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La Crypte du Chat Roux - Page 23

  • Fräulein SS - Kurt Gerwitz

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    "Un document explosif !! Tout ce que l'on n'avait pas encore osé dire !..."
    C'est ce qui est écrit sur la couv. Rien de moins. Même Minette en est restée toute esbaudie.

    Ah ! Les éditions Gerfaut ! La seule maison d'édition qui a osé dévoiler des documents on ne peut plus véridiques, sur les agissements sexuels des jeunes hitlériennes, ou sur les exactions nazies (et bolchéviques, comme ce jeune tovaritch qui n'hésita pas à trombiner une lépreuse, dans Ouragan sur Kiev, raconté par Hans Klüber), dans un pur souci historique. Merci Gerfaut, maintenant nous connaissons la vérité. Et elle fait peur. Elle donne envie de voter pour des gens qui ont un patronyme de pays !!!

    Ah ah ah ! Ah là là, non mais alors, qu'est-ce qu'on rigole ! Ah Gerfaut... plus putassier, hein... Sous couvert de faits historiques révélés, des excuses en fait pour raconter des histoires de guerre, de batailles, bien arrosées de cul et de sadisme... sapphisme, domination, sur fond de rafales de MP40. Réjouissant programme !! Une heure à tuer, hop, un Gerfaut ! Lecture facile, histoires prévisibles, et toujours ce petit fond de luxure... et à y rajouter, un ton généralement assez cynique envers l'ordre militaire... on n'est pas dans du Sven Hassel à ce niveau là, mais les Kurt Gerwitz, Hans Klüber... des prête-noms de tâcherons anarchistes à la solde d'éditeurs peu scrupuleux, paraît même que Klüber (Enrique Sanchez Pascual de son vrai nom, olé !) arrivait même à écrire un tome en une journée !! Une recette éprouvée dirait-on...

    Revenons en rapidement à Fraulein SS. Un titre qui déjà fait marrer tout le monde, vu que les rangs des SS n'étaient pas ouverts aux femmes... enfin, mettons de côté les auxiliaires, mais bref. Notre mademoiselle SS ici, c'est Erika, une jeune fille en fleur qui n'a qu'un amour, Adolf. Un amour tel, qu'elle fera son possible pour le rencontrer et qu'il lui sussure Mein Kampf dans le creux de l'oreille... Tout à fait sérieux, n'est-ce pas ? Ah ah. Autant qu'était sérieux Inglorious Bastards, ou même Inglorious Basterds. Ouais, Tarantino a fait un Gerfaut, quoi. Je parie qu'il ne le sait même pas ! Mais ses aînés, tâcherons italiens enchainant les tournages pour gagner leur croûte, passant d'un western à un film de zombards, d'un film érotique à moustaches à un film de guerre, ils ne furent que les pendants cinématographiques des auteurs de Gerfaut !

    En tout cas moi ça m'éclate, ce genre de trucs. On sait où on va. Euh, moi je sais où je vais, mais certains ? En faisant quelques recherches sur internet, je suis tombé sur le blog d'un... ben d'un con, voilà. Un mec qui a cru que c'était sérieux... Un mec qui tombe sur le bouquin au hasard dans une bourse aux livres (un peu comme moi en fait), et qui y croit à mort, sur le coup. Le mec, tout de même un peu dubitatif, écrit "Je me lance dans une investigation", dans sa note, pour ensuite débiner l'auteur et partir dans une diatribe contre ce qu'il considère comme des communistes, en gros. Il y va même de détails du mec qui s'y connait : "Ce mécanisme en psychologie est connu sous le nom d’inversion accusatoire. Elle consiste à projeter sur ses victimes, ses propres tares ou déviances."
    Inversion accusatoire. Bon, à lire le blog, on comprend vite où se situe le mec au niveau politique, et ce qu'il cherche à défendre. Il réussit même à avoir un commentaire de quelqu'un à qui on a forcé ("on", ben un communiste en fait) à lire un de ces livres, quand la "victime" avait 10 ans.
    Ben mon cochon, il est où le libre arbitre là dedans ? Y a personne pour être assez malin pour comprendre dès la couverture (en général bien dans le ton du bouquin) de quoi il en retourne ? Personne pour s'interroger sur les évènements pas toujours raccord avec la vraie Histoire ? Personne pour mettre en doute ces bouquins (plus que les livres d'Histoire officielle qui par moments, sentent la mauvaise foi !) ? Et surtout personne pour se dire après avoir refermé le livre "tiens c'était sympa ce truc, je vais voir si je vais m'en trouver un autre, si possible encore plus débile" ?

