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Livre - Page 6

  • Les Archives de Jules de Grandin - Seabury Quinn

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    Le nom de Seabury Quinn n'est pas inconnu des lecteurs de Weird Tales, du moins, les fans de ce magazine, on aura pu lire une nouvelle dans Les Meilleurs Récits de Weird Tales du regretté Sadoul, et voir le nom revenir plusieurs fois dans les influences diverses des jeunes écrivains publiés dans les pulps de l'époque.

    Seabury Quinn, dont personne ne semble s'être posé la question si c'est un pseudonyme, non mais "Seabury", enselevi dans la mer ?? Ca fleure bon le Lovecraft ça ! Tout un programme ! Mister Quinn donc, est connu pour son héros, Jules de Grandin. Un Français avec une petite moustache, tour à tour professeur, policier, envoyé aux Etats-Unis, flanqué de son fidèle ami et faire-valoir Docteur Trowbridge, résoud des enquêtes qui dépassent complètement les policiers, comme ce fieffé Irlandais de Costello, qui hésite peu avant d'aller demander de l'aide à ce détective... Le trio nous fait évidemment penser au Holmes de Conan Doyle, avec quelques subtilités en plus. Le fait qu'il soit français et moustachu, s'exprimant souvent dans sa langue natale, avec des jurons comme "nom d'un fusil !" et mon préféré : "nom d'un chou-fleur !" nous rappellera Hercule Poirot, créé quelques années avant les aventures de Grandin (dont les nouvelles paraîtront à partir de 1925), et l'aspect fantastique, voire occulte, nous renvoie à Harry Dickson lui-même.

    Toutefois, la différence avec Harry Dickson est que l'aspect fantastique n'est pas qu'un simple tour de passe-passe dont les ficelles sont dévoilées à la fin. Ici, quand il y a un fantôme, c'est bien un fantôme, idem pour un mort-vivant... et de Grandin n'est pas qu'un détective qui pérore pour finir par siroter un thé dans un fauteuil cosy. Il n'hésite pas à tailler dans le vif, à se battre contre un énorme serpent, contre un mort-vivant, contre des ghoules... Doté d'une solide connaissance de l'occulte, il saisit vite la nature du mal à combattre, et se montre très persuasif à trouver les armes qui vont l'épauler.

    Dans cette collection de nouvelles, la trame est assez souvent la même. Un nouveau drame, une enquête, l'élément fantastique, de Grandin disparait, revient les bras chargés d'armes magiques ou pas, défait le mal, et explique tranquillement à ce benêt de Trowbridge, narrateur des histoires, le pourquoi du comment.

    Les histoires sont assez croustillantes, peu avares de détails morbides sur les meurtres et sur les créatures cauchemardesques. Pour 1925, c'est presque osé. Signe d'une époque, de Grandin est un poil misogyne avec les femmes des enquêtes, eh eh. Et surtout, assez bourrin dans la résolution des affaires. Est-ce parce que l'auteur est américain ? En tout cas on retrouvera ce goût pour la résolution brutale des crimes chez Robert Howard, avec ses héros Steve Harrison et autres Costigan et Gordon.

    Jules de Grandin, un vrai plaisir, à peine suranné, de littérature pulp !!

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  • Slash

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    Slash ! Les Guns n'Roses ! Mon entrée dans le merveilleux monde du Rock Sauvage, Lourd, Puissant, la meilleure musique au monde, quoi. Slash sur les photos dans les Hard Rock Mag de l'époque, cet espèce de mec nonchalant dont on voyait jamais vraiment la tronche... qui te posait des solos énormes quand ce n'était pas des riffs bien graisseux... aidé par un Steven Adler à fond à fond, et un Duff avec une basse bien chargée elle aussi...

    Un copain a lu la bio et me l'a synthétisée en ces quelques mots (repris du bouquin en fait) : Slash raconte qu'il était dans sa piaule avec Izzy et ils se tapaient une nana. Izzy se retire avant d'exploser, mais trop tard ! La précieuse semence gicle sur la cuisse de Slash. Dégoûté, le mec se dit "il faut qu'on trouve un endroit plus grand".
    Autant vous dire que j'ai été conquis rien qu'avec ça.

