Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Livre - Page 7

  • C'est dans la Poche ! - Jacques Sadoul

    c'est dans la poche - jacques sadoul.JPG

     

    Je connaissais Jacques Sadoul anthologiste, écrivain, fan de science-fiction, directeur de collection... Mais je méconnaissais son rôle chez J'ai Lu !
    Mon ami Kurgan, revenu d'entre les morts il y a peu, m'a prêté la biographie de Sadoul, dénichée dans quelque puces ou vide-grenier...

    La biographie d'un directeur de collection chez J'ai Lu, ça peut faire peur. Qu'est-ce qu'un mec comme ça a à raconter ? Les interminables réunions où le patron appelle ses subalternes "coco" et demande à Martine de nous préparer un petit café, voulez-vous ? Les palabres pour que finalement Nadine de Rotschild cède les droits de ses bouquins à pas trop cher, afin que les lectrices puissent savoir comment une strip-teaseuse peut arriver à plier correctement du linge de maison ?

    Ben non. Sadoul n'est pas un type qui est sorti d'une école de commerce et qui résonne en marketing et en résultats, en statistiques et en cibles de segmentation.

    Tout au long du bouquin, on se dit que Sadoul arrive là un peu par hasard, ou plutôt par chance (il aime bien ces deux termes). Fan de science-fiction, de bandes dessinées, il s'intéresse, et finit toujours par tomber sur quelqu'un qui croit en lui et le place quelque part... Et là où il est, il arrive à imposer ses passions. Revenons sur la chance... Sadoul a quand même eu la chance émérite de rencontrer Jacques Bergier (les anecdotes sont excellentes) et de devenir son quasi-héritier, et beaucoup d'auteurs de SF lors de rencontres à l'étranger... Tisser de vrais liens avec des auteurs trop ravis d'être publiés en France...

    Sadoul est entré chez J'ai Lu, et on lui doit pas mal de réalisations... qu'elles fussent liées à la SF, ou non. La hantise des vide-greniers et bourses aux livres, Guy des Cars en format poche, c'est de la faute à Sadoul. Barbara Cartland, c'est Sadoul aussi. Mais les collections de SF, Fantasy, c'est lui aussi, et son abnégation. Plus étonnant encore, la collection Librio, c'est lui. Je ne savais même pas que c'était une sous-division de J'ai Lu... Au final, vu les volumes que je possède de cette collection... des Sherlock Holmes, des Jean Ray, des Lovecraft, Machen, Verne... ouais ben ça colle !
    Encore plus incroyable, Sadoul était crypto membre (présent au bureau, mais pas dans l'ours) de Fluide Glacial dans les premières années ! Décidément ce type était partout...

    Une vie professionnelle bien remplie, et riche en rencontres et en idées... Dans la biographie, Sadoul nous raconte comment il a acquis des victoires, des auteurs qui ont fonctionné, d'autres moins, comment le format de poche a su plaire aux lecteurs, pas aux critiques, des fois moins aux auteurs, qui en ont payé le prix quand ils passèrent chez des éditeurs plus classiques... Sadoul n'a pas sa langue dans sa poche et n'hésite pas à lâcher quelques vérités sur certains auteurs ou personnes du milieu littéraire. Au point de vue du monde de l'édition, c'est très intéressant. Intéressant de savoir comment ça marche, enfin comment ça marchait il y a 40, 30, 20 ans, et les facilités et difficultés rencontrées alors... J'ai l'impression qu'il s'agit d'un âge d'or révolu... que les dizaines de milliers d'exemplaires vendus d'un titre semblent inaccessibles pour un écrivain de maintenant (de SF, hein, il y a encore de beaux jours pour les romanciers à l'eau de rose).

