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La Crypte du Chat Roux - Page 20

  • Anno Dracula - Kim Newman

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    En 1888, à Londres, le comte Vlad Drakul, alias Dracula la praline, euh, la canine, pardon, a échappé aux pieux de Van Helsing. S'imposant à la cour de la reine Victoria, il parvient même à l'épouser. En cette fin de siècle, dans la jet-set, être un vampire, c'est bath. C'est in. Le fin du fin de la dernière mode. Evidemment, les besoins en hémoglobine étant ce qu'ils sont, l'atmosphère devient assez vite insalubre... les remugles de la Tamise sont une bouffée d'huiles essentielles, à côté de ça. Heureusement, dans l'ombre, un mystérieux inconnu décime les rangs des prostituées vampires...

    Voilà la trame du premier tome d'Anno Dracula. Le Baron Rouge Sang nous propulse un peu moins de trente ans plus tard, en pleine guerre mondiale, où s'affrontent dans les airs les nouveaux chevaliers, les as, contre des vampires ailés... Le troisième tome, le Jugement des Larmes nous renvoie fin des années 50, dans un monde un poil réconcilié, où les vampires gradent une place dans le gratin mondain, et où l'on rencontre des agents secrets vampires au service de sa gracieuse majesté...

    Le topo est clair. L'auteur Kim Newman place les vampires dans une époque, en mélangeant tous les protagonistes de la dite époque, dans un seul et même scénario. Un crossover gothique pour le premier tome, où Jack l'éventreur croise le Docteur Jekyll, collègue du Docteur Moreau... Ceux qui ont aimé la Ligue des Gentlemen Extraordinaires ou même Van Helsing devraient apprécier cette grande réunion de famille... le côté comics en moins. Un crossover fin XIXe siècle qui pourrait sentir le réchauffé, le sujet est porteur, pourtant ça fonctionne. Transporté en 1918, le baron Richthofen est une créature ailée armée de mitrailleuses, chasseur dans des duels aériens avec les humains, et on y croise Edgar Poe, Mata Hari, Jules et Jim... qui est vampire, qui ne l'est pas, quels sont leurs rôles ? Tous en ont un. Et enfin, en 1959, quelle est la place des vampires dans Hollywood ? De quel côté se situe Orson Welles ? Et pourquoi Bond est-il un vampire ?
    Il semblerait qu'un nouvel épisode soit en cours d'écriture, "Johnny Alucard". Mais depuis la parution des trois premiers tomes, de 1999 à 2001, on peut se demander si celui-ci verra le jour.

    J'avais eu les deux premiers tomes il y a dix ans, lors de leur parution en poche. Vous avez bien compris que j'avais adoré, et dévoré ces romans bourrés de clins d'oeil à toute la littérature du genre, et à l'Histoire, recentrée autour de la possession du pouvoir par les vampires, uchronie complète, le pendant fantastique à Fatherland de Richard Harris où les nazis avaient finalement gagné... Quelques années plus tard, j'ai découvert l'existence du troisième tome, mais j'avoue avoir moins accroché sur celui-là... aurais-je dû relire les précédents pour me remettre dans le bain ? Est-ce que l'effet s'était émoussé ? Ou est-ce la période, a priori pas la plus romantique pour envoyer des vampires, dans un univers où justement le thème des vampires a été usé jusqu'à la corde au cinéma et dans la littérature ? Bah, Dracula 73 est quand même pas si mal, eh eh.
    Bon, j'aime prendre une oeuvre dans son ensemble, et malgré cette baisse de niveau, je reste sur une bonne impression, et vous conseille donc cette trilogie.

    Et quand on voit la tronche de Kim Newman (qui est un homme, ceux qui fantasmaient en pensant à Kim Wilde peuvent remballer), on comprend que les vampires, c'est vraiment son truc, à hauteur égale de son autre cheval de bataille, l'administration et la comptabilité.

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    Kim Newman, croisement de Brad Pitt et de Pierre Bellemare

  • Le saut de la mort

    Envieux des banquiers de Wall Street de 1929, d'autres banquiers du World Trade Center de 2001, et des cadres d'Orange, l'Autrichien Felix Baumgartner a fait péter le record de chute libre depuis 38 km de hauteur.
    Et en plus, il a survécu, atterrissant, les doigts dans le nez, dans le désert américain de Roswell (zone 51 ?).