    Alors bien sûr, j'ai choisi la version originale en anglais, pour les raisons évidentes de qualité de papier, de reproduction des photos, d'un texte qui n'est pas traduit avec les pieds, et d'un prix tout à fait correct. Ca fait pas marcher le commerce local, mais, eh ! c'est pas parce qu'il y a un monopole qu'on doit accepter la médiocrité, hein !
    L'ennuyant, l'emmerdeux, avec les versions originales, ce sont quand même les termes typiquement ricains, parfois pas évidents à saisir, ici surtout liés à l'argot, plus qu'au style littéraire enlevé. Mais honnêtement, tout est compréhensible et si on ne peut pas tout traduire au poil de cul près, l'essentiel est capté. Après, pour ceux qui ont glandé à l'école, ben... tant pis pour vous, hein. On ne pourra pas sauver la terre entière. Vous avez eu votre chance, vous êtes passés à côté, j'y peux rien.

    Bon bref, qu'est-ce qu'il a de beau à nous raconter notre bon Saul Hudson, alias Slash ? des groupies enfilées par milliers dans des tour bus, des autoroutes de coke snifées avec du bourbon pour humecter les muqueuses ? du pognon à n'en plus finir et une vie de patachon ?
    Ben... la drogue ouais. A fond. Il en parle beaucoup. Il a fait que ça, en fait. Et il a retenu que ça, on dirait. Nous y reviendrons plus tard.

    Slash est le fils d'un couple de bobos artistes anglais, un père peintre et une mère créatrice de costumes, qui a suivi David Bowie sur plusieurs tournées. Enfant, Slash a croisé pas mal de stars des 60's, de Bowie au Stones... mais ça ne l'a pas vraiment impressionné, il baignait là dedans, c'étaient les collègues de boulot de maman.
    Le premier véritable amour de Slash, c'est le BMX. Ca et pas trop foutre grand chose à l'école, déjà peu intéressé par la comptabilité et la gestion managementiale, il préfère les serpents et les voler au magasin. Les reptiles, deuxième amour. Le troisième (ou quatrième, je ne sais plus...) amour, c'est la guitare (ou la drogue, enfin ça arrive en même temps). Là, il en perd son latin, il oublie les filles pour se consacrer à cet instrument de musique, qui ne va plus le quitter. Après, ben il rencontre d'autres gars, il va fonder Guns n'Roses avec la clique, dans une suite de concours de circonstances qui semblent couler de source, mais paraissent tellement fous quand on lit ça. Quand soi-même on n'a jamais trouvé vraiment de groupe, jamais croisé les bonnes personnes, on se demande comment pour eux, c'est arrivé si simplement.
    Slash ne nous raconte pas trop les à côté, hormis qu'Axl n'avait pas de toit et dormait chez sa grand-mère et n'a pas été très poli avec elle, que Duff retournait avec sa copine tous les soirs, que Steven se défonçait... et finalement, on arrive à la drogue. Slash est un des pires junkies de l'histoire du rock. Et là, à moitié du bouquin, on se dit : "merde c'est chiant". Ouais, Slash, c'est pas Motley Crue pour qui la défonce a eu un côté too much, over the top, bigger than life, là non, hormis quelques anecdotes, comme passer les douanes sud américaines avec un pochon de poudre oublié dans le blouson, ou les débuts, placé en détention parce que le mec qui était avec lui en bagnole avait une seringue, Slash a commencé à se racler les ongles avec les dents, car il avait du vernis noir et "pas moyen que j'aille en prison comme ça". Eh eh. A part ça, on apprend que la vie de Slash dans les Guns, c'était poser des riffs, casser des trucs, aller dans la salle de bain, se shooter, boire un demi gallon de vodka et s'endormir sur un canapé. Youpi. Paie ta vie de rock star.

    Heureusement, le bouquin reprend un peu d'intérêt quand il essaie de décrocher. Et commence à se rendre compte qu'Axl pète vraiment les plombs et y a plus moyen de le raisonner, et surtout d'encaisser ses conneries. Mais trop tard, le blondinet a déjà tout verrouillé. Il fait virer tout le monde.

