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La Crypte du Chat Roux - Page 9

  • SABBATH ASSEMBLY - Eno ot Derotser

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    Voilà bien quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas. Heureusement que je regarde ma boite de spams de temps à autres, pour y trouver un mail de Svart Records, et leurs nouveautés.
    Qu'y vois-je ??? Une cassette de Sabbath Assembly. Qui ressemble étrangement au titre du premier (et seul bon) album du groupe. Un espoir ? Entendre à nouveau la voix envoûtante de Jex Thoth ? Celle-ci ayant laissé tomber le groupe pour laisser place au travelo/transsexuel/artiste happening (youpi !) Porridge de Throbbing Gristle, et accessoirement parce que les anciens membres de la secte étaient finalement pas si enchantés qu'on leur rappelle leur passé un peu honteux au travers de ce projet, il y avait peu espoir de la réentendre au sein de Sabbath Assembly. En plus, elle m'avait avoué qu'elle préférait rester éloignée du cirque hipster autour duquel le groupe semblait s'attacher... Encore une raison de plus d'adorer cette fille !

    Bref, qu'est-ce que ce Eno ot Derotser ? Restored to One à l'envers, une démo ? Oui. Enfin... l'enregistrement date du 21 août 2009, quand l'album a été enregistré fin décembre/début janvier 2010. On peut penser que c'est une démo, une répét' sur laquelle le label se décide à faire un peu de blé avec une version cassette limitée à 300 exemplaires.

    D'appréhension, j'insère la cassette dans le lecteur... Du souffle, et ça commence.
    Et là, c'est une baffe dans la gueule. La deuxième, celle de l'autre joue, comme dirait Jésus.

    Ce qui peut apparaître comme une démo est presque comme un autre album. Une revisitation de Restored to one. Non, en fait, Restored to One est une autre instrumentation du projet initial.
    On retrouve quasiment tous les morceaux de l'album, mais dans une version que je ne qualifierai pas de "travail" (bien que "Glory Hallelujah" s'éternise un peu, en rajoutant divers effets, comparé à la version album), mais plutôt comme un choix d'instrumentation différente. La première version inclue des éléments un poil plus rock/noise que la version définitive.

    Je parle d'instrumentation, car le chant de Jex reste le même. Très peu de variations à noter. La seconde voix n'est pas assurée par la dénommée Sophie (sur internet on trouvera Sophie Gonthier, je laisse les enfants des années 80 trouver l'origine de ce pseudo !) mais je pense par le/la Genesis Porridge (j'ai fait mon enquête le cul dans le fauteuil, j'ai trouvé des photos sur internet qui orientent vraiment sur cette piste).

    La première écoute du vinyl de Restored to One m'avait laissé sur le cul (comme disait Marie, la mère de Jésus, quand elle apprit qu'elle était enceinte), par un son et un feeling comme qu'on dirait sorti des années 60. A l'écoute de la cassette, on n'a pas cette impression d'avoir un enregistrement qui daterait de plusieurs dizaines d'années (ou alors ce sentiment s'est émoussé en moi). Ca n'en donne que plus l'impression d'avoir deux versions d'un même album.
    Proprement indispensable !

    J'imagine que la version cassette limitée n'est pas destinée à être rééditée en vinyl. Quoique, on ne sait jamais, ce ne serait pas la première fois qu'un label se dédit. Je ne serai pas contre, en même temps.
    Quelle magie se dégage de ces enregistrements !

    Personne n'a encore piraté l'enregistrement pour le mettre sur youtube, assez dur donc de vous faire partager la chose, mais en même temps, tant mieux, car d'un certain côté, il faut mériter de pouvoir entendre ça, et cette chronique n'est qu'un pied à l'étrier. Mais bref, voici un extrait de l'album Restored to One :

     

    Il doit me rester deux ou trois copies de l'album en CD en distro :

    http://www.forgottenwisdomprod.com/catalog/product_info.php?products_id=3176

    Pour Eno ot Derotser, toutes les clés sont dans cette chronique pour vous le procurer !

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    ADDENDUM du 06 avril 2015

    Après avoir vu Jex Thoth, la chanteuse de cet album, lors d'un récent concert, et pu discuter avec elle de cette fameuse démo, pour en connaître les détails, j'ai su la vérité, peu reluisante pour le groupe, et le label Svart, si complice qu'il soit.