    Ce qui est étonnant, c'est qu'il n'est pas le premier à sauter de si haut. Il est le premier aventurier, sponsorisé par une boisson énergisante au goût de bonbon (le thermos de café, ça a un sale goût qui plaît pas aux ados. Les cartels bossent en ce moment sur une héroïne au goût de Nutella, tout est histoire de marketing) qui plus est. Des Américains de la NASA, même des Français, ont fait des sauts similaires, d'un peu moins haut, et prévoient d'en faire, d'un peu plus haut.

    Tout ça pour dépasser le mur du son. Oui, l'homme a pu dépasser le mur du son, sans véhicule propulsé. Juste à la force de ses petits bras. Iron Man et Superman peuvent aller se coucher.
    Devant cette prouesse, ce désir mystique de dépasser les dieux, on ne peut que s'incliner. Icare est largement vengé (il n'a pas mesuré sa vitesse en chute libre, les ailes en feu), Will Coyote aussi. Baumgartner n'a pas fait de rond de poussière en touchant la terre.

    Les images sont spectaculaires. Mon sphincter anal s'est contracté en voyant la vidéo, le mec au bord du vide... et le plongeon. J'ai déjà peur quand je monte sur un tabouret... Je serais mort d'une crise cardiaque, à la place du mec. Ou alors... comme on est fatalement attiré par le vide (voyez le temps passé devant la télévision, ou les dernières élections - de ces dernières centaines d'années), aurais-je décidé d'ouvrir le parachute ? Le pas en avant détermine-t-il le suicide ? Ou est-ce le contact avec le sol, provoquant le décès, qui compte ? En tout cas, notre Autrichien a eu plus de 4 minutes pour se poser la question.

    Et ces images, je sens qu'on va les revoir prochainement... mais sur grand écran. Hollywood n'aurait pas rêvé mieux. J'imagine très certainement un agent secret américain échapper in extremis à un méchant, le genre au crâne rasé et au pull à col roulé noir, mercenaire et terroriste, et notre agent secret, à peine le temps de revêtir une combinaison, sauter de l'astronef avant qu'il n'explose... ouais, Tom Cruise irait très bien dans ce rôle... Parce que Roger Moore il est un peu aux fraises, pour nous faire un remake de Moonraker, avec sa combinaison jaune... Guettez le prochain Mission Impossible... après la varappe sur un building, c'est pas impossible que Tom Cruise se retrouve à la frontière de la stratosphère, avec des ennuis au cul...

     

  • Therion - Les Fleurs du Mal

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    Therion aime bien la France. Ils ont pas mal tourné dans le coin. Du coup, pour dire merci, ils se sont fendus d'un beau CD de reprises de chansons françaises.
    Rien de moins.
    Pour dire merci aux fans de Heavy Metal symphonique.
    Euh.

    Non en fait, outre le petit cadeau au public qui les suit, c'est surtout le père Johnsson qui s'est fait un petit plaisir (enfin à 75 000 euros le plaisir, selon l'intéressé). Fan de chanson française depuis des années, il a décidé son groupe à enregistrer une quinzaine de reprises, adaptées, et chantées en français, s'il vous plaît.

    Le goût des groupes de Metal pour la chanson plus classique, on ne peut pas dire que ce soit Therion qui ait inventé ça. On se souviendra des remerciements à Gainsbourg dans le dernier Electric Wizard (quand on écoute l'Histoire de Melody Nelson, on comprend mieux, faut pas s'en tenir à son horrible période des années 80-90), Mutiilation qui reprend My Way de Paul Anka (ou bien était-ce Sid Vicious ?), Death SS qui reprend du Adamo, et Alice Cooper qui reprend du Patrick Juvet (oups ! non, pour une fois, c'est bien l'inverse. J'ai peur dans la nuit sur l'air de Only women bleed), et même Manowar qui repompe un air de Victoire Scott sur Sons of Odin. Bon pour celui-là, ils se sont bien cachés les warriors united, mais justement, comme Therion reprend le titre en question, je les ai grillés.