    Pour Slash, une période un peu creuse arrive, pourtant durant laquelle il joue, écrit avec des sommités. De Michael Jackson à Lenny Kravitz, en passant par les Stones ou Alice Cooper, il est investi dans plusieurs projets. Ca lui fait plaisir, mais surtout, c'est jouer qui lui plaît. Les stars, il s'en branle. Trop défoncé pour ne pas s'en foutre. Et puis quand il était gamin, il sautait sur les genoux de Mick Jager, hein (heureusement pour lui que ce ne fut pas sur ceux de Gary Glitter !!). Slash finit par retrouver ses potes des Guns pour fonder Velvet Revolver, et retrouve la passion qui l'a animé.

    Bon, c'est bien, mais c'est pas non plus formidable. J'en ressors avec le sentiment que le mec a perdu une bonne partie de sa vie avec la drogue, et qu'il a pas chopé ce qu'il a conquis. Finalement c'est un musicien qui a eu du succès, mais ce n'est pas une personnalité véritablement intéressante. En tout cas, ce n'est pas ce qui ressort de sa bio. Le crack l'a rendu cinglé, à voir des lutins monter sur lui, il a acheté un flingue pour les buter, mais en dehors de ça... un super musicien, c'est sûr. Mais l'âme pleine de folie, c'est Axl. Enfin j'imagine, mais c'est pas Slash en tout cas. Même ses prouesses de rock star, bon il en tait pas mal, mais bon, c'est pas exceptionnel non plus. Une actrice porno par ci, un mannequin par là, mais bon... rien d'incroyable non plus quoi.

    L'essentiel de la bio, du milieu/fin des années 70 jusqu'au milieu des années 90, c'est un marqueur temporel de ce qui arrivait aux rock stars, aux gens qui ont flirté avec le diable appelé Rock. On sent d'ailleurs la différence. Quand l'industrie s'est pétée la gueule. Quand ils ont commencé à ne plus rien vendre. Quand les requins des maisons de disques ont viré leurs employés et groupes par dizaines. L'ère des technocrates est arrivée. Les saladiers de coke ont été rationnalisés par des mecs qui ne pensent qu'en chiffres et en courbes graphiques.

    Quant à Slash, j'ai pas accroché à son Velvet Revolver. La bio se terminant vers 2007, je me rends compte que je ne sais même pas de ce qu'il en est de son groupe. Pour moi, c'est de 1991 à 1993, il est ancré dans cette époque. Ses photos récentes m'ont fait peur. Bigre ! on ne sort pas indemne de toxicomanies additionnées. Je vais me remettre Lies, tiens. Viva 1991 !

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    Slash au début des 90's

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    Slash en 2012

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    Slash en 2020

  • Compendium of Death the art of Mark Riddick 1991-2011

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    Mark Riddick est, avec d'autres illustrateurs comme Joe Petagno, Dan Seagrave, Chris Moyen, ou plus récemment Sickness666, Daniel Desecrator, Putrid, un des incontournables de la pochette d'album Metal d'aujourd'hui, et à plus proprement parler, de pochettes Death Metal, même si on trouve un lot de pochettes Black Metal. Mais au vu de la production... Mark Riddick est un stakhanoviste, et ce livre retrace vingt ans d'illustrations, pochettes, flyers... sur près de 600 pages. Et encore, tout n'y est pas.

    Après quelques pages d'ouvertures où Mark explique son parcours, ses influences, il n'y quasiment plus de texte. Que des images. Ses premières armes, encore jeunes, mais qui dévoilent un talent à venir... les flyers, pages de son fanzine de l'époque, pas mal de photos de lui étant ado (bon il a la même gueule et la même coupe de cheveux vingt ans plus tard, hein) et même de son gamin, c'est normal, Mark Riddick est américain.

    Le gros du bouquin, une accumulation de mort. Un enchainement malsain d'images de cadavres, torturés, torturant, bêtes sataniques, zombies régurgitant boyaux... Un étalage morbide à chaque page.

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    Cet épais bouquin est édité par un label tchèque, Doomentia Records. Pendant ce temps, en France, on va publier la quarantième bio de Metallica, vue par un journaliste français qui les a suivis lors d'une tournée en 1992... plusieurs études sociologiques pour mieux déterminer qui sont les fans de Metal et s'acharner à prouver qu'ils ne sont pas dangereux, mais bien intégrés dans la société, inoffensifs... Mais imprimer un bouquin d'illustrations d'un mec qui fait des pochettes de disques, faut croire que c'est pas assez Metal...