    Alors, si ces gens là avaient maté Inglorious Bastards (de Castellari, laissons tomber Tarantino), ils n'auraient pas marché. S'ils avaient lu une bédé Elvifrance, ils n'auraient pas marché. Mais par contre un livre, tout de suite, c'est plus respectable, là on ne fait pas marcher sons propre sens critique ?
    Quelle bande de glands... Je ne vous mets pas en lien le blog de l'autre couillon, j'ai pas envie de lui faire de la pub. A Gerfaut, si. Parce que c'est du pulp, et moi j'aime bien le pulp !!

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    "Sans déconner ? C'était pas une histoire vraie ??"

  • Mad Max 3

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    Ma précédente lecture de Mad Max 2 m'a donné envie de me replonger dans l'univers post apocalyptique des films, et de revoir le troisième épisode, ça doit bien faire 15 ans que je ne l'ai fait...

    Dans mon histoire personnelle, ma mythologie personnelle, devrais-je dire, Mad Max 3 est le premier Mad Max que j'ai vu en entier. Et mon premier contact avec Mad Max, puisque le clip de Tina Turner passait au Top 50 et on voyait des images du film. Plusieurs années plus tard, j'avais enfin pu voir le film, et jouer du magnétoscope pour le revoir plusieurs fois, les mercredis et samedis après-midi...
    Le film était sympa, mais il manquait quelque chose... La vision du deuxième épisode changea bien des choses... plus vraiment de raisons de revoir ce Dôme du Tonnerre...

    Pourquoi ? En fait ce Mad Max 3 ressemble à un remake du 2, mais... plus grand public. Comme si George Miller s'était vu engagé par Hollywood pour refaire Mad Max 2, mais pour le plus grand nombre. C'est certainement ce qui a dû arriver, puisque les USA sont créditées, et plus simplement l'Australie.
    Beaucoup d'éléments appellent au remake déguisé... l'acteur Bruce Spence, le capitaine du gyroptère dans le 2, est un aviateur dans le 3, les Iroquois sont là, Angry Anderson de Rose Tattoo joue le rôle d'Ironbar, un mec encore plus énervé que Wes, et qui lui aussi percute le véhicule de Max. Dans la poursuite finale, un gamin voit les poursuivants aux jumelles, les retire, et oh surprise, un Iroquois se jette sur lui ! Comme Wes avec l'enfant sauvage ! Un motard fait une cascade en sortant de la route et en volant dans le vide. Le véhicule des fuyards n'est pas un camion citerne, mais un camion sur des rails de chemin de fer, poursuivi par une armada de véhicules customisés et désossés, menée par le véhicule du chef de la meute. A la fin, Max ne s'évade pas avec les innocents.

    Tout ça... comme dans le 2. Sauf que... sauf que là, la violence est vraiment atténuée. Y a des morts dans ce putain de film ? Euh, oui un ou deux. Enfin moins de dix. L'aspect le plus violent, meurtrier, reste le Dôme du Tonnerre, où, je le rappelle, deux hommes entrent, un seul sort. Vu qu'il y a pas de règles, la violence y est la plus forte, mais elle reste relativement contenue dans ce lieu fermé.

