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La Crypte du Chat Roux - Page 11

  • De Goupil à Margot - Louis Pergaud

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    Plusieurs nouvelles rassemblées dans un même livre, récits ayant comme point commun d'avoir des animaux comme personnages principaux. Un renard, une belette, un écureuil, un lièvre...
    Tout ceci fleure bon le sous-bois, le chaume, la rosée printanière, l'humus regorgeant de vers juteux, les rayons du soleil qui réchauffent la terre, et la vie animale, simple et faite de plaisirs, à aller croquer un oisillon, une noisette, ou toute autre proie qui se présente...

    Mais en vérité, c'est un peu déprimant, car la vie est cruelle envers ces animaux dont on prend le parti. Cruauté des autres animaux, et pire, cruauté de l'homme, celle qui provoque la fin de ces animaux qui ne comprennent pas ce funeste destin.

    Goupil, capturé par un paysan qui lui pose un collier avec un grelot, le pauvre renard essaiera d'échapper à ce bruit synonyme de danger, de chien à ses trousses pour le fouailler de ses crocs, de la présence de l'homme qu'il préfère éviter. Et quand Goupil aura compris le stratagème, dur handicap pour la chasse, quand ses proies réagissent à ce même grelot, sa courte vie se résumera à de modestes proies, et à des charognes.
    Fuseline, la petite fouine dont la patte sera prise au piège dans la grange, créature trop insouciante après s'être gavée de poules... Obligée de se défaire de sa patte pour se sauver, en la désarticulant, puis la déchirant.

    C'est beau, mais putain, que c'est triste !

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  • Dans les forêts de Sibérie - Sylvain Tesson

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    Attention, voici un bouquin indispensable !!! A lire absolument !!

    Sylvain Tesson est un aventurier moderne, qui part aux quatre coins du globe, souvent assez vite, en vélo, en courant, à fond les ballons, de peur de ne pas avoir traversé une route quelque part au Pérou, avant de mourir. A la suite d'une aventure précédente, où il avait partagé le gîte de Sibériens sur le lac Baïkal, l'auteur a décidé de venir se poser quelques temps, de vivre l'aventure d'un ermite, le temps d'une saison. Défi à mettre à côté de celui d'escalader l'Himalaya, a priori. Survivre au froid, aux ours, et aux glaces.

    Et pourtant, c'est un autre défi que vient de se lancer l'écrivain aventurier. Ce n'est pas la performance, mais c'est le défi de se poser, de réfléchir, et de se retrouver. Se rencontrer même, avant de se retrouver. C'est pas en cavalant dans le Gobi qu'on sait qui on est. On sait qu'on a couru et perdu 14,5 litres de sueur dans la journée. La cabane au bord du lac Baïkal, c'est pas pareil.

    Rester six mois au même endroit. Voir la saison passer, la nature changer, et occuper son temps. Un défi qui semble impensable pour beaucoup, notamment les bourgeois poudrés parisiens, qui ont eu l'air de voir dans cette aventure un défi contre l'ennui, contre l'absence matérielle et matérialiste, et l'inconfort. Ces journalistes voient certainement la Sibérie comme très lointaine, loin de leur confort, mais avouons-le, l'auteur n'aurait presque pas eu à quitter le territoire français pour vivre aventure similaire. J'exagère à peine. Mais l'éloignement est un moteur permettant cet exil, cet ermitage pour l'auteur, qui avoue aussi apprécier son confort parisien.

    Mais cet ermitage a permis de faire cogiter l'aventurier. C'est le plus intéressant du bouquin. La solitude qui fait gamberger, la nature rude mais généreuse qui fait relativiser l'existence matérialiste de l'Occidental du XXIème siècle.
    En vivant au contact de la nature, et de ses habitants, du règne animal ou humains, Sylvain Tesson redevient un homme, et plus un athlète à la recherche de la performance. Quand il va croiser des semblables, avec plus ou moins de classe, riches Russes en 4x4 qui traversent le lac gelé dans un safari ponctué de vodka et de techno music, ou world travellers écolos, il n'est déjà plus comme eux. Ils passent, lui vit ici. Il puise de la terre sa substance pour s'en nourrir, pour se chauffer.

    Et il pense. Il pense à ce qu'il est à Paris, et ce qu'il est ici. Et où l'Homme se situe.

