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  • Men's Adventure Magazines

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    Quel est le rapport entre un magazine pulp, un roman de gare, une affiche de film de série B (pour ne pas dire Z) ? Sa couverture. Une couverture dessinée, peinte, incroyablement attractive et prometteuse, et bien souvent supérieure au contenu du magazine, livre, film (voire album de musique), quand elle n'est pas totalement en décalage.
    L'importance de la couverture, du dessin, et du texte qui va avec, était primordiale à l'époque où les magazines pulps n'avaient que ça pour se démarquer de la concurrence, et attirer le chaland. Une nana au décolleté plongeant qui fouette une blonde sur une croix de St André et le titre "the nazi she-devil who killed for kicks", c'est une vente assurée !
    Taschen avait eu le bon goût d'éditer en 2004 une anthologie des couvertures de magazines des années 50, 60, les biens nommés Man's Story, Man's Action, Man's Life, True Men, Real Adventures, des magazines orientés pour les hommes (sans déconner ?), contenant des récits d'aventures et des photos de pin-up, tout ça pour le plaisir lubrique des hommes, avides d'aventures exotiques et de sexe. Une époque où la pornographie n'était pas disponible partout, et pour voir des nénettes en bikini, il fallait le justifier par au moins une histoire... des histoires souvent vendues comme des témoignages, mais pour le moins inventées de toute pièce. Qui irait croire ces filles torturées par des savants nazis qui élèvent des panthères avec une croix gammée sur le crâne ? En France, les éditions Gerfaut ont repris le concept avec des récits érotico-guerriers, sous couvert de récits authentiques, mais beaucoup moins illustrés que les revues américaines !
    Ces revues étaient lues par des soldats, des vétérans, et des adolescents, d'où le nombre incalculable de récits de combats, et d'ennemis anti-américains. Le déclin de ces magazines interviendra quand les Playboy et autres magazines de papier glacé apparaîtront, dévoilant les formes voluptueuses en couleur et en bonne défintion, à l'inverse des reproductions crades sur papier bas de gamme, façon photocopie sur des pages de l'annuaire à la photocopieuse ancienne génération du bureau de Poste... (période - malheureusement - révolue puisque les nouveaux copieurs ont tous une qualité supérieure à ce qu'on a pu avoir il y a encore 10 ans... *soupir de vieux con nostalgique*). Egalement, Playboy changea les goûts des lecteurs. Plutôt que des aventures du fidèle Sergent Carson à débusquer des sales jaunes à Okinawa à la grenade, le magazine au lapin (logo aujourd'hui adulé par les petites filles avec le consentement bienveillant des parents, tout va bien dans le meilleur des mondes) proposait des articles un peu moins bas du front, et plus bourgeois... L'intérêt des récits sur papier de grume déclina alors.

    Reste un héritage incroyable, de couvertures superbes, des mises en situation fantasmées ou totalement farfelues, comme cette attaque de belettes, ou ces tortues aissaillant des naufragés ! Mais c'est également un reflet de la société US, au travers des thèmes évoqués et des époques. Aventures dans une nature hostile et sauvage, sauvagerie des indigènes également, et des créatures inconnues quand le monde recélait encore de terres inexplorées, puis des vaillants GI combattant le ventre fécond de la bête immonde des heures sombres de notre histoire. Une fois la guerre gagnée, les fantasmes envers les nazis se sont exacerbés, et les couvertures ont figuré des médecins adeptes de la torture sur d'innocentes jeunes femmes... les nazis ont été ensuite remplacés par des démons à la peau jaune, mais à l'étoile bien rouge. Toutefois, vu le nombre de couvertures représentées dans le livre, ce sont bien les nazis qui ont provoqué le plus d'inspiration. Quand l'uniforme est devenu passé de mode, les croix gammées se sont retrouvées sur les casques, les blousons des terrifiants bikers, molestant les surfeurs pour leur piquer leurs copines...

    Remercions encore Taschen d'avoir édité ce livre recouvrant sur 500 pages une part d'histoire, malheureusement quasiment disparue aujourd'hui, les illustrations d'aventures les plus incroyables qui furent.

