes visuels de la SF pulp des années 70.

Commentaires

  • Tiens c'est drôle je me demandais l'autre jour après avoir lu l'article précédent si tu allais parler de ce film ici...

    J'ai le même avis que toi : un bon film, sans doute mal compris et injustement descendu par ceux qui sont déçus de ne pas avoir la Menace fantôme de Alien (bien que le lien soit là, et sans doute plus fort que ce que les pisse-froid prétendent), mais un film très réussi visuellement, pas trop mal foutu au niveau du scénar malgré quelques légèretés, et pas mal de références à la SF d'avant le numérique.

    Bon, tu as vu The Thing 2011 ? Aie aie aie les créatures en numérique, mais la dernière scène est excellente... et boucle la boucle exactement comme je voulais!

  • je me suis demandé si j'allais parler du film, parce que bon, ça ne fait qu'un énième blog qui vient déverser sa science, mais au final je trouve qu'on peut y trouver son compte. En fait si ça fait des déçus, c'est un peu comme John Carter. C'est pas assez épileptico-foutraque pour que les gens croient voir du spectacle. J'ai revu Matrix Revolutions l'autre jour, pffff, c'est n'importe quoi, pire que Transformers... Le premier était sobre, comparé à ça.
    The Thing... en fait je n'en ai vu aucun. Ni l'original, ni le remake de Carpenter, ni le remake post Charpentier. Je materai ça prochainement.

  • Regarde les dans l'ordre, enfin celui de Hawk et Nyby en premier quoi...
    Celui de Carpenter... ecoute je serais curieux de savoir ce que tu en auras pensé. Pour ma part, c'est son meilleur film, meilleur même que NY 97 et Prince des Ténèbres.
    Le remake... bon, on va dire que ça aurait pu être pire, bien pire...

    Matrix... le premier est vraiment bon. Vu et revu, dix fois peut être... Les suites... de bons moments, et d'autres assez médiocres. Pour rester sur celui dont tu parles, la bataille de méchas contre les robots volants, ridicule, et la baston finale façon Dragon Ball Z, involontairement drôle...

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