    Quand Sadoul s'attarde sur son activité d'écrivain, c'est toujours aussi passionnant. Passion... Oui la Passion selon Satan, son premier livre que j'ai chroniqué dans ce blog... enfin, une version révisée, car Sadoul l'a réécrit entièrement des années plus tard... Ce premier tome des chroniques de R., quand il a été publié, atteint le chiffre record de 92 ventes ! Une belle carte de visite, néanmoins car elle lui ouvrit des portes ici et là, et un succès littéraire au Portugal. Rien de moins.

    Il nous parle également de sa fille Barbara, élevée aux pulps Weird Tales de la collection de papa, spécialiste ès vampires et loups garous, qui publie également des anthologies chez Librio... Un cahier central de photos la représente en compagnie de Christopher Lee... Décidément...

    Bref, ce livre est une mine d'informations, d'anecdotes, de révélations sur non seulement des publications liées au genre fantastique, SF, mais à l'édition même, sur la seconde partie du XXe siècle. Le tout dans un style clair, souvent teinté d'humour et toujours de sincérité (je ne retiendrai pas le blog SF d'un merdeux qui après avoir encensé le bouquin et l'homme, lâche un "le style littéraire est sans intérêt, voire mal écrit", le type même du con qui se prend pour un critique, limite un écrivain lui-même. Va donc, eh connard !), un livre à lire absolument.

    Et dernière anecdote, chose incroyable, Sadoul avait présenté le manuscrit de sa bio à J'ai Lu, qui l'a d'abord rejeté ! Après 30 au service de la boîte, c'est un peu fort de café. Mauvais choix, restriction marketing, ou peur du contenu qui égratigne quelques anciennes gloires, littéraires et internes de J'ai Lu ? En tout cas, la réédition que j'ai lue (hi hi, quand même chapeau le mec qui a trouvé le nom) a bel et bien été sortie par J'ai Lu.

  • Le Château des Carpathes - Jules Verne

    Verne le château des Carpathes.JPG

    Il est des livres assez curieux... Jules Verne qui intitule un roman "le Château des Carpathes"... on pense tout de suite qu'il aura surfé (Jules Verne qui surfe... bah, Abraham Lincoln chassait bien les vampires) sur le succès du livre de Bram Stoker. Seulement... le roman de Verne paraît en 1892, Dracula, 5 ans plus tard. Amusant, non ? Surtout quand l'on sait que le livre de Verne appréhende plutôt pas mal la légende des vampires, en plaçant son action au coeur des Carpathes, dans un château isolé, abandonné par un noble qui ne serait pas revenu de ses errances au travers du monde... (ou alors on ne peut plus se fier à Wikipedia sur les dates de parution des ouvrages)
    Verne n'hésite pas d'ailleurs à donner un ton fantastique, gothique à son récit, après avoir situé historiquement et topologiquement (au mètre près, on sent la recherche préparatoire minutieuse), en énumérant les stryges, balauri, revenants et autres créatures du Chort (ou Tchort), le diable slave. Un terrain propice à un repère de vampires.

    Dans cette province transylvane, un berger, au détour de l'achat d'une longue-vue effectué auprès d'un camelot, aperçoit ce que ses pourtant bons yeux ne purent voir. De la fumée s'échappant de l'ancien château des Gortz, bâtiment pourtant déserté. Après un conciliabule au village, une première équipée sera menée pour tirer l'affaire au clair, et prendre sur le fait des vagabonds qui y auraient élu domicile. Hélas ! cette aventure sera funeste, laissant quasi pour mort l'un des deux courageux (l'autre l'étant d'ailleurs beaucoup moins).

    Une deuxième équipée repartira pourtant. Le comte de Telek, de passage au village à ce moment, ira au château, avec son fidèle Rotzko, espérant ainsi noyer son chagrin de la mort de sa bien aimée, morte parce qu'il estime être la faute du baron de Gortz. Nul doute qu'il verra le fantôme de sa fiancée le hanter, là haut...