  • Les Etoiles de Compostelle - Henri Vincenot

    Henri Vincenot est généralement considéré comme un écrivain régionaliste, féru de sa Bourgogne. Mais dans ses Etoiles de Compostelle, ce n'est pas tant la région qui importe. C'est la terre. Pas la terre de Bourgogne, mais la terre celte, européenne, qu'on sent vibrer dans le plexus, dans le coeur, dans les couillons, dans les orteils.
    Cette terre qu'on essarte, et celle où on bâtit des voûtes, aux angles précis.
    C'est l'histoire de Jehan le Tonnerre, essarteur, forestier au sein d'une communauté en marge, indépendante des règles, des lois régies par l'argent, au XIe siècle. Jehan le Tonnerre rencontre des moines qui bâtissent des maisons de Dieu, aidés en cela par des compagnons, qui connaissent le calcul des angles, des chiffes magiques... Héritiers des druides, des Atlantes, ils inscrivent leurs traits, leurs symboles, leurs pentacles, leurs soleils dans les temples commandés par les sectateurs de ce nouveau dieu, cis sur les anciennes sources, les courants telluriques...
    Le jeune essarteur les rejoint, suivi de son ami vieil ermite, prophète ou vieux fou, druide, immortel, compagnon lui-même, et ennemi de nouveau dieu qui fait de l'ombre aux anciens dieux porteurs de lumière.
    Leur périple les emmènera jusqu'à Compostelle, dans une quête initiatique et révélatrice pour le jeune homme, au travers des rencontres, des compagnons, du travail, de la peine et la souffrance, le froid, l'effort... et ces lieux magiques où tout son être vibre.

    Henri Vincenot signe là une oeuvre profondément païenne, à peine incommodée par la présence du Dieu importé de l'Orient ; il évoque les traditions, les légendes celtiques, des Atlantes débarqués en terre basque pour apporter leur connaissance, l'héritage des compagnons, en phase avec le cosmos et la nature, usant de matériaux comme la pierre et le bois, traçant leurs courbes et leurs traits dans la terre et la neige, respectant les lieux, se déplaçant par les chemins, le cheminement. Un corps de métier solidaire, éclairé, qui pour Vincenot préfigure les francs-maçons... Des bâtisseurs au service d'un ordre religieux, mais auquel ils adjoindront leurs symboles, leur symbolique, leur philosophie, en direct héritage des druides et de la connaissance ancienne et millénaire, laissant le lecteur à l'issue du livre, conquis et révélé.

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  • Contes macabres - Claude Seignolle


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    Deuxième rencontre avec Claude Seignolle, après la Malvenue, ce recueil de contes macabres, dans son édition chez Marabout de 1966 (!!), un tantinet défraîchie, mais ô combien vintage, une police de caractères pour la couv typique, et bien revenue à la mode.
    Ici nous avons plusieurs nouvelles relativement courtes, et une plus longue, le Matagot. Cette dernière traite d'une affaire de sorcellerie, une vengeance pour le moins tirée par les cheveux ! Un sorcier qui veut se venger d'un autre, en mettant à profit la location de sa maison à un écrivain, conteur de l'histoire. Si l'histoire peut amener son lot de frissons et d'horreur, la chute nous fait un esquisser un sourire d'ironie. L'ironie, voilà un des thèmes qui revient très souvent. Beaucoup de contes, d'historiettes apportent leur dénouement dans une morale des plus ironiques. Victimes de leurs "pouvoirs" surnaturels, les hommes et femmes paient leur relation avec les forces d'en bas.
    On peut distinguer deux types de contes. Les contes "paysans" et les contes "contemporains". Certaines histoires se déroulent dans la campagne, un brin intemporelle, et les autres se situent vers les années 60, du moins au vingtième siècle. Ceci dit, Seignolle recueillait les histoires des paysans, à l'aube d'un changement des mentalités, et communications. En 1960, les campagnes ressemblaient encore à celles du début du siècle...
    Toutes les histoires ne sont pas des chefs-d'oeuvre, mais toutes sont très bonnes, pour ne pas dire excellentes... Parmi elles, l'Isabelle, où un collectionneur d'art dégote un tableau avec une femme nue, qui sort de son cadre et rejoint l'homme dans son lit. Dans une ambiance limite gothique, entre Jean Ray et Lovecraft !!