    Un peu plus d'infos sur l'art de Riddick (on ne va pas parler de chroniques !!) :
    http://riddickart.com/

    Et le bouquin est disponible en France ici :
    http://www.forgottenwisdomprod.com/catalog/product_info.php?products_id=4126&osCsid=9c2e52f30d9aa52dc977d5b1803728ef

  • Anno Dracula - Kim Newman

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    En 1888, à Londres, le comte Vlad Drakul, alias Dracula la praline, euh, la canine, pardon, a échappé aux pieux de Van Helsing. S'imposant à la cour de la reine Victoria, il parvient même à l'épouser. En cette fin de siècle, dans la jet-set, être un vampire, c'est bath. C'est in. Le fin du fin de la dernière mode. Evidemment, les besoins en hémoglobine étant ce qu'ils sont, l'atmosphère devient assez vite insalubre... les remugles de la Tamise sont une bouffée d'huiles essentielles, à côté de ça. Heureusement, dans l'ombre, un mystérieux inconnu décime les rangs des prostituées vampires...

    Voilà la trame du premier tome d'Anno Dracula. Le Baron Rouge Sang nous propulse un peu moins de trente ans plus tard, en pleine guerre mondiale, où s'affrontent dans les airs les nouveaux chevaliers, les as, contre des vampires ailés... Le troisième tome, le Jugement des Larmes nous renvoie fin des années 50, dans un monde un poil réconcilié, où les vampires gradent une place dans le gratin mondain, et où l'on rencontre des agents secrets vampires au service de sa gracieuse majesté...

    Le topo est clair. L'auteur Kim Newman place les vampires dans une époque, en mélangeant tous les protagonistes de la dite époque, dans un seul et même scénario. Un crossover gothique pour le premier tome, où Jack l'éventreur croise le Docteur Jekyll, collègue du Docteur Moreau... Ceux qui ont aimé la Ligue des Gentlemen Extraordinaires ou même Van Helsing devraient apprécier cette grande réunion de famille... le côté comics en moins. Un crossover fin XIXe siècle qui pourrait sentir le réchauffé, le sujet est porteur, pourtant ça fonctionne. Transporté en 1918, le baron Richthofen est une créature ailée armée de mitrailleuses, chasseur dans des duels aériens avec les humains, et on y croise Edgar Poe, Mata Hari, Jules et Jim... qui est vampire, qui ne l'est pas, quels sont leurs rôles ? Tous en ont un. Et enfin, en 1959, quelle est la place des vampires dans Hollywood ? De quel côté se situe Orson Welles ? Et pourquoi Bond est-il un vampire ?
    Il semblerait qu'un nouvel épisode soit en cours d'écriture, "Johnny Alucard". Mais depuis la parution des trois premiers tomes, de 1999 à 2001, on peut se demander si celui-ci verra le jour.

    J'avais eu les deux premiers tomes il y a dix ans, lors de leur parution en poche. Vous avez bien compris que j'avais adoré, et dévoré ces romans bourrés de clins d'oeil à toute la littérature du genre, et à l'Histoire, recentrée autour de la possession du pouvoir par les vampires, uchronie complète, le pendant fantastique à Fatherland de Richard Harris où les nazis avaient finalement gagné... Quelques années plus tard, j'ai découvert l'existence du troisième tome, mais j'avoue avoir moins accroché sur celui-là... aurais-je dû relire les précédents pour me remettre dans le bain ? Est-ce que l'effet s'était émoussé ? Ou est-ce la période, a priori pas la plus romantique pour envoyer des vampires, dans un univers où justement le thème des vampires a été usé jusqu'à la corde au cinéma et dans la littérature ? Bah, Dracula 73 est quand même pas si mal, eh eh.
    Bon, j'aime prendre une oeuvre dans son ensemble, et malgré cette baisse de niveau, je reste sur une bonne impression, et vous conseille donc cette trilogie.

    Et quand on voit la tronche de Kim Newman (qui est un homme, ceux qui fantasmaient en pensant à Kim Wilde peuvent remballer), on comprend que les vampires, c'est vraiment son truc, à hauteur égale de son autre cheval de bataille, l'administration et la comptabilité.