    Jusqu'ici, on se croirait dans une intrigue d'affaire de vampire... Et bien non... Jules Verne reste dans ce qu'il sait faire le mieux... de l'aventure épicée de progrès technologique... Le dénouement nous rappelle fatalement du Jean Ray, ce qui aurait pu être une histoire d'Harry Dickson lui-même ! La science au service des malfaiteurs, à simuler ce que des autochtones arriérés considérassent comme de la sorcellerie !
    Une intrigue à la Jean Ray, mais Verne conserve une fin gothique et romantique.
    Il serait intéressant de connaître ce qui a fait qu'à cette époque, des années 1890, deux auteurs s'intéressèrent au mythe magique des châteaux transylvaniens, quels auteurs, quel club littéraire commun, ou... quelle loge maçonnique les conduisirent à de telles inspirations ?

  • Fräulein SS - Kurt Gerwitz

    FrauleinSS.JPG

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    "Un document explosif !! Tout ce que l'on n'avait pas encore osé dire !..."
    C'est ce qui est écrit sur la couv. Rien de moins. Même Minette en est restée toute esbaudie.

    Ah ! Les éditions Gerfaut ! La seule maison d'édition qui a osé dévoiler des documents on ne peut plus véridiques, sur les agissements sexuels des jeunes hitlériennes, ou sur les exactions nazies (et bolchéviques, comme ce jeune tovaritch qui n'hésita pas à trombiner une lépreuse, dans Ouragan sur Kiev, raconté par Hans Klüber), dans un pur souci historique. Merci Gerfaut, maintenant nous connaissons la vérité. Et elle fait peur. Elle donne envie de voter pour des gens qui ont un patronyme de pays !!!

    Ah ah ah ! Ah là là, non mais alors, qu'est-ce qu'on rigole ! Ah Gerfaut... plus putassier, hein... Sous couvert de faits historiques révélés, des excuses en fait pour raconter des histoires de guerre, de batailles, bien arrosées de cul et de sadisme... sapphisme, domination, sur fond de rafales de MP40. Réjouissant programme !! Une heure à tuer, hop, un Gerfaut ! Lecture facile, histoires prévisibles, et toujours ce petit fond de luxure... et à y rajouter, un ton généralement assez cynique envers l'ordre militaire... on n'est pas dans du Sven Hassel à ce niveau là, mais les Kurt Gerwitz, Hans Klüber... des prête-noms de tâcherons anarchistes à la solde d'éditeurs peu scrupuleux, paraît même que Klüber (Enrique Sanchez Pascual de son vrai nom, olé !) arrivait même à écrire un tome en une journée !! Une recette éprouvée dirait-on...

    Revenons en rapidement à Fraulein SS. Un titre qui déjà fait marrer tout le monde, vu que les rangs des SS n'étaient pas ouverts aux femmes... enfin, mettons de côté les auxiliaires, mais bref. Notre mademoiselle SS ici, c'est Erika, une jeune fille en fleur qui n'a qu'un amour, Adolf. Un amour tel, qu'elle fera son possible pour le rencontrer et qu'il lui sussure Mein Kampf dans le creux de l'oreille... Tout à fait sérieux, n'est-ce pas ? Ah ah. Autant qu'était sérieux Inglorious Bastards, ou même Inglorious Basterds. Ouais, Tarantino a fait un Gerfaut, quoi. Je parie qu'il ne le sait même pas ! Mais ses aînés, tâcherons italiens enchainant les tournages pour gagner leur croûte, passant d'un western à un film de zombards, d'un film érotique à moustaches à un film de guerre, ils ne furent que les pendants cinématographiques des auteurs de Gerfaut !