    Et pour en avoir un peu plus, je fais écho au père Kurgan et son blog http://bouquinorium.hautetfort.com/ qui a retrouvé une vidéo de Claude Seignolle des 60's (d'ailleurs déjà référencée sur http://www.heresie.com/seignolle/, largement documenté sur le maître), pour le moins stupéfiante : http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/CPF11000066/claude-seignolle.fr.html





     

  • Devil's Rock

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    Juiin 1944. Un commando d'Anglais débarque sur l'île de Guernesey pour neutraliser un canon, en vue du débarquement. Les deux soldats proviennent de Nouvelle Zélande, et après avoir traversé un champ de mines qui a manqué de leur être fatal, ils investissent le bunker et posent la dynamite sur la pièce d'artillerie. Fin du film ? Ca aurait pu, si un soldat allemand n'était pas sorti dégueuler et réclamer de l'aide auprès de ses ennemis...
    Les deux hommes s'engouffrent alors dans le dédale de couloirs du bunker, et font de bien macabres découvertes... du sang, des soldats qui se sont suicidés, des corps en charpie...
    Un des anglo-kiwi se fera dessouder par l'unique survivant allemand, un colonel au regard dément, et son partenaire sera fait prisonnier.
    Le soldat allié sent son heure venue quand surviennent des hurlements de femme... Le colonel change d'attitude... cette femme, en réalité un démon, la cause de cette dispersion de tripaille...
    Le colonel est en fait un membre du "Germanorden" (l'amicale des anciens de l'Ahneherbe a posé son veto ?) et il dirige des recherches sur les armes mythologiques... Après avoir découvert un ancien grimoire sur l'île, il a invoqué le démon...
    Voilà, je vous ai bien grillé une bonne partie du film, pour le reste... à vous de voir ! 
    Il faut avouer, que depuis Peter Jackson, la Nouvelle Zélande n'avait pas engendré beaucoup de films gores, et Devil's Rock ne souffrira pas la comparaison. Y a du gore, mais peu d'effets spéciaux, peu d'action gore. Et surtout, c'est la réalisation qui pêche. C'est lent. C'est peu rythmé... Ca colle à l'aspect oppressant de la scène dans le labyrinthe de béton, les couloirs du bunker, mais c'est un passage qui dure 5 minutes... Egalement, une fois entrés dans le bunker, toute l'action s'y passe. Le temps s'arrête, en quelque sorte. Malgré tout, la réalisation manque un peu de rythme sur les séquences d'action. On ne décroche pourtant pas du film, grâce à l'intrusion de l'occulte dans le conflit militaire.
    Comme je le disais plus haut, le film s'appuie sur le service très particulier de l'Ahneherbe (rebaptisé Germanorden, avec une touche de romantisme en plus, puisque ce n'est pas Hitler qui créa cet institut, mais Himmler), mêlant donc occultisme satanique médiéval (un grimoire écrit en latin et en mauvais français...) et nazisme. On sent de la part du réalisateur et du scénariste un hommage vibrant à la littérature et au cinéma qui a abordé le sujet, en mentionnant "la lance sacrée, [...] sur le point de conquérir l'arche de l'alliance, [...] essayé de réveiller les grands Anciens"... Indiana Jones et Hellboy apprécieront le clin d'oeil !! De même, les symboles magiques sont précis et l'énumération de noms de démons est plus complète que ce qu'on est habitué à voir dans d'autres films.
    Voilà qui ravit l'amateur de toutes ces thématiques !! Le fan de pulp !!!
    Au final, Devil's Rock est un petit film sans guère de prétention, pas super réussi non plus, mais qui a le mérite d'aborder des thèmes sympatoches et de rester très honnête !