    Extraits :
    "Le bonheur d’avoir dans son assiette le poisson qu’on a pêché, dans sa tasse l’eau qu’on a tirée et dans son poêle le bois qu’on a fendu : l’ermite puise à la source. La chair, l’eau et le bois sont encore frémissants. Je me souviens de mes journées dans la ville. Le soir, je descendais faire les courses. Je déambulais entre les étals du supermarché. D’un geste morne, je saisissais le produit et le jetais dans le caddie : nous sommes devenus les chasseurs-cueilleurs d’un monde dénaturé.
    En ville, le libéral, le gauchiste, le révolutionnaire et le grand bourgeois paient leur pain, leur essence et leurs taxes. L’ermite, lui, ne demande ni ne donne rien à l’État. Il s’enfouit dans les bois, en tire subsistance. Son retrait constitue un manque à gagner pour le gouvernement.
    Devenir un manque à gagner devrait constituer l’objectif des révolutionnaires. Un repas de poisson grillé et de myrtilles cueillies dans la forêt est plus anti-étatique qu’une manifestation hérissée de drapeaux noirs. Les dynamiteurs de la citadelle ont besoin de la citadelle.
    Ils sont contre l’État au sens où ils s’y appuient.
    Walt Whitman : « je n’ai rien à voir avec ce système, pas même assez pour m’y opposer. » En ce jour d’octobre où je découvris les Feuilles d’herbe du vieux Walt, il y a cinq ans, je ne savais pas que cette lecture me mènerait en cabane. Il est dangereux d’ouvrir un livre."

    "Il faudrait lui expliquer que ces mouvements sont des manifestations de colère sociale et que l'origine ethnique de leurs acteurs, si elle impressionne les Russes, n'est pas évoquée par les commentateurs français. Il faudrait lui dire qu'il ne s'agit pas de révolution. Ces troubles à l'ordre public ne visent pas à renverser le monde bourgeois mais à y accéder. Entend-on les jeunes réclamer liberté, puissance et gloire ? Pourquoi brûle-t-on les voitures dans ces couronnes de misère ? Pour critiquer les ravages de la technique et du marché sur les sociétés ou par dépit de ne pas posséder les plus belles et les plus grosses d'entre elles ?"

    "Je pousse la porte de la cabane. En Russie, le formica triomphe. Soixante-dix ans de matérialisme historique ont anéanti tout sens esthétique chez le Russe. D'où vient le mauvais goût ? Pourquoi y a-t-il du lino plutôt que rien ? Comment le kitch s'est-il emparé du monde ? La ruée des peuples vers le laid fut le principal phénomène de la mondialisation. Pour s'en convaincre, il suffit de circuler dans une ville chinoise, d'observer les nouveaux codes de décoration de La Poste française ou la tenue des touristes. Le mauvais goût est le dénominateur commun de l'humanité."

    "En Russie, pour signifier qu'on s'en fout, on dit "mnie po figou". Et on appelle "pofigisme" l'accueil résigné de toute chose. Les Russes se vantent d'opposer leur pofigisme intérieur aux convulsions de l'Histoire, aux soubresauts du climat, à la vilenie de leurs chefs. Le pofigisme n'emprunte ni à la résignation des stoïciens ni au détachement des bouddhistes. Il n'ambitionne pas de mener l'homme à la vertu sénéquienne ni de dispenser des mérites karmiques. Les Russes demandent simplement qu'on les laisse vider une bouteille aujourd'hui parce que demain sera pire qu'hier. Le pofigisme est un état de passivité intérieure corrigée par une force vitale. Le profond mépris envers toute espérance n'empêche pas le pofigiste de rafler le plus de saveurs possible à la journée qui passe. Le soir constitue son horizon limite."

    La plongée dans l'univers russe est une part importante de l'ermitage, une autre manière de penser, que l'auteur résume bien avec le "pofigisme". Une révélation identitaire, en quelque sorte.