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    Kim Newman, croisement de Brad Pitt et de Pierre Bellemare

  • Le Tonnerre de Dieu - Bernard Clavel

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    Léandre Brassac est un paysan sur le déclin, qui aime venir à Lyon pour écluser des godets. Dans le présent bistro, on lui présente Simone, une gagneuse. Brassac a beau avoir l'esprit étourdi par l'alcool, il a l'oeil qui frise, et il embarque la jeune fille, mais pas dans sa chambrette. Non il l'emmène chez lui.
    Chez lui, à Loire. Simone se laisse emmener, comme avec n'importe quel client, elle ne fait plus attention malgré son jeune âge dans la profession. Mais quand elle se retrouve après plusieurs heures de train dans un coin de campagne où elle n'a guère l'habitude d'aller, loin des troquets où elle cherche ses michés de la nuit, elle perd ses repères.
    La femme de Brassac l'attend, sans rien dire. La jeune fille, qui est la narratrice du roman, à la première personne, ne sait pas trop quoi faire, mais elle se laisse guider. Après tout, Brassac a de la gouaille mais il n'est pas méchant. Et il a payé. Elle passe la nuit dans un bon lit, aux draps frais et parfumés. Elle se souvient d'une autre vie, quand petite fille, chez sa grand-mère les draps avaient la même odeur.
    Et puis Brassac a des chiens qu'il chérit. Un homme qui aime les bêtes... et sa femme qui ne dit toujours pas grand chose et ne la juge pas, avec son corsage insolent. Simone veut partir, mais la femme de Brassac préfère qu'elle attende son retour, avant de les quitter. Le fourneau est chaud, on n'est pas si mal ici, alors Simone reste. Et Simone va vraiment rester et s'installer. Devenir la fille que Léandre et Marie n'ont pu avoir. Et même si Brassac a l'alcool un peu bougon, voire carrément insultant pour sa femme au ventre stérile, il reste un homme bon, un homme qui lâche les chiens sur le souteneur Marcel, revenu chercher son outil de travail.
    Il fait aussi découvrir à Simone la terre, les paysages, le vent qui souffle en haut de la vallée. Ce pays dur, mais où l'on se sent vivre, plus que dans les rades enfumés de la capitale des Gaules.
    Quand Simone fait la connaissance de Roger, le voisin, l'amour naîtra, et leur union apportera au couple Brassac ce qu'il leur aura toujours manqué.

    Le Tonnerre de Dieu est un roman assez court (125 pages en poche !) de Bernard Clavel, lors de sa période lyonnaise, en 1958. Une fresque de vie, des paysans sur leur terre, opposés à la grande ville, un couple à qui il manque des enfants, et une jeune femme, devenue pute par la force des choses, après que son unique parent a décédé. Finalement, loin du progrès, de la civilisation dégénérée, le bonheur revit...

    Vous aurez noté sur la photo de couverture, le visage de Jean Gabin. Car oui, ce roman de Clavel a été adapté pour le cinéma, avec monsieur Moncorgé dans le rôle de Brassac. Ni une ni deux, après avoir terminé le roman, je suis parti en quête du film.

    Le film de 1965, réalisé par Denys de la Patelière, reprend la trame générale du livre, mais se permet plusieurs adaptations. Le cadre change. Ici, on est à Nantes, et non plus Lyon. Brassac, s'il arpente les bistros en quête de mines qui lui font oublier (un peu) sa misanthropie, reste un vétérinaire reconnu, et en plus de ça, châtelain rentier, le père ayant racheté des vignes au bon moment. On est loin du paysan de Clavel qui survit plus qu'il ne vit.
    La jeune prostituée, Simone, est jouée par Michèle Mercier (Mireille Darc n'était pas libre ???), et son mac, Robert Hossein (le couple de la série des Angélique, tout s'explique !). Si le cadre change, la trame reste donc la même, mais le scénariste déborde dans la psychologie de Brassac, en lui donnant un ton plus politique. Enfin, plus anarchiste, disons. Brassac est un bourgeois rentier misanthrope, et ami d'enfance d'un ministre, avec qui il ne se gêne pas pour exprimer ses opinions sur la France : "y a eu la grande Peste de l'an mille, mais tu vas voir la grande Merde de l'an 2000 !".
    Brassac joute également de réthorique avec le curé du village, et avec les gendarmes. Un rôle pour Gabin, qui nous rappelle ses interprétations du Gentleman d'Epsom, du Baron de l'Ecluse, et dans ses diatribes les plus avinées, le père Péjat des Vieux de la Vieille, grimaces à l'appui.
    Sa femme dans le film devient une Allemande, résignée elle aussi, mais aux traits moins burinés par l'effort que dans le livre.
    La romance avec Roger est elle aussi plus développée. Le jeune ouvrier devient propriétaire terrien, ancien militaire d'Indo, mais blindé de pognon. Le scénario lui invente même une soeur, qui servira la bonne morale contre la petite prostituée, croqueuse de diamants, cliché pour faire durer la sauce avant le mariage des amoureux...
    Mais ne vous inquiétez pas, la trame reste la même, jusqu'à sa fin.