    Mais bref, après avoir repris le chant des SS sur le Secret of the Runes et du Abba, logiquement Therion reprend des standards de chanson française, plus ou moins connus, à la sauce Therion. C'est important ça, "à la sauce Therion" hein. Puisque vu que je ne connais que trois chansons sur les seize du CD, je découvre le reste. Et il faut écouter les versions originales pour bien comprendre que Therion ne se contente pas de mettre des grosses guitares et de la batterie sur de la chanson de variété. Ils gardent l'essence de la mélodie, et du côté dark des chansons originales (quand il y en a). Il en ressort des titres, finalement dans la veine de Therion, sans vraiment le côté épique, même si l'orchestration classique apporte ce léger fumet à l'ensemble. Il est d'ailleurs indispensable quand ils reprennent Initiales BB, avec le passage piqué à Dvorak.
    Oui, les trois chansons que je connaissais auparavant, ce sont celles de Gainsbourg. Poupée de cire, Initiales BB et les Sucettes. Ca fait pas lourd, hein, mais en même temps, j'ai choisi ma voie, et ma voie est Heavy Metal (Heavy Metal is my way, comprenne qui pourra).
    Pour ces titres de Gainsbourg, ainsi que pour Claire Dixon, Therion met le turbo. Ce sont les morceaux les plus enlevés. Pour le reste, le rythme est beaucoup plus calme, et la voix n'est quasiment que celle de la soprano, l'autre chanteur fait de la figuration (sauf sur dis moi poupée, titre bien grave)
    Du coup, on n'a plus qu'une certitude : Sylvie Vartan faisait du Doom. Et les chanteuses yéyé exécutaient des perles d'art noir. Y a guère que François Feldman qui fait un peu bande à part. Putain François Feldman quoi. Et surtout un morceau de 1989, quand le reste repris par Therion se situe fin des années 60 et 70.

    Therion s'est fendu de deux clips (issus d'une même session) pour promouvoir l'album, mais ce sont les titres les plus rapides, et du coup pas forcément les plus représentatifs.

     On appréciera la séance S/M où Snowy Shaw se fait fouetter le dos...

  • The Cramps - Smell of Female

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    Par où commencer une petite chronique des Cramps ? Off the Bone ? A Date with Elvis ? Songs the Lord taught us ? Allez, ne choisissons pas dans cette liste, prenons plutôt un live. Smell of Female !!

    Smell of Female, un album qui flaire le bon goût. You got good taste, comme Lux Interior le répète dans la chanson. Alors pourquoi ce live ? Ben... juste parce que j'avais envie de l'écouter, et pas forcément de choisir le meilleur de, le chef d'oeuvre... C'est juste un album des Cramps. Une batterie toum ba toum ba, une guitare blindée de fuzz et en même temps bien rocailleuse, aux soli rock n'roll façon troisième partie de soirée, celle juste avant qu'on s'écroule dans le caniveau, une basse aux ordres, qui ne fait pas trop parler d'elle (surtout que sur ce disque, y a pas de basse !), et surtout ? la voix de dément de Lux Interior, oscillant toujours entre cantiques rock n'roll proprets, annonements répétés de trucs salaces, et hurlements de mec bon à enfermer. Pis cette guitariste, Poison Ivy, hein, qu'elle est choucarde hein...

    The Cramps c'est du rock déviant, dévoyé, qui, à l'époque du punk et des débuts du psycho, ils prenaient leur inspiration des années 50, les groupes rock improbables, les débuts de la surf music, et l'univers horrifique des films petits budgets bien Z tendance monstres à tentacules/extraterrestres à rayon laser/loups-garous avides d'étudiantes, les bandes dessinées à la EC Comics, et une bonne grosse dose de sexe, si possible avec des substances bien psychédéliques... Un univers de Horror Rock si l'on peut dire... une musique hyper sexuelle, avec ses pulsations rythmiques, ses cris de chimpanzé en rut, cette guitariste en petite tenue...

    Quant au son plus que garage, limite cave ! que le groupe a su imposer, que des groupes de Black Metal envient même, il vient directement du rock des 50/60's. J'avais chopé une émission de radio, "the Purple Kniff Show", animé par Lux Interior himself, qui d'ailleurs a été piratée et éditée en CD et LP, ma version numérique vient certainement de là... amateurs de trésors de la crypte, passez votre chemin avec vos pelles et vos sacs en toile de jute... enfin bref, le père Lux passait ses disques préférés, entrecoupés de quelques interventions à sa manière, delay sur une voix d'outre-tombe, halètements... et ouais, des groupes cultes, ou d'autres, obscurs enregistrements à petits budgets, un magma rock n'roll aux sonorités infernales, The Cramps n'ont eu qu'à se servir.