    Parlons d'identité. L'identité européenne, étendue jusqu'à la Russie sibérienne, que Tesson retrouve, mais n'exprime pas toujours clairement. Quand un de ses interlocuteurs russes s'étonne de voir qu'en France, des émeutiers arabes mettent à feu les villes, il émet une critique intelligente, sociale (voir plus haut) de la situation et de ses tenants, mais il réfute la question ethnique, pourtant évidente pour un Russe. Okay, le Russe pense peut-être que toute la France était concernée par ces émeutes, jusqu'au moindre village, ce qui est bien évidemment faux, savamment manipulé par les médias. Mais l'évidence reste l'évidence. Aussi, soit Tesson, pétri des bons sentiments institutionnalisés, rate un épisode, une des clés de son aventure, soit il préfère éluder la question et protéger son statut (on sait ce qu'il en coûte à ceux qui s'écartent du chemin !).

    Il ne fait pas le lien entre la laideur imposée par la mondialisation, et les émeutes, le désir d'accéder à la bourgeoisie. Enfin... il ne le fait pas directement. Mais tout le livre est un appel à la beauté de la nature, et de la simplicité de l'être vivant au cœur de cette nature, en même temps que l'élévation, la transcendance de l'homme, qui trouve sa place, et son rôle. L'inverse de la vie hyper urbaine, déculturée, aculturée, ultra matérialiste, assistée, malsaine, qui régit l'Occident décadent.
    Impossible pour l'auteur d'employer le terme de décadence, mais pourtant elle est évidente quand on le lit.

    J'ai pensé à Henri Vincenot en lisant dans les forêts de Sibérie. Quand l'auteur bourguignon quittait sa campagne pour affronter l'horreur de la capitale, lui qui venait d'un environnement sain, il était confronté au dérèglement, à la dépression (lire A Rebrousse-poil et les Yeux en face des trous pour s'en convaincre !). Tesson fait l'inverse. Il vient du pandemonium pour retrouver l'ordre naturel. Et tous deux ont la même conclusion.

    Pour qui ne voudrait pas se poser cette question, le livre reste intéressant, et très bien écrit. Un journal, jour après jour, de la vie d'ermite, qui apprend à rythmer ses journées, à profiter de tout, accepter tout, et vivre. Vivre, même quand ce n'est pas dévaler des déserts à vélo, mais simplement regarder des mésanges manger des miettes de main sur un rebord de fenêtre. Chaque page du livre est un régal, entre poésie, aphorismes et philosophie, on réfléchit beaucoup en lisant ce journal. Et on réfléchit à soi.

    J'ai regardé sur internet quelques interviews de l'auteur à la sortie du livre en 2011, résumant son aventure. Il est amusant de sentir le décalage entre l'auteur qui prend son temps pour raconter son périple, en paix avec lui-même, et une sorte d'incompréhension de ses interlocuteurs, pas dans le même rythme. La palme va à l'émission de Ruquier où une grue, ancienne favorite d'un futur ex-ministre, maintenant disparue des radars, semblait horrifiée par ce que l'auteur avait vécu, en gros, la peur de tomber nez à nez avec une grosse bête à chaque fois que le mec sortait de la cabane, entre deux coups de pelle pour chasser les mètres de neige tombés dans la nuit. Une lecture assez cocasse, car moi je n'ai absolument jamais ressenti de danger dans ce que Sylvain Tesson a vécu. La prudence face aux ours a toujours suffi à préserver sa vie. Le danger serait plus venu des hommes, à mon avis, que des bêtes. Enfin, drôle d'interprétation de la part d'une féministe acharnée qui finalement, ne fait qu'exprimer un stéréotype génétique féminin, une féministe de salon ayant peur de salir ses chaussures. On pensera plutôt à Lena qui éloigne les loups en leur jetant des cailloux, soutenue par ses vaches et son bœuf, venus à son secours. La chroniqueuse mondaine, les loups l'auraient recrachée après avoir eu une indigestion.

    Malgré les conditions un tantinet spartiates du séjour, reconnaissons-le, l'auteur n'est pas arrivé sans technologie. Ordi portable, téléphone satellite, la moitié du matos n'a pas tenu le choc, mais il a filmé cette aventure. Et un film en est né, un très bon complément au livre. A voir absolument, mais surtout... à lire absolument !!!

     

     

     

  • L'Empire du Baphomet - Pierre Barbet

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    Très sympathique petit volume que cet Empire du Baphomet !
    D'où vient la création de l'ordre des Templiers ? Tout simplement de la rencontre un poil fortuite entre Hugues de Payn (et pas Hugues de Payns, erreur volontaire certainement pour éviter de payer des droits aux petits-enfants !) et un Baphomet, extra-terrestre avec tête de bouc, petites ailes dans le dos, qui s'est crashé avec son vaisseau extra-terrestre, en pleine mission de conquête de la Terre.

