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Que voit-on venir (d'ici un futur plus ou moins proche...) ?
Un nouvel Iron Sky ! Bien que le premier se soit avéré assez décevant au regard de l'attente générée, surtout par une convenance un peu trop bien pensante pour que ce soit vraiment déjanté, Iron Sky reste quand même un OVNI (c'est le cas de le dire, mon cher Haunebu II !) et plaisant à regarder.
Il semble que les Finlandais en soient à la suite, dont le pitch est : "Twenty years after WWIII the survivors fight against Adolf Hitler & his army of dinosaurs." En français : "vingt ans après la troisième guerre mondiale, les survivants combattent Adolf Hitler et son armée de dinosaures.
Une Sarah Palin que seuls les Finlandais n'ont pas oubliée, reptilienne ??? Sa main le laisserait penser, ou alors zombie, l'Antarctique, la Terre creuse, Adolf Hitler juché sur un tyrannosaure... Voilà de quoi faire oublier le mauvais (là pour le coup c'était mauvais) Nazis at the Center of the Earth !!!
Les producteurs nordiques devraient songer à faire un grindhouse Iron Sky 2/Dead Snow 3. Ca aurait de la gueule dans un drive-in suédois, au cœur de l'hiver. Ca ferait des morts !
Bref pour Iron Sky 2, mettez la main à la poche si vous voulez que ça arrive plus vite ! Les premières images semblent tout à fait correctes, pour moins de budget que Gravity ! (remarquez, lancer une fusée indienne dans l'espace a coûté moins cher que ce film)
Saluons les teasers hilarants qui laissent imaginer le pire :
Eeeeeeeet oui, pas de nouvelles notes en novembre, c'est pas l'envie qui manque, mais le temps, enfin bref, on sait tous ce que c'est. Le blog n'est pas mort, mais ça n'avance pas très vite on va dire.
Alors en attendant une note sur, allez, la biographie de Jean Gabin, l'étude sur la couleur bleue de Michel Pastoureau, une chronique du film the Curse of the Crimson Altar, voici le teaser d'un film de SF qui va renvoyer le nouveau Star Wars aux oubliettes.
Ca promet en effets spéciaux, en 3D qui tue, et en haute définition qu'il faut passer un examen chez l'ophtalmo pour savoir si on est apte à se manger 43 millions de pixels dans la tronche. Et je vous parle pas de 5.1 THX lazer qui va vous redorer les cages à miel.
Sans plus attendre, de quoi exciter les braquemards :
Nom de dieu, mais qu'est-ce que j'ai regardé ?? C'est quoi ce film, les Gauloises blondes ??? Tu parles d'un nanar !!!
Une espèce de Lutèce préhistorico-gaulois dans un décor plus petit que mon jardin (et encore, dans leur décor, l'herbe est tondue par endroits !), des éléments de décor rikiki, du genre une cahute à peine plus grande qu'une tente, et quand ils sont à l'intérieur, la surface au sol est démultipliée ! Je veux bien qu'avec la loi Carrez on compte pas tous les mètres carrés, mais là... Et cette pléiade d'acteurs, Roger Carel, Pierre Tornade, Jean Rougerie, Jackie Sardou, le mec des Frères ennemis, Gérard Hernandez... Et puis surtout cette histoire... qui est une succession de scénettes/gags d'un humour qui me sidèrent. Même moi ça me sidère, c'est vous dire !!!
Oui, les Gauloises blondes, le jeu de mot avec les clopes, c'est limite un leitmotiv pendant ce film... "on ne mégotte pas", "les Gauloises c'est pas bon pour la santé", "cette année on aura des Gauloises brunes"... et si c'était que ça... Bon, je crois avoir compris. Ce film ressemble un peu à ce qu'était Deux heures moins le quart avant JésusChrist. Une adaptation cinématographique d'Astérix. Sauf qu'ici, on a pas Jean Yanne ni Coluche, mais les voix officielles d'Astérix et Obélix, Roger Carel et Pierre Tornade. Et le grand schtroumpf, avec Gérard Hernandez. Et au contraire du film de Jean Yanne, qui reprenait l'humour de Goscinny, à renforts d'anachronismes et de décalages, ici, on a un village gaulois (Lutèce, bordée d'une rivière de 2 mètres de large, le ruisseau qui passe à côté de chez moi est plus large), des personnages quasiment piqués de la bédé, comme le barde un peu homo, le forgeron, devenu ici une femme, le druide, le gaulois sagace (joué par Roger Carel), mais faudrait pas imaginer qu'on a Goscinny et Uderzo au scénario. Non, je ne sais pas qui on a en fait... Personne à mon avis. Ou si. Ca y est, j'ai tout compris. Ce sont des mecs au bistrot qui se sont lancés un pari de mecs bourrés, faire un film, dans l'arrière-cour du troquet, ils se sont cotisés pour se payer des acteurs au rabais, des perruques au magasin de farces et attrapes et ont tourné ce... truc. Ils ont écrit le scénario, c'est sûr, c'est du niveau d'un rade après plusieurs bouteilles de blanc limé, de Ricard, un vendredi soir vers 23 heures, dans ces eaux-là. Avec les petits jeunes au flipper qui rajoutent des blagues sur l'herbe qui fait rigoler.