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  • Prometheus

    Attention ! avant de lire cette chronique, veillez à avoir déjà vu le film, ou ne rien en avoir à foutre. Je vais développer des détails qui dévoilent l'intrigue, et pourraient vous ruiner votre plaisir. Merci de votre attention.

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    Prometheus, chacun le sait, est le film de Ridley Scott faisant figure de "préquelle" à Alien. 33 ans après ce film culte, autant dire que les attentes et l'excitation étaient fortes, pour beaucoup de fans. Ne faisant pas partie de la génération qui a découvert Alien au ciné, j'ai même vu Aliens en VHS avant de voir le premier film, j'avoue bien volontiers ne pas avoir eu d'attente particulière, me doutant bien qu'en 2012, il n'y a pas beaucoup de films qui réussissent à me marquer de manière indélébile, encore moins de films hollywoodiens. C'est donc l'esprit vierge que je me suis lancé dans ce Prometheus, après avoir lu quelques avis ici et là, en général assez déçus.
    Pourquoi déçus ? Peut-être parce que le film, s'il est une préquelle d'Alien, n'est pas une génèse de la bestiole proprement dite, quoique.

    Résumons le film en quelques lignes : plusieurs années avant les évènements se déroulant dans le Nostromo, en Ecosse des archéologues découvrent des peintures datant de -35 000 ans représentant un homme solaire, et un alignement de planètes, qui ne fait que confirmer ce qui a été découvert sur d'autres continents. Il y a bien eu des extraterrestres sur Terre, des "ingénieurs", qui ont apporté le savoir.
    L'avantage d'être dans le futur, c'est que, puisqu'on a décodé ce putain de schéma de planètes et qu'on sait où elles sont, on peut y aller, car on a des vaisseaux spatiaux, bien plus confortables que ces 4L de l'espace que sont les Soyouz et autres Challenger à sièges en skaï qui te ruinent le dos au bout d'un million de kilomètres.
    Une équipe hétéroclite d'archéologues, géologues, biologistes, mercenaires et un putain de robot, équipe financée par le magnat Weyland, se rend donc sur la planète convoitée. Elle y découvrira des choses incroyables, dures à décoder et comprendre (sauf quand on est un putain de robot). Des statues, des trucs qui ressemblent à des urnes funéraires, et des ingénieurs géants morts. Et de la vie... qui coûtera bien évidemment la vie à l'équipage.

    Ce qu'il faut remarquer, dès les premières images du film, c'est que c'est beau. Beaux paysages terriens, mais également de la planète machin, et les effets spéciaux sont de toute beauté. Ils ont mis le paquet là dessus. Ridley Scott reprend les codes du premier Alien, mais à la sauce 2012. Le vaisseau a globalement ces mêmes couloirs blancs immaculés, mais les appareils de contrôle tiennent plus de l'Ipad perfectionné que de l'ordinateur à bandes. Le design du vaisseau est plus classe que le Nostromo cependant. Ca se tient, le Nostromo est un convoyeur, il est un chalutier philippin à côté du yacht affrété par Weyland.
    Hormis la découverte du "temple" des ingénieurs qui rappelle la découverte des oeufs par l'infortunée équipe du Nostromo, un autre passage nous remet dans la tête des souvenirs de petite culotte... L'héroïne, jouée par Noomi Rapace, qui se retrouve en petite tenue à l'occasion d'une césarienne improvisée. Ici, la demoiselle porte une espèce de culotte/pagne/bande, sur les seins également, qui pourrait rappeler la bande Velpo. Quand elle se plante un sédatif dans la cuisse, on ne m'empêchera pas de penser que Scott cadre et s'attarde un peu sur le plan juste pour le plaisir de filmer la motte de Noomi.