    En tout cas moi ça m'éclate, ce genre de trucs. On sait où on va. Euh, moi je sais où je vais, mais certains ? En faisant quelques recherches sur internet, je suis tombé sur le blog d'un... ben d'un con, voilà. Un mec qui a cru que c'était sérieux... Un mec qui tombe sur le bouquin au hasard dans une bourse aux livres (un peu comme moi en fait), et qui y croit à mort, sur le coup. Le mec, tout de même un peu dubitatif, écrit "Je me lance dans une investigation", dans sa note, pour ensuite débiner l'auteur et partir dans une diatribe contre ce qu'il considère comme des communistes, en gros. Il y va même de détails du mec qui s'y connait : "Ce mécanisme en psychologie est connu sous le nom d’inversion accusatoire. Elle consiste à projeter sur ses victimes, ses propres tares ou déviances."
    Inversion accusatoire. Bon, à lire le blog, on comprend vite où se situe le mec au niveau politique, et ce qu'il cherche à défendre. Il réussit même à avoir un commentaire de quelqu'un à qui on a forcé ("on", ben un communiste en fait) à lire un de ces livres, quand la "victime" avait 10 ans.
    Ben mon cochon, il est où le libre arbitre là dedans ? Y a personne pour être assez malin pour comprendre dès la couverture (en général bien dans le ton du bouquin) de quoi il en retourne ? Personne pour s'interroger sur les évènements pas toujours raccord avec la vraie Histoire ? Personne pour mettre en doute ces bouquins (plus que les livres d'Histoire officielle qui par moments, sentent la mauvaise foi !) ? Et surtout personne pour se dire après avoir refermé le livre "tiens c'était sympa ce truc, je vais voir si je vais m'en trouver un autre, si possible encore plus débile" ?

    Alors, si ces gens là avaient maté Inglorious Bastards (de Castellari, laissons tomber Tarantino), ils n'auraient pas marché. S'ils avaient lu une bédé Elvifrance, ils n'auraient pas marché. Mais par contre un livre, tout de suite, c'est plus respectable, là on ne fait pas marcher sons propre sens critique ?
    Quelle bande de glands... Je ne vous mets pas en lien le blog de l'autre couillon, j'ai pas envie de lui faire de la pub. A Gerfaut, si. Parce que c'est du pulp, et moi j'aime bien le pulp !!

    gerfaut c'est pas des histoires vraies.JPG
    "Sans déconner ? C'était pas une histoire vraie ??"

  • L'Antizyklon des Atroces - Georges J. Arnaud

    Derrière ce titre au jeu de mot tiré par les cheveux, se cache un épisode du Poulpe.
    Il est temps pour moi d'aborder la série du Poulpe, que beaucoup connaissent par l'adaptation cinéma qui date d'une quinzaine d'années.

    Le Poulpe, c'est une série policière initiée en 1995 par Jean-Bernard Pouy, qu'il a ensuite laissée à qui veut écrire un épisode, pourvu que le cahier des charges soit respecté : Le Poulpe, surnom de Gabriel Lecouvreur, à cause de sa grande taille et de ses longs bras (prière de le mentionner plusieurs fois par épisode). Il traîne dans un rade, le Pied de Porc de la Sainte Scolasse, et ça doit se chambrer entre les habitués et Gérard, le patron, un tantinet demeuré. Le Poulpe y trouve les enquêtes dans lesquelles il va s'engager, enquêtes qui doivent le mener partout en France, et même à l'étranger. Il a une copine, Chéryl, qui tient un salon de coiffure, mais en dehors de quelques échanges, elle n'a pas un rôle très important, puisqu'elle est toujours débordée.
    Autre règle importante, le Poulpe doit boire de la bière, et pas de la Kro, hein, faut y aller de la bière de trappistes et rajouter du détail, du rituel, c'est important.
    Ensuite, pour ses enquêtes, le plus souvent non payées, le Poulpe doit régulièrement se fournir niveau faux papiers, artillerie, chez un anarchiste espagnol ayant fui Franco. Le commissaire Juve du Poulpe c'est Vergeat, et les deux doivent se tirer la bourre autant que possible.
    Et ah oui, un des éléments essentiels des enquêtes, c'est que les méchants doivent toujours être liés à des milieux d'extrême droite, et inversement. L'ennemi c'est la droite, faut taper dessus, quitte à donner un peu dans la science-fiction (dans l'Amour tarde à Dijon, c'est un yakuza qui s'acoquine avec des nervis d'extrême droite pour faire ses sales besognes...) ou assez gnéralement, dans la mauvaise foi la plus complète.