Et puis en bons mecs bourrés, ils ont pensé à tout, et surtout à l'essentiel : des femmes à poil. Oh, pour ça, on est servi. C'est même grâce à ça que j'ai tenu jusqu'à la fin. Du nichon, on en a. Et là, je pense que l'essentiel du budget est passé là dedans, à trouver des nanas superbement nichonnées et galbées. J'imagine bien qu'ils ont fait passer le casting dans l'arrière-salle du bar, entre les fûts de bière, un vieux panneau Suze et le vélo du patron.
Après tout, c'est normal, c'est une gauloiserie. Mais tous les clichés y passent, sur la gouaille gauloise. Ca date de 1988, ce qui est assez étonnant, j'aurais daté ça au début des années 80, coincé entre un Curé chez les nudistes et une autre merde dans le genre (non franchement désolé, les nanars, ça a son charme, mais de là à regarder les films en entier, faut pas plaisanter). Je sais même pas si à cette époque, en 88, il se faisait encore de ces films avec acteurs sur le retour et femmes à poil. Ils ont peut-être mis quelques années à récolter les fonds, au Balto...
Je ne vais pas résumer le film, ça sert à rien, la continuité est très relative, c'est juste une succession de vannes poussives et éculées. Et des nichons. Par contre, je ne pense pas que ce film puisse être fait de nos jours. Parce que les clients du bistrot sont morts d'une cirrhose depuis, et puis parce que tout de même, d'une certaine manière, les Gaulois ne passent pas pour des cons. Ils sont bagarreurs, râleurs, baiseurs, buveurs, rigolards et ils aiment leurs traditions... En plus il n'y a qu'un noir dans le film (source d'un jeu de mot dans la lignée du reste du métrage) et il a un rôle plus que mineur. Impensable en 2014.
M'enfin, je ne retiendrai que les nichons dans ce film, et l'affiche, dessinée par Aslan, connu pour ses pin-ups dessinées de main de maître dans Lui.
Louis Bertain, dit le Blond, fait partie d'une bande qui attaquent quelques convoyeurs pour piquer de l'oseille. Il est entouré de Raymond, dit le Matelot, Pepito, le gitan et Fredo, dit Keskidi, souvenir de son époque aux Amériques où, n'entravant pas ce que disaient les Amerloques, il demandait "qu'est-ce qu'y dit ?" à son associé, et le surnom lui était resté. Le Blond la ramène pas trop, les flics l'ont pas dans le collimateur. Il fait ses coups d'éclat, sans qu'on sache qui chercher. C'est sans compter Pepito qui a la gâchette facile. Alors quand ils braquent un fourgon sur la route de Dourdan, les chauffeurs sont liquidés, deux motards de la police qui les filaient y passent aussi, et un couple de fermiers est envoyé ad patres. Les flics sont sur les dents et trouvent vite les suspects... Pas de chance, Pierre, le frère de Louis s'est fait gauler par les flics en repartant de chez sa poule. Interdiction de séjour à Paris, il aurait dû prendre patience, mais l'amour... les flics aimeraient bien qu'il balance. Et comme il entend une conversation entre Louis et le gitan sur l'attaque du fourgon, il a ses p'tits nerfs qui craquent quand il lit dans le journal le compte-rendu de l'expédition. De là à balancer les copains ?
Un petit polar classique de la part d'Auguste le Breton, à qui l'on doit (entre autres) la série des Rififi à... et le Clan des Siciliens, Razzia sur la Schnouf, eux aussi adaptés à l'écran. Polar classique certes, mais écrit en argot, avec quelques indications utiles pour comprendre certaines locutions issues du sabir gitan ! Peut-être tombées en désuétude depuis... C'est le cas de beaucoup d'expressions, mais elles sont bien plus savoureuses que l'argot du ghetto des rigolos d'aujourd'hui ! Le style me rappelle un peu Albert Simonin et son Touchez pas au grisbi ! plus violent et dur que le film...