    Cet enregistrement n'est pas une démo préparatoire à l'album, mais un assemblage d'enregistrements différents, complétés après l'album ! Jex Thoth m'a assuré que ce n'est pas un "véritable" enregistrement, mais bien un montage. Peu honnête envers le public, et également pour Jex, qui n'a pas été consultée à ce sujet ! Ni payée. Bref.

    Pas terrible comme pratique, mais qui n'est pas inhabituelle dans le monde de la musique (et du business, surtout).

    Il n'en reste pas moins que cette démo est excellente et montre un autre aspect de l'album, réorchestré. Seule la genèse en est modifiée. Vous voilà informés.

  • Quorthon : 1966 - 2004

     

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    Et voilà, mine de rien, ça fait dix ans que Quorthon nous a quittés.

    On est tous d'accord pour dire que c'est Venom qui a inventé le Black Metal, mais sans Quorthon, pas de Báthory, et pas d'influence immense sur toute la scène Black Metal qui a suivi dans les années quatre vingt dix, pas de scène Viking Metal non plus.

    Tout n'a pas été bon dans Báthory, surtout après Twilight of the Gods. On peut arrêter la discographie du groupe à ce dernier album, mais il ne faut pas négliger Blood on Ice qui, bien que complété a posteriori de son écriture après Blood Fire Death, est l'album Viking Metal le plus réussi de Báthory (même si largement pompé sur Manowar !), et même les albums jumeaux Nordland I et II. Bien qu'ils n'aient pas la fougue d'un Báthory version viking plus jeune, ils restent des bonnes pièces épiques.

    Parait-il que Boss, le père de Quorthon a encore dans les tiroirs pas mal de bandes du groupe restées inédites... On peut retrouver certaines démos et chutes de studio dans les quantités de bootlegs qui sortent et ressortent, avec toujours le même engouement...

    Ce soir, j'opte pour Blood Fire Death, un choix presque au pif, mais mon premier Báthory, et en quelque sorte, l'album synthèse du groupe. Salut Tomas Forsberg, hail Quorthon !

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  • La Comtesse de Sang - Maurice Périsset

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    La comtesse de sang, c’est Erzebeth Bathory, bien sûr. Celle qui a inspiré Bram Stoker pour son Dracula – en partie seulement, car les légendes locales des Vourdalaks/Volkolaks et autres créatures de la nuit suceuses de sang avaient déjà court, et influencé la littérature. Relisez ma chronique du Château des Carpathes de Jules Verne pour vous en convaincre !
    Une comtesse sanguinaire qui était le pendant hongrois de notre bon vieux Gilles de Rais national ! Une meurtrière qui a laissé derrière elle nombre de cadavres et dont la légende prête des cruautés particulières.


    Le roman de Périsset débute par une biographie rapide, et situe Bathory dans le contexte de son époque. Il y évoque même la possibilité qu’elle fut épileptique, ce qui expliquerait ses crises de folie.
    Quand le roman débute, adieu le factuel et le travail d’historien. Périsset n’écrit pas une biographie, mais bel et bien un roman inspiré de la légende de Bathory, retraçant sa vie, de son enfance troublée par le viol et la torture de sa tante par les Ottomans, à sa mort solitaire, emmurée dans la prison de ses appartements. Entre les deux, c’est un sommet de tortures, de perversions, de sorcellerie, et de lesbianisme. On se croirait dans une bédé de chez Elvifrance !
    Aidée de son âme damnée qu’est le nain Fizcko, des sorcières Darvulia et Dorko, elle va torturer nombre de jeunes filles, avec une cruauté et une barbarie sans nom. Piquant les filles avec une aiguille, leur coupant les veines du cou avec une pince, les enfermant dans une vierge de fer, elle va lécher le sang, le recueillir et se baigner dans des baquets remplis du précieux liquide. L’auteur n’hésite pas à rajouter une couche d’érotisme, Erzebeth Bathory n’hésite pas à coucher, alors veuve, avec quelques bellâtres aristocrates, et surtout, à tripoter les jeunes filles qu’elle massacre, pour assurer la jeunesse de sa peau.
    A ne pas lire donc dans un esprit de vérité historique, mais comme un pulp, comme un fumetti, voire comme la version littéraire d’un film de la Hammer bien déluré !