    Chacun peut écrire un Poulpe, en respectant ces données de base, et le plus souvent, en incluant ses propres influences. Ca donne du bon, et parfois du mauvais (Touche pas à mes deux seins de Martin Winckler, à la base un médecin, qui forcément parle de son art, et qui transforme un épisode en plaidoyer pour sa paroisse). Les auteurs sont souvent issus du roman policier, et parfois journalistes, réalisateurs, ou comme dit précédemment, médecin... mais sont toujours à gauche toute.

    Ici, nous avons Georges J. Arnaud qui s'y colle. Je ne sais pas s'il a trouvé le jeu de mot en premier (ah oui j'ai oublié. Jeu de mot obligatoire pour le titre ! C'est dans le cahier des charges) et bossé l'histoire après, ou l'inverse. Cette fois, le Poulpe va être engagé par un ancien déporté pour enquêter sur les dessous d'une sale affaire. Pendant la guerre, une entreprise française sous-traitait pour l'IG Farben, dans la fabrication du fameux gaz insecticide ! Fermée depuis, il semblerait que des bidons se baladent dans la nature... et dans les villages proches de cette usine (qui semble un fait avéré), un mec louche aimerait bien faire revivre le troisième Reich et gazer les ennemis de la cause.
    Survivances de la deuxième guerre mondiale, extrême droite, infiltration des milieux politico-policiers, complot, on nage dans les heures les plus sombres de notre Histoire avec tout ça, et le Poulpe va mettre une gauche dans la fourmilière.

    Cet Antizyklon est un bon épisode du Poulpe, avec un sujet vraiment too much, mais c'est aussi pour ça qu'on aime la série !

    Poulpe(vivant).jpg

    Poulpe. Photo non contractuelle.
    Je dois racheter des piles pour mon appareil, alors en attendant,
    faudra se contenter de photos trouvées sur internet, plus ou moins en rapport !

    Allez, en sus, pour ceux qui n'auraient pas vu le film avec Jean-Pierre Darroussin, voici la bande annonce, ce film vaut des points, vraiment :

     

  • Mad Max 2 - Philippe Manoeuvre

    Max Rockatansky, le guerrier de la route... A bord de sa fidèle Interceptor, il pourchassait le gang des Aigles de la route... Puis le drame familial, et la guerre mondiale qui est tombée... Que reste-t-il de Max, le policier qui a décidé de changer de vie ?
    Dans Mad Max 2, notre héros est un anti héros, errant sans but, sans gloire, sur les routes infestées de bandes de sauvages, en quête comme lui du précieux carburant. Par un concours de circonstances, Max va s'allier à des survivants, retranchés dans leur enclave, forteresse produisant du carburant, à l'abri des assauts du Seigneur Humungus...

    Un laïus que tout le monde connaît, j'espère bien. Mad Max 2 est un film tellement puissant et choquant même... Cette vision ultra pessimiste du monde post apocalyptique, où l'homme est retourné à la sauvagerie, massacrant pour quelques gouttes d'essence... Un fantasme dans les années 80, bientôt une réalité en 2012 ? Un conseil les gars, trouvez-vous une maison avec jardin, faites un potager, élevez des poules, et procurez-vous un bon fusil... Il faudra bientôt défendre ses poules contre les renards de la forêt et les loups affamés de la ville... Digression à part, Mad Max fait partie des films qui étaient des fantasmes pour moi étant gamin, comme Conan le Barbare. Une photo alléchante dans Télé 7 Jours, mais un joug parental qui imprimait son veto sur la soirée... Quand un soir, mon père, tenant fermement la télécommande avait zappé, pendant la coupure pub, ou la scène un peu trop osée du film que l'on regardait, quelques images de Mad Max 2, l'enfant sauvage sur le capot, en quête de cette cartouche, les battements de coeur, et la surprise de la gueule de Wes, punk hurlant, et puis zapping de mon père. Argh !! Quelques années plus tard, je pus enfin voir le film en intégralité, et il reste encore un film phare pour moi.
    Du coup, ben j'ai lu le bouquin.