    Le démon extra-terrestre va conclure un deal : pognon, pouvoir en échange d'aider à la conquête du monde, mais occultant un peu le but ultime de l'affaire, que tout ça profite uniquement au Baphomet.

    Hugues de Payn accepte, et crée l'ordre du Temple ! Plus de cent cinquante ans plus tard, nous suivons Guillaume de Beaujeu à St Jean d'Acre, qui va expédier aux enfers les Sarrasins de Baïbars, avec l'aide d'une arme confiée par le Baphomet, qui fait passer le feu grégeois pour de la pâte juste bonne à réchauffer un caquelon à fondue : une grenade atomique !
    Ce danger pour la Terre sainte écartée, Guillaume de Beaujeu entreprend de mettre sous son joug l'Orient. Il met à genoux Samarkand, et vise le palais du descendant de Genghis Khan...

    Est-ce que les Hospitaliers vont accepter cette puissance inexorable de leur allié ? Les Mongols sont-ils plus braves que les Sarrasins ? Est-ce que le Baphomet va approuver qu'on touche à ses figurines qui permettent de communiquer, des walkies-talkies extraterrestres ?

    Court roman de Pierre Barbet (158 pages chez J'ai Lu !), une uchronie bien pensée, assez révélatrice de l'époque, 1972, la peur de l'atome... Mais plongés en 1275, entre Francs, général suisse et ses soldats anglais, à la reconquête de Jérusalem, jusqu'à Cathay, on se croirait dans un Robert Howard de sa période croisades et... allez quoi, un Lovecraft pour un démon à ailettes tombé du ciel ? Un peu de Jules Verne pour la technologie de pointe dans une période où la bougie était un moyen de s'éclairer et pas un accessoire de décoration et qui sent bon ?
    Bon, comme c'est un court roman, ça va assez vite à l'essentiel, en reléguant des persos secondaires au minimum syndical, c'est peut-être le point négatif du bouquin...
    Croisade stellaire, sorti deux ans plus tard, semble être la suite directe de cet Empire du Baphomet. Visiblement, J'ai Lu ne l'a pas réédité, ce qui semblerait vouloir dire que le présent volume n'a pas connu un grand succès... Dommage ! Un bon petit roman SF de gare, avec du démon, de la bataille de croisés, ça remplit très bien son office !

  • RIP Hiroo Onoda

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    Hiroo Onoda, le soldat japonais qui refusait de se rendre est décédé à l’âge de 91 ans

    Ainsi que le révèle le site d’information japonais The Asahi Shimbun, un ancien soldat qui a vécu caché dans la jungle aux Philippines jusqu’en 1974, ignorant la fin de la Seconde Guerre mondiale, et attendant en vain des renforts, est mort aujourd’hui à 91 ans.

    Jusqu’en 1974, Hiroo Onoda, un officier de renseignement et spécialiste des techniques de guérilla a vécu sur l’île de Lubang aux Philippines, où on l’y avait envoyé en 1944 avec l’ordre formel de ne jamais se rendre, et de tenir jusqu’à l’arrivée de renforts qui ne viendront jamais.

    Avec trois autres soldats, il est resté dans la jungle, ignorant que la guerre avait pris fin. Leur existence est d’abord connue dans les années cinquante, lorsque l’un d’eux décide de rentrer au Japon. Dès lors, des tracts sont largués par avion, annonçant que la guerre était terminée depuis longtemps et que l’armée impériale avait été battue, mais le soldat refuse d’y croire. En 1959 les recherches sont arrêtées, Japonais et Philippins étant persuadés qu’Onoda et son dernier coéquipier sont morts.

    Pourtant, en 1972, ils refont surface pour attaquer des troupes philippines. Onoda réussit à s’enfuir alors que son dernier homme est tué. C’est finalement l’ex-commandant d’Onoda, envoyé par Tokyo dans la jungle qui, en 1974, doit lui ordonner de déposer les armes pour qu’il accepte de rentrer chez lui.

    L’annonce de la capitulation, le 15 août 1945, par l’empereur Hirohito considéré comme un dieu vivant au japon, avait alors laissée perplexe de nombreux soldats dévoués corps et âme à la cause impériale.