Ce livre a été porté à l'écran, comme les deux précédemment cités. Avec Jean Gabin dans le rôle titre, évidemment. Et, coïncidence, c'est quand je termine la dernière page du livre que je me dis que je reverrais bien le film, eh bien deux jours plus tard, il passe à la télé. Formidable !
Plutôt sympa ce blog, j'arrive à caser Jean Gabin dans une chronique d'un bouquin, on joint l'utile à l'agréable !
Si le bouquin date de 1954, le film date de 1957. Le film ressemble par moments à une adaptation fidèle du bouquin, mais édulcore certains passages, ou les transforme. Au casting, on retrouve les fidèles de Gabin : Lino Ventura, Paul Frankeur, Albert Dinan et même Jacques Marin, en éternel troisième rôle, et cette fois, sans moustache ! On reconnaît en tout cas sa voix typique (toute une aventure à retrouver tous les doublages de films et de dessins animés qu'il a réalisés !). Apparaissent au casting également deux jeunes premiers, promis à une longue carrière : Jean-Pierre Mocky et Annie Girardot !
Comme je l'ai dit, le film reprend la trame du livre dans les grandes largeurs. Quelques aménagements ont été réalisés pour que le héros soit plus gabinisé. Dans le livre, il doit avoir une trentaine d'années. Ouch, en 1957, Jean Gabin a 53 ans ! Et de simple voyou avec un beau costard qui distribue les pascals à tout va, il devient voyou avec une affaire en couverture, histoire de râler sur le coût de la vie. Il est patron d'un garage. Il y a une inévitable scène où Gabin bouffe dans un restau, mais la scène est vite terminée. On voit apparaître quelques chevaux, une grande passion de Gabin. Les scènes de violence sont amenuisées également. On est tout de même en 1957, quand quelqu'un se mange une bastos, il se tient le bide, et glisse sur le sol en en faisant des caisses. C'est comme ça. Malgré tout, on échappe à plusieurs morts du bouquin, et la principale scène violente, de l'attaque du fourgon, alterne passages épiques (les motards qui se font tuer en pleine course, on se croirait dans Mad Max !) et contrechamps timides, quand les fermiers se font dézinguer. Gabin a un geste de surprise à chaque meurtre, et essaie de retenir Pepito. Dans le livre il s'en fout. Mais le film est différent... D'ailleurs les motards ne meurent pas. "- Son casque lui a certainement sauvé la vie. - Et le premier ? - Il s'en tirera".
A côté de ça, le langage est plutôt vert. Ca parle argot, mais moins que dans le bouquin. Gabin traite la fiancée de son frère de salope, et lui file une tarte. Faut dire, dans cet univers de la pègre, les femmes sont souvent des putes, ou d'anciennes michetonneuses. Y a même une scène calquée du livre, où un homosexuel qui s'est fait ramasser par les flics passe un message à Gabin, en roulant des yeux et en prenant des manières. Une "lope" comme on les appelait alors. Gabin lui file cent sacs pour qu'il aille "s'acheter une nouvelle pochette". Venant d'un gars qui trainait trop près d'un édicule... Je laisse les plus jeunes chercher la signification de tout ça dans un dictionnaire, eh eh. Les thuriféraires actuels de la sodomie placée au rang de style de vie à être accepté et loué par tous doivent en faire une syncope, ah ah !
Et notons, si le film reste fidèle au livre dans sa fin, que c'est une des rares fois où le personnage joué par Jean Gabin meurt...
Qu'est-ce qui arrive après un conflit nucléaire ? Après que la bombe ait pété, il se passe quoi ? Au Japon, on sait. Il reste un gros tas de vide, et des ombres sur un bout de mur cassé. Dans l'océan pacifique, poisson frit au repas pendant plusieurs semaines. Aux USA, un frigo permet de se protéger de l'explosion, même si projeté à des dizaines de kilomètres, on en sort indemne. Au moins en Arizona. Pour une métropole, il reste pas grand chose, mais au moins les bouquins d'une bibliothèque sont nickels. Attention à pas se prendre les pieds dans les décombres sinon on en casse ses lunettes et c'est la quatrième dimension. Dans l'arrière-pays, les gens doivent prendre la route à pied pour rejoindre des points de ralliement hypothétiques. En Australie, les survivants sont des espèces de punks homos qui cherchent de l'essence pour aller taper de la gonflette, ou casser de l'ex-flic.