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    Mais ce qui sent le plus le roussi, pour cet épisode, c'est le cahier des charges imposé par le Hollywood de 1985, en pleine ère Goonies, Indiana Jones et le Temple Maudit, et autres E.T... des gosses. Des putains de chiards. Pas un, pas deux ! Mais des dizaines !! Si dans Mad Max 2 il y avait un gamin, il n'était pas destiné aux jeunes spectateurs afin qu'ils s'identitifiassent. Il symbolisait le désespoir de la situation, un enfant qui ressemblait à une bête, violente, un humain retourné à l'état de nature, au milieu d'hommes qui n'en avaient plus rien à foutre, coincé entre les hippies avec leurs pompes à pétroles et les gangs, avec leurs méfaits. Ici, ce sont bien des gosses qui ont leur propre civilisation, et surtout, des putains de dreadlocks à la con. Oh il y a bien un demeuré, le gamin qui ressemble au gratteux des Béruriers Noirs, mais s'il est isolé, il fait quand même partie de la communauté. Et pour couronner le tout, y a un nain.
    Un nain, des gosses, une violence amoindrie, une musique pouet pouet, et des scènes qui se veulent humoristiques !!
    Décevant.

    Il faut essayer d'aller au-delà de ça pour ne pas détester ce film. Sûr que si j'avais vu les films à l'époque, dans l'ordre, j'aurais détesté ce Mad Max 3, qui est le Kalidor de Conan. Oui dans Kalidor y a un gosse à la con qui se fout dans les emmerdes sans qu'on lui demande rien.
    Intéressons-nous à l'histoire du film. Dans ce qui semble être le futur lié à la fin du deuxième épisode, peut-être cinq ou dix ans plus tard, Max est toujours un homme errant, ayant troqué le tigre sous le capot pour des dromadaires devant le véhicule (qui n'est pas l'Interceptor d'ailleurs). L'aviateur lui vole son véhicule, l'emmenant ainsi vers Bartertown, une ville surgie de nulle part (Hollywood est passé par là, ça sent le grand Ouest américain, plus que l'aspect australien de la chose), canalisant les survivants du cataclysme, leur permettant de se regrouper, d'échanger, et de ne plus être dans une survie destructrice, l'autre n'étant plus forcément un danger. Les Iroquois forment une sorte de service d'ordre, une milice qui après avoir semé le chaos, fait régner l'ordre, commandé par le pendant féminin d'Humungus, Entité. Du chaos l'ordre naît... Il est intéressant d'ailleurs de voir que ceux qui organisaient le chaos auparavant, finissent par organiser l'ordre. Le temps n'est plus au pillage intégral, qui ne laisse que mort derrière soi. Ici, la violence est régie. On laisse ses armes à l'entrée, et les dissensions se règlent de manière définitive dans le Dôme du Tonnerre, qui est à la fois un jugement de Salomon, limitant les querelles, si on ne veut pas risquer sa peau, et à la fois une arène de gladiateurs, apportant de la distraction aux autres hommes.
    Un semblant de civilisation renaît donc. Le temps de la destruction est terminé. Vient le temps de la reconstruction. Le pétrole ne semble plus être une priorité. Il n'y a plus assez de véhicules pour que la quête soit vitale. Les hommes, dont Max, ont retrouvé les moyens d'antan, les animaux, dromadaires, chevaux, chiens, ou véhicules utilisant l'énergie humaine. Oui, des vélos.
    Une autre source d'énergie a été trouvée pour refaire vivre quelques éléments de confort. Le lisier a remplacé le pétrole...
    Les hommes se regroupent pour recréer la civilisation. Et puis, il y a cette oasis, perdue dans le désert, où ces abominables chiards et jeunes merdeux/merdeuses ont grandi, eux, coupés du reste. Nés après l'apocalypse, mais préservés de la violence. Enfants des survivants d'un crash aérien, ils vivent sans adultes, avec seulement les bribes d'infos que ces hommes ont laissé. Quelques dessins sur des parois, des inscriptions, et des objets, que les enfants et adolescents ont interprété à leur manière, après une tradition orale dont le message original s'est transformé au fil des versions...
    On aura vite compris l'antithèse des deux mondes. Un monde ancien, qui essaie de revivre, mais regarde vers l'avenir, en sortant de rien, et un monde neuf, qui lui ne demande qu'à retrouver un Eden perdu.
    J'ai dit Eden ? Et oui, la dimension christique de Max Max est importante, il est le messie attendu pour son retour, par les enfants, qui l'ont d'ailleurs représenté les bras en croix, pour supporter les enfants sur ses membres. C'est peut-être ceci qui est le plus intéressant du film, les enfants comme peuple qui a oublié, ou plutôt qui a perdu le savoir antérieur, et a transformé les éléments qui lui restent comme mythologie, dans un sens erroné.
    Difficile de ne pas faire le lien avec l'histoire de l'humanité, depuis les extraterrestres qui ont créé l'homme et lui ont donné des outils, et depuis les éons, ce savoir s'est perdu, et n'en est resté que les religions et mythes fondateurs. Le messie blanc des Indiens, le christ blanc des Vikings, le souvenir de ces extraterrestres grands, blancs et blonds et qui parlent allemand... Mais je m'égare... Relisez Robert Charroux pour la partie des extraterrestres, et la mythologie nazie pour les extraterrestres qui parlent allemand et qui viennent d'Aldébaran.
    Par contre, ces scènes de Mad Max 3 m'ont rappelé une nouvelle de Walter M. Miller (rien à avoir avec George Miller hein) que les auteurs du Matin des Magiciens avaient inclus dans leur fabuleux livre. En un rapide résumé, dans un futur hypothétique, un religieux exhume une boite, qui après examen semble provenir de Dieu lui-même, une relique, comme un moine des Croisades aurait trouvé à Jérusalem un artefact biblique, une boite contenant des inscriptions, signes et symboles, qu'il essaie de déchiffrer, devant d'autres frères plus désireux de ne pas essayer de comprendre, mais d'adorer tel quel. Jusque là, rien de bien étonnant, seulement on comprend que la boite est en fait une boite d'ouvrier, le genre qui contient le repas du midi, une publicité Coca Cola, la liste des courses fournie par bobonne, et un schéma de circuit imprimé... Une boite inhumée, retrouvée après des millénaires, un peuple qui a perdu le langage, la culture de l'époque... qui ne comprend pas ce qui est inscrit, qui y voit du divin, alors qu'il ne faut y voir que du bêtement trivial. Une nouvelle qui laisse à réfléchir, au même titre que le livre en entier, qui fait se poser des questions... un livre essentiel à l'éveil.