    Source theatrum-belli.org


     

  • Monsieur

     

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    Georges Baudin est un riche banquier, dévasté par la mort accidentelle de sa jeune épouse. Au bord du suicide, il rencontre son ancienne femme de chambre, qui va le sauver de la mort en lui annonçant qu'il était cocu. Un coup de schlague pour le banquier, qui après une nuit de saoulerie, va décider de tout envoyer bouler, non plus en se suicidant, mais en changeant de vie. Adieu vie de cocu, adieu belle famille accrochée à sa fortune comme des morpions, par un concours de circonstance, il va prendre les habits d'un domestique, un homme de maison, en embarquant la pute pour la tirer de sa mauvaise vie. Dans une famille bien aisée, il va avoir la vie dure à s'occuper de tout et de tout le monde, et il verra son propre passé se répéter, la femme trompant le mari à son insu.

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    Monsieur, de 1964, n'est pas un Jean Gabin très connu. Réalisé par Jean-Paul le Chanois, tiré d'une pièce de Georges Revel, ici ce n'est pas Audiard et Lautner. Et pourtant, c'est un régal. Gabin est entre ses rôles du Cave se rebiffe, du Gentleman d'Epsom et de celui des Grandes Familles, un riche notable bougon, mais débrouillard. Bon, c'est une comédie, contrairement aux Grandes Familles. Une comédie bien innocente, au même titre que le Gentleman d'Epsom.
    Mireille Darc joue - évidemment - le rôle de la pute, un peu ingénue, un peu paumée, mais toujours charmante. Même avec son ancien nez. On retrouve un jeune Philippe Noiret dans le rôle du père de famille un peu trop pris par son boulot, et Jean-Pierre Darras comme truand à la petite semaine. Un petit rôle pour Jean Lefèbvre pour achever le tout. Il ne manque que Noël Roquevert pour compléter le tableau.

    Le genre de film qu'aujourd'hui, on regarde avec le sourire de l'enfant qui vient de se repaître d'une bonne tétée maternelle. Ca a un charme suranné, innocent, qui nous laisse dans un cocon cotonneux et chaud. Gabin y est magistral, paternel, digne, drôle, Mireille Darc, avec sa voix mutine, on a envie d'y payer un picon bière au bal musette d'en bas de la rue. Et puis les beaux-parents, la duègne accrochée au pognon, le mari avec son sonotone et sa bouteille planquée dans l'aquarium, la mère de famille qui essaie par tous les moyens de faire virer Monsieur Jean Gabin, trop cher à son goût, et la cuisinière de la maison, qui tape un peu dans la caisse... Des personnages très vieille France (même si les comportements restent actuels !), contrebalancés par les jeunes. Nathalie, la fille de dix-sept ans qui fume dans sa chambre en écoutant de la musique de yéyés sur son pickup (mais aux manières de fille de treize ans, qui joue à la marelle à dix-sept ans ??), et Alain, l'étudiant en sciences politiques qui roule des mécaniques et n'est pas très sérieux pour son avenir... Les années soixante, en gros. Où au bistrot, la serveuse annonce au cuistot une andouillette, un petit salé aux lentilles et une omelette, et le patron laisse la bouteille aux clients, car il leur plait, son petit vin.

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    Heureusement, Jean Gabin s'en tire à la fin, en jouant un bon tour aux profiteurs, et tout le monde rit. Nous aussi. On écrase une larmichette et on émerge de la gaze, on se souvient à quelle époque on est, et que les fascistes au pouvoir sont à la porte pour nous écraser et faire que ce monde passé ne soit plus qu'un souvenir, que la gégène finira par effacer. On serre le poing et on se jure qu'on ne se soumettra jamais à ces chiens. On sera comme Jean Gabin, digne, droit, et on mourra en se faisant appeler Monsieur.

  • Ray Harryhausen le titan des effets spéciaux

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    J'ai reçu ce DVD suite à un concours auquel j'avais joué, sans grand espoir de gagner... Eh bien belle surprise dans la boite aux lettres pour finir cette année 2013 ! Tout en sachant que 2014 sera pire...
    Un DVD en tout cas bien sympa, une belle initiative et ici, un truc très complet, qui mérite bien un petit mot dans la Crypte !