    Mais en dehors de ces détails, j'ai bien l'impression que Ridley Scott est resté fixé dans le passé. En effet, l'introduction du film présente un ingénieur sur Terre, dans un paysage assez dévasté, mais où une cascade gronde. L'extraterrestre se désape et apparait un E.T grand, musclé, au visage glabre, une créature entre un dessin de Moebius et une sculpture d'Arno Breker, sur un fond peint par Siudmak. Un disque dans le ciel apparait comme son vaisseau, cette scène renvoie complètement à la SF des années 70 pour son aspect graphique, comme on a pu le voir dans les Metal Hurlant, les couvs de bouquins SF, et autres douceurs éditées chez les Humanoïdes Associés.
    Remarquons aussi que les designs sont en décalage avec ceux de Giger. Le Suisse n'étant pas associé à ce film, les designs proviennent d'une autre équipe, et parfois on peut trouver qu'il y a un décalage entre le côté pur et bleu des Ingénieurs, et leur combinaison, casque et intérieur du vaisseau qui sont les créations de Giger.

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    Quant à la découverte des peintures rupestres présentant un homme solaire et des planètes, là, on renvoie directement à Jacques Bergier et surtout Robert Charroux, qui auraient bien aimé voir ce film, s'ils étaient encore vivants. Toute une littérature des années 60 à 70.
    Ridley Scott renvoie vers cette vision de la SF, c'est certain.

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    Non il ne s'agit pas des grottes du Tassili, mais bien d'un film

    Le film, contrairement à Alien, n'est pas terrifiant. Il n'y a pas de frissons, pas cette goutte de sueur qui coule dans le dos pour se loger entre les fesses, comme quand Ripley chassait la bestiole dans les corridors. Il n'y pas de moment de tension réellement, même quand Noomi se retire une bestiole du ventre, ou n'a plus que quelques secondes pour atteindre des capsules d'oxygène. L'action, soutenue, passe, mais ce n'est pas Alien.
    C'est peut-être ça d'ailleurs qui a déplu à tant de monde. Ca n'est pas Alien. Ca n'est pas un remake (hormis quelques scènes, comme je l'ai dit, et la duplicité de ce putain de robot), et ce n'est pas une clarification de qui sont les xénomorphes, de quelle planète ils viennent, qu'est ce qu'ils mangent au petit déjeuner, et comment la reine fait pour être fécondée.
    Enfin on en apprend l'essentiel, mais le gros du film, c'est les ingénieurs. Et le titre du film porte la solution. C'est le nom du vaisseau spatial, okay, mais c'est la solution. Je vous la livre ici, vous êtes prévenus, si vous n'avez pas vu le film.
    Les ingénieurs se sont installés sur une planète pour mettre au point une arme puissante. Les urnes sont des éprouvettes contenant une matière noire vivante (hi hi ça me rappelle le symbiote de Venom !) qui peut s'avérer très dangereuse. Une arme qui finalement s'est retournée contre les ingénieurs, qui ont voulu porter le feu, et se sont brûlés les ailes. Des ingénieurs, qu'on imagine super sympas, mais quand un de ces géants sort de son sarcophage, il n'est franchement pas très sympa avec les êtres humains. D'ailleurs, pourquoi étaient-ils venus sur terre ? Pourquoi le dernier s'est-il suicidé plutôt que de foutre le camp ? L'homme est-il une création des extraterrestres, un bidouillage scientifique, ou une arme, comme le sont les xénomorphes ?
    Ah les xénomorphes... Il n'y en a pas dans le film. Il y a un ersatz de face hugger, plutôt un prémice, sorte de serpent mais qui remplit la même fonction. Et la bestiole que porte Noomi dans son bide, provient de la fornication avec un être humain infecté par la matière noire. Une sorte de pieuvre cthuluesque inédite. Une pieuvre qui va mettre ses oeufs dans le corps d'un ingénieur, et il en ressortira un prototype de xénomorphe... Séquence finale que les déçus devaient attendre depuis le début du film... Mais l'on sait depuis les études scientifiques rendues publiques sous le nom de "Aliens vs Predator" que le xénomorphe prend sa forme en partie par celle de son hôte. Le xénomorphe n'est qu'une version métisse dont le look dépend de ses hôtes, et de son ascendance.
    On peut donc déterminer que l'Alien est à la base cette matière noire. Quand elle coule sur le sol, elle devient liquide et l'espèce de pré-face hugger/serpent en jaillit. La question est : est-ce la transformation première de la matière noire, créée au contact de la pierre, ou est-elle issue d'un croisement déjà effectué ?
    Les ingénieurs sont les Prométhée, ils ont créé ce monstre, et il leur en a coûté la vie.
    L'autre Prométhée, c'est Weyland, que tout ça intéresse. En savait-il plus sur les ingénieurs et leur création quand il a dépêché l'expédition ? Aliens Vs Predator et même le jeu vidéo (qui n'est pas si mal !!) le laissent à penser... Weyland, complètement croulant, veut continuer à vivre. Il veut les technologies.