Bien, mais... plus proche de nous ? Parce que moi j'habite à la campagne, je vous ferai dire. Y a pas de désert, la bibliothèque c'est une médiathèque et sans électricité, ben ça retire de son intérêt et les bouquins... pas sûr qu'il y ait un vrai grand choix. Et pour s'y retrouver, sans un système de fiches percées, sur un système de tringles... chaud chaud. Enfin j'aurais le temps de chercher, vous me direz.
Bon bref. En France, dans la cambrousse, si ça pète, comment ça se passe ? Malevil vous l'apprendra. Ce film de 1981, adapté du livre de Robert Merle (qui semble-t-il, aurait été déçu du résultat cinématographique, éloigné de sa propre version. N'ayant pas lu le livre, je me contenterai de hausser les épaules et de le rajouter dans la liste des "à lire". A lire avant ou après une bombe nucléaire, je vous laisse cogiter), avec un casting plutôt pas mal (Michel Serrault, Jacques Villeret, Jacques Dutronc, Jean-Louis Trintignant), place l'action dans un village du sud-ouest de la France.
Le maire du village, Michel Serrault, retrouve quelques personnes dans la cave de son château pour un projet concernant la municipalité, un sombre projet de lampadaire devant chez le pharmacien... Arrive l'idiot du village, Jacques Villeret, avec sa radio portative qui braille les nouvelles pas très réjouissantes d'un monde en crise. Survient une panne de courant, même la radio s'est éteinte. Puis, un grondement suivi d'un souffle terrifiant, assourdissant, et une chaleur infernale, étouffante, qui fait s'évanouir la poignée d'habitants.
Après s'être réveillés de ce cataclysme, les survivants remontent à la surface pour découvrir un paysage transformé. Le château est une ruine, la terre est brûlée. L'hiver nucléaire s'installe... Miraculeusement, quelques animaux ont survécu. Un cheval, une truie et sa portée... Le vétérinaire aura survécu, ainsi qu'une jeune fille, qui s'était réfugiée dans une grotte. La petite communauté, coupée de toute vie extérieure, et sous le commandement du maire, va subsister, et essayer de reprendre vie, guettant quelques signes d'espoir, entre un pépiement d'oiseau, et le retour des abeilles. Relativement épargnée par les radiations, la nature va reprendre ses droits, et au retour du printemps, les semences auront poussé. Attirant par là un nouveau problème... d'autres survivants, devenus complètement fous, que les villageois devront chasser au fusil, allant jusqu'à les tuer. Une décision lourde à prendre, mais qui en va de la survie de ce groupe d'hommes.
Ces nouveaux survivants ne sont en fait pas les seuls. D'autres survivants, moins fous, quoique, vivent également, pas très loin. Réfugiés dans un tunnel, dans une rame de train, ils sont dirigés par un despote, promu directeur, gourou, prédicateur, chantre d'une nouvelle humanité qu'il régit d'une main de fer. Un nouveau danger que nos habitants de Malevil devront régler, pour enfin trouver une paix sociale, un espoir de vivre après l'apocalypse. Une utopie que viendront briser par le bruit de leurs rotors des hélicoptères militaires, obligeant les survivants à quitter la terre contaminée. Des hommes déshumanisés, en combinaison, dont on ne saura pas de quel camp ils sont, s'ils sont amis ou ennemis, et où ils emmènent les villageois...
Malevil est un film lent, mais sans longueurs, avec une certaine économie de moyens, on ne voit pas une explosion nucléaire spectaculaire, mais on vit avec les acteurs un évènement incompréhensible sur le moment, et la découverte d'un monde ravagé. Les survivants, en bons paysans, en hommes de la terre, ne restent pas les bras ballants à attendre la mort, mais encaissent ce coup et continuent de vivre. Un peu comme une saison sans récolte, mais en vachement plus rude. Ils ne posent pas vraiment la question d'être les seuls à avoir survécu. Ils essaient de contacter l'extérieur avec une radio, et la lettre du neveu, expédiée d'Australie laisse planer le doute d'un cataclysme mondial, ou pas. Seuls les habitants du tunnel croient être les seuls survivants et les nouveaux Adam et Eve d'un post-monde. Malevil reste assez lugubre, avec une atmosphère glauque. Il est à part dans la filmographie des films post-apocalyptiques, si on les compare rétrospectivement. Il sonne tout de même très français dans sa réalisation et sa direction. Toutefois, la scène des survivants fous me rappelle la Planète des Singes, quand Charlton découvre sur ce qu'il croit être une autre planète, des hommes, rendus à l'état de bêtes. Cette déception de rencontrer d'autres "soi", mais qui sont en fait différents, des coquilles vides, créant ainsi une solitude du rescapé, finalement seul au milieu de semblables qui ne le sont que par leur apparence.