    Revenons à Mad Max 3. Le film n'est pas si raté, à y regarder de plus près. Il est intéressant, dans son aspect post-apocalyptique. Mais si l'on cherche les sensations fortes, vaut mieux rester sur les deux premiers épisodes... 

  • L'Antizyklon des Atroces - Georges J. Arnaud

    Derrière ce titre au jeu de mot tiré par les cheveux, se cache un épisode du Poulpe.
    Il est temps pour moi d'aborder la série du Poulpe, que beaucoup connaissent par l'adaptation cinéma qui date d'une quinzaine d'années.

    Le Poulpe, c'est une série policière initiée en 1995 par Jean-Bernard Pouy, qu'il a ensuite laissée à qui veut écrire un épisode, pourvu que le cahier des charges soit respecté : Le Poulpe, surnom de Gabriel Lecouvreur, à cause de sa grande taille et de ses longs bras (prière de le mentionner plusieurs fois par épisode). Il traîne dans un rade, le Pied de Porc de la Sainte Scolasse, et ça doit se chambrer entre les habitués et Gérard, le patron, un tantinet demeuré. Le Poulpe y trouve les enquêtes dans lesquelles il va s'engager, enquêtes qui doivent le mener partout en France, et même à l'étranger. Il a une copine, Chéryl, qui tient un salon de coiffure, mais en dehors de quelques échanges, elle n'a pas un rôle très important, puisqu'elle est toujours débordée.
    Autre règle importante, le Poulpe doit boire de la bière, et pas de la Kro, hein, faut y aller de la bière de trappistes et rajouter du détail, du rituel, c'est important.
    Ensuite, pour ses enquêtes, le plus souvent non payées, le Poulpe doit régulièrement se fournir niveau faux papiers, artillerie, chez un anarchiste espagnol ayant fui Franco. Le commissaire Juve du Poulpe c'est Vergeat, et les deux doivent se tirer la bourre autant que possible.
    Et ah oui, un des éléments essentiels des enquêtes, c'est que les méchants doivent toujours être liés à des milieux d'extrême droite, et inversement. L'ennemi c'est la droite, faut taper dessus, quitte à donner un peu dans la science-fiction (dans l'Amour tarde à Dijon, c'est un yakuza qui s'acoquine avec des nervis d'extrême droite pour faire ses sales besognes...) ou assez gnéralement, dans la mauvaise foi la plus complète.