    Par contre, j’ai trouvé la faille dans le livre. L’endroit où Maurice Périsset a oublié à quelle époque se passait l’histoire. Page 155, « décidé à en avoir le cœur net, il prit une torche dans un tiroir, se ravisa. »
    Alooooooors, on est sensé être en 1610, à peu près, et chercher une torche dans un tiroir pour aller voir ce qui se passe dans une crypte, ça semble un peu anachronique. Une lampe torche avec une pile, en 1610, comment dire… Parce que bon, une torche dans un château hongrois qui sert de forteresse contre les armées ottomanes, ça ressemble plus à un gros bâton avec du feu au bout, et ça tient difficilement dans un tiroir. Ou alors, c’est une bougie. Mais une bougie, c’est pas une torche, forcément, c’est une bougie ! Non, mais y a que moi que ça étonne, ce détail ??

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    - Gérard, quand tu auras fini avec la torche, tu penses à la remettre dans le tiroir ?
    - Oui ma louloute !

     

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    Fig. b : exemple de tiroir

     

    Báthory, vu par des Hongrois :

  • La sanglante Vie du Baron Ungern Von Sternberg

     

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    Attention, document exceptionnel !! Les derniers écrits qu'aurait laissés le baron Ungern von Sternberg, en prison, entre son procès et le moment de son exécution... Un manuscrit retrouvé en Russie, déclassifié des archives du KGB... Véritable testament, ou faux qui résonne comme un hommage ? Dur de le savoir réellement.

    L'éditeur sous-titre : "le testament d'un antisémite qu'Hitler admirait". Il espère certainement surfer sur le succès de Dieudonné, auprès de ses fans pour attirer le chaland, eh eh eh, ou simplement trouver une parade contre les censeurs pour pouvoir publier ce court livre d'une centaine de pages.

    Une courte centaine de pages, mais où chaque page claque. Chaque page résonne comme les mitrailleuses des trains blindés, comme les fouets des cavaliers, comme les sabots de leurs chevaux, comme la noble haine qu'incarne Nikolai Robert Maximilian von Ungern Sternberg, baron balte au service du tsar, devenu dieu de la guerre en Mongolie.
    Un destin incroyable pour ce personnage issu d'une longue lignée de guerriers. Le récit revient sur quelques-uns de ses hauts faits, et surtout, sa haine des Bolcheviks, et des juifs, son mépris pour les Slaves, et l'admiration qu'il suscita chez les descendants de Genghis Khan.

    Un récit fort, cruel, sans pitié, mais emprunt de poésie païenne, influencée par la fierté mongole, et leur environnement sauvage.

    Quelques extraits :

    "Il m’est souvent arrivé de partir galoper seul dans la nuit. Pourquoi en aurais-je peur ? Je suis avec les miens. Avec les loups qui hurlent. Avec les squelettes des cadavres que je leur ai offerts. Là-bas, dans la forêt, j’ai un ami. Un corbeau niché dans un arbre. Je vais le voir fréquemment. C’est un oiseau de mort. Que suis-je d’autre ? Il m’est reconnaissant. Je suis son père nourricier puisqu’il peut picorer dans les orbites des cadavres que les loups n’ont pas entièrement dévorés. Un jour il lui est arrivé malheur. Je ne l’ai pas trouvé. Et ce malheur s’est abattu sur moi. La branche sur laquelle il m’attendait d’habitude était vide. J’ai compris alors que ma vie touchait à son terme. Et qu’il me fallait rejoindre le corbeau. Il m’attend sans doute dans les profondeurs abyssales de Thulé. Nous repartirons de là-bas pour ma dernière et sanglante chevauchée. Notre chemin sera tapissé de cadavres. Il ne manquera de rien."

    "J’aime les bêtes sauvages, ai-je dit. Sipaïlo était ma bête sauvage. Ce que je faisais par devoir, il l’effectuait par plaisir. Un chien féroce et jamais rassasié. Il tuait, violait, torturait, poussé à cela par de sombres pulsions pathologiques. Un fils de pute, certes. Mais mon fils de pute."

    "Un philosophe français, Descartes, a dit « je pense donc je suis. » Dans les milieux frelatés et moisis de l’intelligentsia russe, on affecte d’y voir la meilleure définition de ce que peut être un être humain. Non, non et non. Penser est une lâcheté. Une activité tortueuse. Penser corrompt l’âme et tue ce qu’il y a de plus noble en l’homme : l’instinct. Moi je ne pense pas. Je sais. Je sais sans hésitation. Aussi sûrement que la nuit succède au jour. Avec autant de certitude que je sais que le fer et le feu réchauffent l’âme du guerrier. Comme je sais qu’un nain ne sera jamais un géant et que les esclaves n’ont pas vocation à devenir des maîtres."