    Bon, si moi le film m'a plu, tant sur l'aspect graphique que conceptuel, il y a quand même des passages qui ne tiennent pas vraiment debout. Enfin, des erreurs sur lesquelles il vaut mieux ne pas trop s'attarder, sinon le film peut être gâché... Le géologue et le biologiste qui laissent tomber l'expédition pour rentrer au chaud dans le vaisseau, et se perdent... alors que le géologue a lancé des boules scanners qui détaillent le labyrinthe en envoyant une cartographie 3D au vaisseau... il n'a pas une version mobile sur son Iphone 50 ? Et puisqu'ils peuvent communiquer avec le vaisseau par radio, même si la réception est pas top (enfin chez moi dès qu'il pleut, la TNT c'est pire hein), pourquoi ne demandent-ils pas leur chemin ?
    Lorsqu'elle veut se faire avorter, Noomi se barre en vitesse (tout en se tenant le ventre) de la pièce où le robot et le chirurgien veulent l'y garder. Ils ne la rattraperont jamais. Pourquoi ? C'est bien la peine de faire des expériences pour que le cobaye décide de jouir de sa propre personne. Dans quel monde on vit ? Arrivée au module de chirurgie autonome qui coûte la peau des roustons, propriété exclusive du commandant Charlize Theron, Noomi demande une césarienne. "Désolé, cette machine ne fait pas ça, elle ne traite que les hommes". Ah ! Ben c'est con ça, Charlize Theron est une femme. Elle n'avait pas dû s'en servir. Mais pour la garantie elle repassera. Ceci dit... comme Weyland est sur le vaisseau, passager clandestin dont personne ne semblait se douter... peut-être le module était prévu pour lui (puisque Charlize est sa fille en fait. Le mec a l'air d'avoir 100 ans, mais il avait dû prendre du viagra quand il avait 70 ans).
    Puisqu'on parle de Weyland, d'ailleurs. C'est l'acteur Guy Pearce qui incarne le rôle (Lance Henriksen n'était pas libre ?), sous une tonne de maquillage, pour paraître vieux. Mais pourquoi ne pas avoir pris un acteur âgé ?? Parce que les acteurs américains âgés ont l'air d'avoir 25 ans ? Pas faux, mais prenez Tommy Lee Jones, dans Men In Black 3, il a l'air d'avoir 90 ans et une maladie dégénérescente qui fait lui fondre le visage... Bon Weyland apparait jeune dans les trailers de Prometheus, qu'on peut trouver sur internet, qui apportent quelques explications, notamment sur le fait qu'en 2080 il y aura des putains de robot qui seront en tous points identiques aux hommes (si je vis assez vieux jusque là, j'aimerais surtout savoir si on portera tous des combinaisons brillantes, si on mangera des pilules qui équivalent à un poulet rôti (avec le goût, svp) et surtout si on aura des voitures qui volent ! Et un système qui pourra m'éviter d'avoir à me faire livrer des stères de bois pour préparer l'hiver). Mais bref, pourquoi ne pas avoir deux acteurs, un Weyland jeune, et un Weyland vieux ? Parce que les effets spéciaux les plus ratés du film, sont ceux du visage du vieux Weyland.

    Mais bref. Je salue Ridley Scott d'avoir modifié le projet pour ne pas avoir un bête film sur les xénomorphes, mais pour avoir fait un film de SF à grand spectacle, et remis au goût du jour les codes visuels de la SF pulp des années 70.