    Ce documentaire sur Ray Harryhausen - doit-on encore le présenter ? - est le fruit d'un travail de plusieurs années de la part du réalisateur Gilles Penso, qu'a rejoint Alexandre Poncet, en temps que producteur. Le film est sorti au début 2013, et a été dispo avec le magazine Mad Movies. L'édition qui nous intéresse aujourd'hui est une édition 2 DVD, qui rassemble le film, et une chiée de bonus, que nous détaillerons plus tard.

    Le documentaire présente le travail du spécialiste des effets spéciaux old school, non pas le créateur de la technique stop-motion, mais le continuateur, puisque cette technique était utilisée dès 1933 par Willis O'Brien dans King Kong. Le stop-motion, c'est la prise de vue, image par image, d'éléments dans différentes positions, pour créer une séquence, qui sera intégrée dans le film, à part, ou en plus de l'action filmée avec des acteurs. Les squelettes de Jason et les Argonautes, le Cyclope de Sinbad, la Méduse du Choc des Titans, les dinosaures de One million years B.C, c'est le travail de fourmi, acharné, de Ray Harryhausen. Autant dire que ça a influencé un paquet de réalisateurs, interviewés dans ce DVD, qui ne tarissent pas d'éloges sur le maître, et y vont de leur petit hommage. Et effectivement, preuves à l'appui, on constate que quasiment tous les films "modernes" (on va dire comme ça, hein, avec les images de synthèse) s'inspirent ou repompent directement les créations de Harryhausen. C'est à se demander ce que les réalisateurs de maintenant créent réellement, eh eh. De Spielberg à Peter Jackson, en passant par Joe Dante, James Cameron, sans compter les responsables des effets spéciaux, dont le pas moins fameux Phil Tippett nous en apprennent un peu plus sur leur travail, comparé à ce que faisait Harryhausen, décédé en 2013, ultérieurement à la sortie du documentaire. Son interview ainsi que celle de sa fille nous en apprennent sur ses techniques parfois très artisanales et débordant dans la cuisine familiale !
    Hormis les repompages de séquences, les réalisateurs et responsables des effets spéciaux parlent beaucoup du travail actuel, par ordinateur, et plusieurs pointent la prédominance des CGI, comepiouteur génératède imadgiz, et la débauche d'effets, qui finit par tuer l'effet, justement, en comparant avec la simplicité (toute relative hein) des figurines articulées, mais animées avec génie. Quand on voit les trucs en latex, y a de quoi sourire, mais faut bien reconnaître que les effets ne jurent pas dans ces films, et que ça fonctionne. En même temps... J'ai vu le Choc des Titans et Jason quand j'étais gamin, et le premier film qui utilisait des effets spéciaux par ordi, c'était Abyss (oui, je n'ai pas dit Tron !), bluffant, mais ce qui a vraiment marqué le début des hostilités, c'était Terminator 2 et après Jurassic Park. Or qui a eu 12 ans avant ces films, n'avait que les effets en stop-motion comme référence. Un gars de 18 ans maintenant trouverait ça certainement ridicule, dépassé... et retournerait glander sur Facebook ou twitter pour passer le temps du vide de son existence sans culture...

    Bref. Ce documentaire est tout de même réservé aux fans de cinéma fantastique, d'effets spéciaux, et de magie. Le deuxième DVD de cette édition collector contient toute la matière qui n'est pas dans le film. Les interviews complètes, coupées, non présentes dans le film, extraits de films et bandes annonces, première du film à Londres... Une manière de rien laisser de côté pour les réalisateurs qui se sont donnés à fond. Pas forcément indispensable, mais ça a le mérite de l'exhaustivité et de vraiment faire le tour de la question. Notons également une interview des réalisateurs, qui exposent leurs motivations et le process général, et une version commentée du film. Bon... autant les 15 minutes d'interview sont intéressantes, autant je n'ai pas suivi le film commenté, parce que bon... je ne suis pas sûr de vraiment voir l'intérêt là. Une suite d'interviews montées avec des images d'époque, extraits de films... faut vraiment en vouloir pour en écouter des commentaires. Surtout que le DVD bonus comprend tout ce qui a mérite d'être rajouté.

    Deuxième bref pour conclure cette note. Un documentaire qui plaira à tous les fans de cinéma fantastique old school, et surtout... une réalisation française ! Ca méritait d'être dit !