    Chacun peut écrire un Poulpe, en respectant ces données de base, et le plus souvent, en incluant ses propres influences. Ca donne du bon, et parfois du mauvais (Touche pas à mes deux seins de Martin Winckler, à la base un médecin, qui forcément parle de son art, et qui transforme un épisode en plaidoyer pour sa paroisse). Les auteurs sont souvent issus du roman policier, et parfois journalistes, réalisateurs, ou comme dit précédemment, médecin... mais sont toujours à gauche toute.

    Ici, nous avons Georges J. Arnaud qui s'y colle. Je ne sais pas s'il a trouvé le jeu de mot en premier (ah oui j'ai oublié. Jeu de mot obligatoire pour le titre ! C'est dans le cahier des charges) et bossé l'histoire après, ou l'inverse. Cette fois, le Poulpe va être engagé par un ancien déporté pour enquêter sur les dessous d'une sale affaire. Pendant la guerre, une entreprise française sous-traitait pour l'IG Farben, dans la fabrication du fameux gaz insecticide ! Fermée depuis, il semblerait que des bidons se baladent dans la nature... et dans les villages proches de cette usine (qui semble un fait avéré), un mec louche aimerait bien faire revivre le troisième Reich et gazer les ennemis de la cause.
    Survivances de la deuxième guerre mondiale, extrême droite, infiltration des milieux politico-policiers, complot, on nage dans les heures les plus sombres de notre Histoire avec tout ça, et le Poulpe va mettre une gauche dans la fourmilière.

    Cet Antizyklon est un bon épisode du Poulpe, avec un sujet vraiment too much, mais c'est aussi pour ça qu'on aime la série !

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    Poulpe. Photo non contractuelle.
    Je dois racheter des piles pour mon appareil, alors en attendant,
    faudra se contenter de photos trouvées sur internet, plus ou moins en rapport !

    Allez, en sus, pour ceux qui n'auraient pas vu le film avec Jean-Pierre Darroussin, voici la bande annonce, ce film vaut des points, vraiment :

     

  • Mad Max 2 - Philippe Manoeuvre

    Max Rockatansky, le guerrier de la route... A bord de sa fidèle Interceptor, il pourchassait le gang des Aigles de la route... Puis le drame familial, et la guerre mondiale qui est tombée... Que reste-t-il de Max, le policier qui a décidé de changer de vie ?
    Dans Mad Max 2, notre héros est un anti héros, errant sans but, sans gloire, sur les routes infestées de bandes de sauvages, en quête comme lui du précieux carburant. Par un concours de circonstances, Max va s'allier à des survivants, retranchés dans leur enclave, forteresse produisant du carburant, à l'abri des assauts du Seigneur Humungus...