    Peut-être un film assez mineur de Gabin, mais où il incarne le rôle parfaitement, rappelant ici et là d'autres films, mais après tout, Gabin jouait Gabin.

  • Normandie Niemen - François de Geoffre

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    Le commandant (et pas maréchal !) de Geoffre était un pilote basé en Afrique du Nord, à la Défaite de 1940. Avec des camarades, il a tenté de s'échapper en Espagne pour rejoindre les combattants contre l'envahisseur allemand. Evasion ratée, il s'est retrouvé aux arrêts. A la suite de quoi... on lui a proposé de rejoindre l'escadrille Normandie, en Russie. Une escadrille de volontaires français contre les nazis.

    De Geoffre nous conte donc les heures de ce qui s'appellera l'escadrille Normandie-Niemen, qui perdra beaucoup de pilotes, mais remportera des victoires pour le moins... acrobatiques.
    Les combats aériens, vécus par les pilotes, rendus compte par de Geoffre, ainsi que ceux qu'il a effectués en personne, sont pour le moins prenants. On est vraiment au coeur de l'action. Plus qu'un pilote, de Geoffre est un véritable écrivain.
    En plus des combats, il raconte la vie des pilotes français, appréciés des Russes, et même de Staline, le quotidien de ces exilés, changeant de base régulièrement, vivant avec les Russes, à la russe... Mais également les destins tragiques des pilotes abattus, prisonniers de leur carcan, ou ceux dont les parachutes se sont pris dans les carlingues, ont brûlé, l'espoir d'en réchapper détruit, à quelques mètres de la survie... Et les autres, qui, ayant survécu au crash, à l'atterrissage sur le ventre, ont vécu mille aventures... récupérés par des tankistes, faits prisonniers par les Allemands, manqués d'être tués par des Russes pas très au courant...
    Et l'histoire des chasseurs russes, les Yak 3 et 9, contre les Focke Wulf, Messerschmitt, et les batteries de Flak.

    Un récit d'aventures de guerre, où les Français et leurs héritages régionalistes sont au coeur d'une contrée étrangère, la Russie. Un récit qui pourra rappeler ceux des Français qui ont combattu de l'autre côté.

    Et vous avez pu le constater sur la couverture, le livre a été édité dans une collection junior de Marabout. Le texte ne semble pourtant pas avoir été expurgé de ses détails macabres... Après une rapide recherche, ce volume que j'estimais aux années 70 daterait en fait de 1956 ou 1958 (pas d'achevé d'imprimer dans les pages). Je n'imagine vraiment pas voir ce texte édité aujourd'hui dans une collection junior !! Même si la lecture ne pose aucun problème, le niveau me semble un peu élevé pour des gamins de dix ans... et surtout un texte de guerre comme ça... on dirait qu'on fait tout pour éviter aux enfants toute trace belliciste, écrite ou autre ! Allez trouver une boîte de petits soldats dans un magasin de jouets aujourd'hui ! En plus de supprimer aux gamins la possibilité de faire jouer leur imagination et s'amuser à faire la guerre (la fausse, celle qui ne fait pas de victime plus grave qu'un genou écorché, un froc déchiré), on leur supprime aussi leur histoire.
    Les combattants aériens de la France libre en Russie, plus qu'un simple détail de l'Histoire !