On passera sur les conséquences atténuées de la catastrophe radioactive, pour permettre à l'histoire de ne pas rester un huis clos sans issue. Une paix écologique contrebalancée par la fin sans espoir, avec le retour des militaires, ces hommes qui ont provoqué ce chamboulement, et qu'on croyait disparus, ils reprennent les survivants à leur liberté gagnée sur la bombe, sur la mort, pour les réintégrer dans ce système mortifère.
Bref, un bon film qu'on ne voit pas passer à la télé, et qui mérite d'être regardé !
Georges Baudin est un riche banquier, dévasté par la mort accidentelle de sa jeune épouse. Au bord du suicide, il rencontre son ancienne femme de chambre, qui va le sauver de la mort en lui annonçant qu'il était cocu. Un coup de schlague pour le banquier, qui après une nuit de saoulerie, va décider de tout envoyer bouler, non plus en se suicidant, mais en changeant de vie. Adieu vie de cocu, adieu belle famille accrochée à sa fortune comme des morpions, par un concours de circonstance, il va prendre les habits d'un domestique, un homme de maison, en embarquant la pute pour la tirer de sa mauvaise vie. Dans une famille bien aisée, il va avoir la vie dure à s'occuper de tout et de tout le monde, et il verra son propre passé se répéter, la femme trompant le mari à son insu.
Monsieur, de 1964, n'est pas un Jean Gabin très connu. Réalisé par Jean-Paul le Chanois, tiré d'une pièce de Georges Revel, ici ce n'est pas Audiard et Lautner. Et pourtant, c'est un régal. Gabin est entre ses rôles du Cave se rebiffe, du Gentleman d'Epsom et de celui des Grandes Familles, un riche notable bougon, mais débrouillard. Bon, c'est une comédie, contrairement aux Grandes Familles. Une comédie bien innocente, au même titre que le Gentleman d'Epsom. Mireille Darc joue - évidemment - le rôle de la pute, un peu ingénue, un peu paumée, mais toujours charmante. Même avec son ancien nez. On retrouve un jeune Philippe Noiret dans le rôle du père de famille un peu trop pris par son boulot, et Jean-Pierre Darras comme truand à la petite semaine. Un petit rôle pour Jean Lefèbvre pour achever le tout. Il ne manque que Noël Roquevert pour compléter le tableau.
Le genre de film qu'aujourd'hui, on regarde avec le sourire de l'enfant qui vient de se repaître d'une bonne tétée maternelle. Ca a un charme suranné, innocent, qui nous laisse dans un cocon cotonneux et chaud. Gabin y est magistral, paternel, digne, drôle, Mireille Darc, avec sa voix mutine, on a envie d'y payer un picon bière au bal musette d'en bas de la rue. Et puis les beaux-parents, la duègne accrochée au pognon, le mari avec son sonotone et sa bouteille planquée dans l'aquarium, la mère de famille qui essaie par tous les moyens de faire virer Monsieur Jean Gabin, trop cher à son goût, et la cuisinière de la maison, qui tape un peu dans la caisse... Des personnages très vieille France (même si les comportements restent actuels !), contrebalancés par les jeunes. Nathalie, la fille de dix-sept ans qui fume dans sa chambre en écoutant de la musique de yéyés sur son pickup (mais aux manières de fille de treize ans, qui joue à la marelle à dix-sept ans ??), et Alain, l'étudiant en sciences politiques qui roule des mécaniques et n'est pas très sérieux pour son avenir... Les années soixante, en gros. Où au bistrot, la serveuse annonce au cuistot une andouillette, un petit salé aux lentilles et une omelette, et le patron laisse la bouteille aux clients, car il leur plait, son petit vin.
Heureusement, Jean Gabin s'en tire à la fin, en jouant un bon tour aux profiteurs, et tout le monde rit. Nous aussi. On écrase une larmichette et on émerge de la gaze, on se souvient à quelle époque on est, et que les fascistes au pouvoir sont à la porte pour nous écraser et faire que ce monde passé ne soit plus qu'un souvenir, que la gégène finira par effacer. On serre le poing et on se jure qu'on ne se soumettra jamais à ces chiens. On sera comme Jean Gabin, digne, droit, et on mourra en se faisant appeler Monsieur.