    Un laïus que tout le monde connaît, j'espère bien. Mad Max 2 est un film tellement puissant et choquant même... Cette vision ultra pessimiste du monde post apocalyptique, où l'homme est retourné à la sauvagerie, massacrant pour quelques gouttes d'essence... Un fantasme dans les années 80, bientôt une réalité en 2012 ? Un conseil les gars, trouvez-vous une maison avec jardin, faites un potager, élevez des poules, et procurez-vous un bon fusil... Il faudra bientôt défendre ses poules contre les renards de la forêt et les loups affamés de la ville... Digression à part, Mad Max fait partie des films qui étaient des fantasmes pour moi étant gamin, comme Conan le Barbare. Une photo alléchante dans Télé 7 Jours, mais un joug parental qui imprimait son veto sur la soirée... Quand un soir, mon père, tenant fermement la télécommande avait zappé, pendant la coupure pub, ou la scène un peu trop osée du film que l'on regardait, quelques images de Mad Max 2, l'enfant sauvage sur le capot, en quête de cette cartouche, les battements de coeur, et la surprise de la gueule de Wes, punk hurlant, et puis zapping de mon père. Argh !! Quelques années plus tard, je pus enfin voir le film en intégralité, et il reste encore un film phare pour moi.
    Du coup, ben j'ai lu le bouquin.

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    Vous pouvez lire sur la couv "scénario de George Miller & Terry Hayes", mais c'est surtout le "adaptation de Philippe Manoeuvre" qu'il faut retenir. Le Philippe Manoeuvre d'il y a 30 ans, hein, quand avec son pote Dionnet il était un chantre de la culture SF, bédé, musique rock avec du Metal dedans, pas l'espèce de rebelle sur le retour comme il apparait aujourd'hui... Adaptation, oui, enfin peut-être il a eu le scénar entre les mains, mais pour le coup, cette "novelisation", le gazier décrit le film comme il se déroule. Il a dû avoir une version en VHS à l'époque, pour pouvoir regarder et écrire en même temps ! A une époque où l'on peut faire une pause de l'image sur son ordinateur, d'une copie DVD promo en direction des journalistes, copie qui irrémédiablement finit sur les réseaux internet, se replonger en 1983 pour s'imaginer comment Manoeuvre a fait pour rédiger cette adaptation... Une autre époque quoi.
    Alors oui, pas de surprise. Le livre se lit quasi d'une traite, et pas besoin de s'imaginer grand chose, les images du film reviennent à chaque page.

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    Les seuls éléments qui vont au-delà de la simple évocation d'images, et c'est peut-être du fait que Manoeuvre a pu avoir le scénario en main, sont l'introduction, qui renvoie vers le destin de Fifi, ancien chef chauve de Max et amoureux des plantes, dans un univers où la guerre nucléaire a créé des mutants, et une description plus complètes des différentes bandes de sauvages qui ont rejoint Humungus. Les Iroquois, les Amocheurs Fous, les Gay Racleurs, ralliés à la cause de "l'Ayatollah des Rock and Rolleurs" (??? faut-il voir un rapport avec l'Ayatollah du Rock n'Roll, Mario Van Peebles dans le Maître de Guerre de et avec Clint Eastwood ???)

    Manoeuvre appuie aussi le côté barbare des méchants en les décrivant comme complètement drogués par du speed et autres amphéts... Touche "personnelle", connaissant la bête... Mais c'est vrai que ça ne fait qu'accentuer la psychologie des bad guys, comme dirait l'autre, c'est pas faux.
    Enfin, Manoeuvre approfondit la psychologie de Max en lui rappelant son passé, celui de flic, et le sort de sa femme et de son fils, qui l'ont conduit à une errance amnésique sur la route. Des éléments qui aident le lecteur qui n'aurait pas vu le premier film.
    Malgré tout, cet anti héros n'a guère besoin qu'on explicite son passé, il se suffit à lui-même. Il est le guerrier de la route ! Rien d'autre n'importe. 

    L'édition illustrée J'ai Lu inclut pas mal de photos tirées du film, en noir et blanc, sur une ou deux pages, de superbes illustrations d'un film culte. Il n'y pas grand chose à dire de plus !!!! Le bouquin n'apporte rien, mais ça reste un plaisir à lire, ça ne donne qu'une envie, faire péter le DVD et se remater cette putain de scène d'assaut sur le camion citerne !!! Mad Max !!!!!!