    mad max 2 livre.JPG

    Vous pouvez lire sur la couv "scénario de George Miller & Terry Hayes", mais c'est surtout le "adaptation de Philippe Manoeuvre" qu'il faut retenir. Le Philippe Manoeuvre d'il y a 30 ans, hein, quand avec son pote Dionnet il était un chantre de la culture SF, bédé, musique rock avec du Metal dedans, pas l'espèce de rebelle sur le retour comme il apparait aujourd'hui... Adaptation, oui, enfin peut-être il a eu le scénar entre les mains, mais pour le coup, cette "novelisation", le gazier décrit le film comme il se déroule. Il a dû avoir une version en VHS à l'époque, pour pouvoir regarder et écrire en même temps ! A une époque où l'on peut faire une pause de l'image sur son ordinateur, d'une copie DVD promo en direction des journalistes, copie qui irrémédiablement finit sur les réseaux internet, se replonger en 1983 pour s'imaginer comment Manoeuvre a fait pour rédiger cette adaptation... Une autre époque quoi.
    Alors oui, pas de surprise. Le livre se lit quasi d'une traite, et pas besoin de s'imaginer grand chose, les images du film reviennent à chaque page.

    mad max 2 2.JPG


    Les seuls éléments qui vont au-delà de la simple évocation d'images, et c'est peut-être du fait que Manoeuvre a pu avoir le scénario en main, sont l'introduction, qui renvoie vers le destin de Fifi, ancien chef chauve de Max et amoureux des plantes, dans un univers où la guerre nucléaire a créé des mutants, et une description plus complètes des différentes bandes de sauvages qui ont rejoint Humungus. Les Iroquois, les Amocheurs Fous, les Gay Racleurs, ralliés à la cause de "l'Ayatollah des Rock and Rolleurs" (??? faut-il voir un rapport avec l'Ayatollah du Rock n'Roll, Mario Van Peebles dans le Maître de Guerre de et avec Clint Eastwood ???)

    Manoeuvre appuie aussi le côté barbare des méchants en les décrivant comme complètement drogués par du speed et autres amphéts... Touche "personnelle", connaissant la bête... Mais c'est vrai que ça ne fait qu'accentuer la psychologie des bad guys, comme dirait l'autre, c'est pas faux.
    Enfin, Manoeuvre approfondit la psychologie de Max en lui rappelant son passé, celui de flic, et le sort de sa femme et de son fils, qui l'ont conduit à une errance amnésique sur la route. Des éléments qui aident le lecteur qui n'aurait pas vu le premier film.
    Malgré tout, cet anti héros n'a guère besoin qu'on explicite son passé, il se suffit à lui-même. Il est le guerrier de la route ! Rien d'autre n'importe. 

    L'édition illustrée J'ai Lu inclut pas mal de photos tirées du film, en noir et blanc, sur une ou deux pages, de superbes illustrations d'un film culte. Il n'y pas grand chose à dire de plus !!!! Le bouquin n'apporte rien, mais ça reste un plaisir à lire, ça ne donne qu'une envie, faire péter le DVD et se remater cette putain de scène d'assaut sur le camion citerne !!! Mad Max !!!!!!

    humungus.JPG

  • La Passion selon Satan - Jacques Sadoul

    On doit beaucoup à Jacques Sadoul, des anthologies érudites sur les pulps comme Weird Tales, Fantastic Stories, Unknown... qui nous ont révélé des grandes plumes comme d'autres secrets bien cachés, mais également des participations à la fabuleuse collection J'ai Lu l'Aventure Mystérieuse... Avec Jacques Bergier, il est un peu l'un des pionniers à avoir découvert et fait découvrir en France nombre d'auteurs de SF et d'Heroic Fantasy. Un demi-dieu, en somme. Un mec qui doit avoir une bibliothèque à se damner... M'étonnerait même pas qu'il apporte le parchemin et le stylet pour justement signer cette damnation...