    "Oui, je serai ce cavalier. Ma tête restera a Thulé. Et moi, ange de la terreur, je galoperai sans fin sur mon cheval. Je sillonnerai de jour les rues d’Ourga et je glacerai d’effroi les Rouges qui dominent cette sainte cité. J’irai plus loin. Je traverserai la Sibérie. Je connais le chemin pour l’avoir déjà fait. J’entrerai dans Moscou, faisant fuir la populace apeurée. Je chevaucherai dans Petrograd, ville maudite car nid de révolution, et les foules apeurées se jetteront dans la Neva. Jamais je ne m’arrêterai."

    Faux ou pas, ce récit nous renvoie à des récits épiques à la Robert Howard, à la philosophie de l'acier et du marteau, et c'est un réel plaisir à lire. Pas de regrets, pas de pitié, un héritage millénaire, une destinée tracée pour ce baron sanglant.
    L'initiateur du livre, Benoît Rayski - qu'Ungern aurait détesté doublement ! - livre une préface et une postface pas forcément intéressantes, en regard du récit lui-même. Il n'évite pas la comparaison et le rapprochement avec les nazis et Hitler, qui en ont fait un héros de leur mythologie. Ungern, un modèle pour Hitler, dans son éradication des Rouges et des juifs... Je pense que c'est plus que ça. La mystique du personnage, le guerrier païen issu d'une race de guerriers, élu par Dieu pour imposer un Ordre à l'Europe, au monde, une mission quasi-divine, voilà ce que représentait Ungern pour Hitler. Un prophète, un avatar. Et ce, bien au-delà d'une lutte viscérale contre un parti ou une religion. Contre le monde !

    Voici la présentation du livre par Benoît Rayski. On reconnaîtra la voix de l'intervieweur en la personne de Jean Robin, qui se trouve également être l'éditeur du livre.


    Benoît Rayski présente une autobiographie du... par enquete-debat

  • RIP HR Giger

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    Triste nouvelle ce matin, à l'annonce de la mort de Giger, après une mauvaise chute.

    On se souviendra des œuvres incroyables de l'artiste, qui en auront inspiré beaucoup. Autant de films, de pochettes d'albums qui portent sa patte...

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    Autant peintre que sculpteur, que plasticien, son œuvre "bio-mecha" est incroyable, empreinte de vision industrielle et d'érotisme. La forme ovoïde revient souvent dans ses créations, qu'on retrouve dans la tête de l'Alien, des crânes d'enfants, des phallus...

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    J'ai eu la chance de visiter son musée à Gruyères il y a quelques années, on y passerait des heures...
    Face à ses œuvres plastiques, on se rend compte de la matière, du relief, et du travail effectué d'assemblage des diverses pièces, qui crée l'ensemble. Espérons que le musée lui survive !

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    Le musée à Gruyère (photo Wikipédia)

  • Malevil

     

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    Qu'est-ce qui arrive après un conflit nucléaire ? Après que la bombe ait pété, il se passe quoi ?
    Au Japon, on sait. Il reste un gros tas de vide, et des ombres sur un bout de mur cassé. Dans l'océan pacifique, poisson frit au repas pendant plusieurs semaines. Aux USA, un frigo permet de se protéger de l'explosion, même si projeté à des dizaines de kilomètres, on en sort indemne. Au moins en Arizona. Pour une métropole, il reste pas grand chose, mais au moins les bouquins d'une bibliothèque sont nickels. Attention à pas se prendre les pieds dans les décombres sinon on en casse ses lunettes et c'est la quatrième dimension. Dans l'arrière-pays, les gens doivent prendre la route à pied pour rejoindre des points de ralliement hypothétiques. En Australie, les survivants sont des espèces de punks homos qui cherchent de l'essence pour aller taper de la gonflette, ou casser de l'ex-flic.

    Bien, mais... plus proche de nous ? Parce que moi j'habite à la campagne, je vous ferai dire. Y a pas de désert, la bibliothèque c'est une médiathèque et sans électricité, ben ça retire de son intérêt et les bouquins... pas sûr qu'il y ait un vrai grand choix. Et pour s'y retrouver, sans un système de fiches percées, sur un système de tringles... chaud chaud. Enfin j'aurais le temps de chercher, vous me direz.

    Bon bref. En France, dans la cambrousse, si ça pète, comment ça se passe ? Malevil vous l'apprendra. Ce film de 1981, adapté du livre de Robert Merle (qui semble-t-il, aurait été déçu du résultat cinématographique, éloigné de sa propre version. N'ayant pas lu le livre, je me contenterai de hausser les épaules et de le rajouter dans la liste des "à lire". A lire avant ou après une bombe nucléaire, je vous laisse cogiter), avec un casting plutôt pas mal (Michel Serrault, Jacques Villeret, Jacques Dutronc, Jean-Louis Trintignant), place l'action dans un village du sud-ouest de la France.