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  • La Passion selon Satan - Jacques Sadoul

    On doit beaucoup à Jacques Sadoul, des anthologies érudites sur les pulps comme Weird Tales, Fantastic Stories, Unknown... qui nous ont révélé des grandes plumes comme d'autres secrets bien cachés, mais également des participations à la fabuleuse collection J'ai Lu l'Aventure Mystérieuse... Avec Jacques Bergier, il est un peu l'un des pionniers à avoir découvert et fait découvrir en France nombre d'auteurs de SF et d'Heroic Fantasy. Un demi-dieu, en somme. Un mec qui doit avoir une bibliothèque à se damner... M'étonnerait même pas qu'il apporte le parchemin et le stylet pour justement signer cette damnation...

    Pourtant il aujourd'hui est moins connu pour sa propre production romanesque fantastique... débutée par La Passion Selon Satan, écrite quand il avait 25 ans.

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    Un roman de jeunesse, qui pourtant est le début d'un "cycle" (j'ai horreur de cette appellation), complété des années plus tard. Heureusement, ce tome se lit sans suite immédiate.
    Roman de jeunesse, certainement car on sent les influences, et les hommages. Roman de jeunesse, mais roman documenté tout de même. La table des matières se découpe de manière planétaire, alchimique et ésotérique... L'alchimie, la magie, voilà le sujet du livre. En France, fin des années 50, une jeune fille, Josette, se suicide. Oui, Josette, bon ça change du bourgeois anglo-saxon dans une ville balnéaire de Nouvelle Angleterre, hein. Au travers de son journal intime, et celui de son curé de confesse, la première partie retrace son histoire, sa curieuse métamorphose, l'emprise qu'a le mystérieux Joachim Lodaüs, sorcier immortel régnant sur le domaine de R. sur Terre, et dans les enfers des Hautes Terres du Rêve.
    Une première partie qui est complètement dans une veine Lovecraft. L'Affaire Charles Dexter Ward, ça vous dit quelque chose ? L'hommage rendu par Sadoul.
    La deuxième partie est différente. Changement de personnage, et d'espace lieu et temps... Voici Didier, l'ami de Josette, aidée par le démon Mylène. Alors oui, Sadoul est resté français jusqu'au bout hein. 1960 en même temps.
    Pour cette deuxième partie, on rompt avec l'ambiance Lovecraft, bien qu'on le retrouve quelque peu avec les chats d'Ulthar. D'ailleurs, le compagnon du sorcier n'est autre qu'un chat échappé du monde des rêves ! Mais ce monde des rêves me rappelle largement plus l'univers dans lequel la Jirel de Joiry de Catherine L Moore est plongée !! Avec un gros soupçon d'Edgar Rice Burroughs, façon Pellucidar. Nos héros échappent d'un piège pour tomber dans un autre. Une sacrée aventure !
    La troisième partie se déroule dans un style épistolaire et narratif, en faisant intervenir deux jeunes femmes, Marthe et Hélène, ainsi qu'un ancien dieu typiquement lovecraftien...
    La quatrième partie dévoile la confrontation du bien contre le mal, et le rôle plus actif du sorcier, dans une quête onirique et magique...

    Evidemment ce premier jeune roman n'est pas un chef d'oeuvre, mais il se lit sans déplaisir, au contraire même ! On sent la jeunesse de l'auteur, mais également ses références, déjà citées, auxquelles j'ajoute le lapin d'Alice, ou plutôt de Lewis Carroll ! Une oeuvre très respectueuse de ces aînés, un bel hommage, et à replacer dans son contexte, Jacques Sadoul est resté dans cette branche au fil des années, celle du Fantastique, que nous affectionnons tant. Gloire !