    Pourtant il aujourd'hui est moins connu pour sa propre production romanesque fantastique... débutée par La Passion Selon Satan, écrite quand il avait 25 ans.

    passion selon satan.JPG

    Un roman de jeunesse, qui pourtant est le début d'un "cycle" (j'ai horreur de cette appellation), complété des années plus tard. Heureusement, ce tome se lit sans suite immédiate.
    Roman de jeunesse, certainement car on sent les influences, et les hommages. Roman de jeunesse, mais roman documenté tout de même. La table des matières se découpe de manière planétaire, alchimique et ésotérique... L'alchimie, la magie, voilà le sujet du livre. En France, fin des années 50, une jeune fille, Josette, se suicide. Oui, Josette, bon ça change du bourgeois anglo-saxon dans une ville balnéaire de Nouvelle Angleterre, hein. Au travers de son journal intime, et celui de son curé de confesse, la première partie retrace son histoire, sa curieuse métamorphose, l'emprise qu'a le mystérieux Joachim Lodaüs, sorcier immortel régnant sur le domaine de R. sur Terre, et dans les enfers des Hautes Terres du Rêve.
    Une première partie qui est complètement dans une veine Lovecraft. L'Affaire Charles Dexter Ward, ça vous dit quelque chose ? L'hommage rendu par Sadoul.
    La deuxième partie est différente. Changement de personnage, et d'espace lieu et temps... Voici Didier, l'ami de Josette, aidée par le démon Mylène. Alors oui, Sadoul est resté français jusqu'au bout hein. 1960 en même temps.
    Pour cette deuxième partie, on rompt avec l'ambiance Lovecraft, bien qu'on le retrouve quelque peu avec les chats d'Ulthar. D'ailleurs, le compagnon du sorcier n'est autre qu'un chat échappé du monde des rêves ! Mais ce monde des rêves me rappelle largement plus l'univers dans lequel la Jirel de Joiry de Catherine L Moore est plongée !! Avec un gros soupçon d'Edgar Rice Burroughs, façon Pellucidar. Nos héros échappent d'un piège pour tomber dans un autre. Une sacrée aventure !
    La troisième partie se déroule dans un style épistolaire et narratif, en faisant intervenir deux jeunes femmes, Marthe et Hélène, ainsi qu'un ancien dieu typiquement lovecraftien...
    La quatrième partie dévoile la confrontation du bien contre le mal, et le rôle plus actif du sorcier, dans une quête onirique et magique...

    Evidemment ce premier jeune roman n'est pas un chef d'oeuvre, mais il se lit sans déplaisir, au contraire même ! On sent la jeunesse de l'auteur, mais également ses références, déjà citées, auxquelles j'ajoute le lapin d'Alice, ou plutôt de Lewis Carroll ! Une oeuvre très respectueuse de ces aînés, un bel hommage, et à replacer dans son contexte, Jacques Sadoul est resté dans cette branche au fil des années, celle du Fantastique, que nous affectionnons tant. Gloire !

    Argh... en même temps que la rédaction de cette chronique, quelques recherches rapides sur internet m'ont emmené vers une étude du livre un peu plus poussée que la mienne, par un type largement plus éminent... eh eh, je n'avais pas prévu de rédiger la chro de la même manière, toute ressemblance est donc... fortuite ! Mais les grands esprits se rencontrent, dirait-on, puisque les auteurs cités sont les mêmes...
    http://www.noosfere.net/Icarus/livres/niourf.asp?numlivre=2146566245

    PICT6194.JPG