    Le maire du village, Michel Serrault, retrouve quelques personnes dans la cave de son château pour un projet concernant la municipalité, un sombre projet de lampadaire devant chez le pharmacien... Arrive l'idiot du village, Jacques Villeret, avec sa radio portative qui braille les nouvelles pas très réjouissantes d'un monde en crise. Survient une panne de courant, même la radio s'est éteinte. Puis, un grondement suivi d'un souffle terrifiant, assourdissant, et une chaleur infernale, étouffante, qui fait s'évanouir la poignée d'habitants.

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    Après s'être réveillés de ce cataclysme, les survivants remontent à la surface pour découvrir un paysage transformé. Le château est une ruine, la terre est brûlée. L'hiver nucléaire s'installe...
    Miraculeusement, quelques animaux ont survécu. Un cheval, une truie et sa portée... Le vétérinaire aura survécu, ainsi qu'une jeune fille, qui s'était réfugiée dans une grotte. La petite communauté, coupée de toute vie extérieure, et sous le commandement du maire, va subsister, et essayer de reprendre vie, guettant quelques signes d'espoir, entre un pépiement d'oiseau, et le retour des abeilles. Relativement épargnée par les radiations, la nature va reprendre ses droits, et au retour du printemps, les semences auront poussé. Attirant par là un nouveau problème... d'autres survivants, devenus complètement fous, que les villageois devront chasser au fusil, allant jusqu'à les tuer. Une décision lourde à prendre, mais qui en va de la survie de ce groupe d'hommes.

    Ces nouveaux survivants ne sont en fait pas les seuls. D'autres survivants, moins fous, quoique, vivent également, pas très loin. Réfugiés dans un tunnel, dans une rame de train, ils sont dirigés par un despote, promu directeur, gourou, prédicateur, chantre d'une nouvelle humanité qu'il régit d'une main de fer.
    Un nouveau danger que nos habitants de Malevil devront régler, pour enfin trouver une paix sociale, un espoir de vivre après l'apocalypse. Une utopie que viendront briser par le bruit de leurs rotors des hélicoptères militaires, obligeant les survivants à quitter la terre contaminée. Des hommes déshumanisés, en combinaison, dont on ne saura pas de quel camp ils sont, s'ils sont amis ou ennemis, et où ils emmènent les villageois...

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    Malevil est un film lent, mais sans longueurs, avec une certaine économie de moyens, on ne voit pas une explosion nucléaire spectaculaire, mais on vit avec les acteurs un évènement incompréhensible sur le moment, et la découverte d'un monde ravagé. Les survivants, en bons paysans, en hommes de la terre, ne restent pas les bras ballants à attendre la mort, mais encaissent ce coup et continuent de vivre. Un peu comme une saison sans récolte, mais en vachement plus rude. Ils ne posent pas vraiment la question d'être les seuls à avoir survécu. Ils essaient de contacter l'extérieur avec une radio, et la lettre du neveu, expédiée d'Australie laisse planer le doute d'un cataclysme mondial, ou pas. Seuls les habitants du tunnel croient être les seuls survivants et les nouveaux Adam et Eve d'un post-monde.
    Malevil reste assez lugubre, avec une atmosphère glauque. Il est à part dans la filmographie des films post-apocalyptiques, si on les compare rétrospectivement. Il sonne tout de même très français dans sa réalisation et sa direction. Toutefois, la scène des survivants fous me rappelle la Planète des Singes, quand Charlton découvre sur ce qu'il croit être une autre planète, des hommes, rendus à l'état de bêtes. Cette déception de rencontrer d'autres "soi", mais qui sont en fait différents, des coquilles vides, créant ainsi une solitude du rescapé, finalement seul au milieu de semblables qui ne le sont que par leur apparence.

    On passera sur les conséquences atténuées de la catastrophe radioactive, pour permettre à l'histoire de ne pas rester un huis clos sans issue. Une paix écologique contrebalancée par la fin sans espoir, avec le retour des militaires, ces hommes qui ont provoqué ce chamboulement, et qu'on croyait disparus, ils reprennent les survivants à leur liberté gagnée sur la bombe, sur la mort, pour les réintégrer dans ce système mortifère.

    Bref, un bon film qu'on ne voit pas passer à la télé, et qui mérite d'être regardé !