    Argh... en même temps que la rédaction de cette chronique, quelques recherches rapides sur internet m'ont emmené vers une étude du livre un peu plus poussée que la mienne, par un type largement plus éminent... eh eh, je n'avais pas prévu de rédiger la chro de la même manière, toute ressemblance est donc... fortuite ! Mais les grands esprits se rencontrent, dirait-on, puisque les auteurs cités sont les mêmes...
    http://www.noosfere.net/Icarus/livres/niourf.asp?numlivre=2146566245

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  • John Carter

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    Je vous avais parlé il y a quelques mois d'une adaptation cinéma du héros d'Edgar Riz Burroughs, John Carter, en priant les quatre Vents que ce ne soit pas un désastre... Mais après avoir vu la dernière adaptation en date de Conan, j'avais peu d'espoir... surtout quand Disney pose son logo énorme sur l'affiche...
    A quoi fallait-il s'attendre ? Un truc avec peu de violence, mais un montage ultra speed qui ne laisse rien comprendre de l'histoire, à vous filer la gerbe tellement ça bouge, tourne et qu'on sait plus où on est, un sidekick à grelots, l'inévitable gosse qui fout tout le monde dans la merde tout le long du film, gosse qu'il aurait fallu tout simplement laisser crever dans son coin tout de suite plutôt qu'il ne complique les choses ? Et je ne parle pas des quotas ethniques, trahissant le matériau originel vers un révisionnisme de la diversité ?

    Ben non, finalement. Il s'avère que John Carter (de Mars, puisque le film s'appelle comme ça) est une très très bonne surprise. Une surprise de classicisme. Une surprise de sobriété. Enfin bon, on est dans de la SF/Fantasy, et y a du pognon dans ce film. 250 millions de dollars. Ricains, hein, pas CFA. Alors ouais ça se voit. Vu que la moitié est en CGI, les habitants à quatres bras, les vaisseaux spatiaux, une partie des paysages, des décors... C'est super bien fait. Et en plus y a un charme rétro dans les designs, les mécanismes... c'est limite du steampunk heroic fantasy martien quoi. Les designers et réalisateurs ont collé à l'esprit vintage du truc, et pour ça, on a juste envie de leur faire un bisou sur le front pour les remercier. Possible que les spectateurs d'aujourd'hui, élevés aux Transformers et autres trucs tous speeds s'emmerdent devant ce John Carter, qui a un nom même pas trop cool quoi, un super héros qui a un nom de médecin urgentiste ? Un ancien soldat confédéré qui veut juste trouver de l'or ?
    Seulement voilà, ce héros aujourd'hui centenaire, il fonctionne plutôt bien. Alors oui, l'histoire peut paraître un peu désuette, les enjeux évidents, les situations déjà vues, et la réalisation manquer de folie, mais quoi merde. C'est classique, mais avec la liberté de l'informatique, le carcan des effets spéciaux écarté, c'est la vision normale des choses, sans vouloir à tout prix en foutre plein la vue. 
    La trame elle-même est fidèle à l'esprit de Burroughs, c'est à dire une suite d'aventures qui s'enchaine. Pas de repos. Un danger écarté, une nouvelle action arrive. Bon, le héros a quand même un peu le temps de souffler, contrairement à son cousin David Innes du cycle de Pellucidar, qui n'a pas le temps d'aller pisser qu'il en tombe tout le temps, des péripéties.

    Le film dure plus de deux heures, mais on ne s'ennuie pas un instant. On en oublie même le charisme pas folichon de l'acteur principal, on peut même se concentrer sur les nichons de la princesse de Barsoom. Pas vraiment de sidekick, le monstre/chien y fait office, mais reste largement supportable, et surprise... pas de gamin. Pas d'horrible chiard !!!! Même la gonzesse ne fait pas gaffe sur gaffe, elle sait se défendre... Non, franchement rien à redire ! Du Disney pour adultes !

    Et puis les scénaristes ont quand même réservé un bel hommage à ER Burroughs, en lui attribuant un rôle, celui du neveu de John Carter. Petite astuce de scénario, et hommage respecteux.

    A la vision de John Carter, on n'est pas ébloui. On a juste un vrai bon film de science-fiction retro/heroic fantasy. Mais en plus d'avoir un bon film, on a un film respectueux et presque anachronique. Pas étonnant qu'il ait fait un flop, mais les fans de pulp ont certainement réservé l'édition prestige en DVD...