  • Le Tonnerre de Dieu - Bernard Clavel

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    Léandre Brassac est un paysan sur le déclin, qui aime venir à Lyon pour écluser des godets. Dans le présent bistro, on lui présente Simone, une gagneuse. Brassac a beau avoir l'esprit étourdi par l'alcool, il a l'oeil qui frise, et il embarque la jeune fille, mais pas dans sa chambrette. Non il l'emmène chez lui.
    Chez lui, à Loire. Simone se laisse emmener, comme avec n'importe quel client, elle ne fait plus attention malgré son jeune âge dans la profession. Mais quand elle se retrouve après plusieurs heures de train dans un coin de campagne où elle n'a guère l'habitude d'aller, loin des troquets où elle cherche ses michés de la nuit, elle perd ses repères.
    La femme de Brassac l'attend, sans rien dire. La jeune fille, qui est la narratrice du roman, à la première personne, ne sait pas trop quoi faire, mais elle se laisse guider. Après tout, Brassac a de la gouaille mais il n'est pas méchant. Et il a payé. Elle passe la nuit dans un bon lit, aux draps frais et parfumés. Elle se souvient d'une autre vie, quand petite fille, chez sa grand-mère les draps avaient la même odeur.
    Et puis Brassac a des chiens qu'il chérit. Un homme qui aime les bêtes... et sa femme qui ne dit toujours pas grand chose et ne la juge pas, avec son corsage insolent. Simone veut partir, mais la femme de Brassac préfère qu'elle attende son retour, avant de les quitter. Le fourneau est chaud, on n'est pas si mal ici, alors Simone reste. Et Simone va vraiment rester et s'installer. Devenir la fille que Léandre et Marie n'ont pu avoir. Et même si Brassac a l'alcool un peu bougon, voire carrément insultant pour sa femme au ventre stérile, il reste un homme bon, un homme qui lâche les chiens sur le souteneur Marcel, revenu chercher son outil de travail.
    Il fait aussi découvrir à Simone la terre, les paysages, le vent qui souffle en haut de la vallée. Ce pays dur, mais où l'on se sent vivre, plus que dans les rades enfumés de la capitale des Gaules.
    Quand Simone fait la connaissance de Roger, le voisin, l'amour naîtra, et leur union apportera au couple Brassac ce qu'il leur aura toujours manqué.

    Le Tonnerre de Dieu est un roman assez court (125 pages en poche !) de Bernard Clavel, lors de sa période lyonnaise, en 1958. Une fresque de vie, des paysans sur leur terre, opposés à la grande ville, un couple à qui il manque des enfants, et une jeune femme, devenue pute par la force des choses, après que son unique parent a décédé. Finalement, loin du progrès, de la civilisation dégénérée, le bonheur revit...

    Vous aurez noté sur la photo de couverture, le visage de Jean Gabin. Car oui, ce roman de Clavel a été adapté pour le cinéma, avec monsieur Moncorgé dans le rôle de Brassac. Ni une ni deux, après avoir terminé le roman, je suis parti en quête du film.

    Le film de 1965, réalisé par Denys de la Patelière, reprend la trame générale du livre, mais se permet plusieurs adaptations. Le cadre change. Ici, on est à Nantes, et non plus Lyon. Brassac, s'il arpente les bistros en quête de mines qui lui font oublier (un peu) sa misanthropie, reste un vétérinaire reconnu, et en plus de ça, châtelain rentier, le père ayant racheté des vignes au bon moment. On est loin du paysan de Clavel qui survit plus qu'il ne vit.
    La jeune prostituée, Simone, est jouée par Michèle Mercier (Mireille Darc n'était pas libre ???), et son mac, Robert Hossein (le couple de la série des Angélique, tout s'explique !). Si le cadre change, la trame reste donc la même, mais le scénariste déborde dans la psychologie de Brassac, en lui donnant un ton plus politique. Enfin, plus anarchiste, disons. Brassac est un bourgeois rentier misanthrope, et ami d'enfance d'un ministre, avec qui il ne se gêne pas pour exprimer ses opinions sur la France : "y a eu la grande Peste de l'an mille, mais tu vas voir la grande Merde de l'an 2000 !".
    Brassac joute également de réthorique avec le curé du village, et avec les gendarmes. Un rôle pour Gabin, qui nous rappelle ses interprétations du Gentleman d'Epsom, du Baron de l'Ecluse, et dans ses diatribes les plus avinées, le père Péjat des Vieux de la Vieille, grimaces à l'appui.
    Sa femme dans le film devient une Allemande, résignée elle aussi, mais aux traits moins burinés par l'effort que dans le livre.
    La romance avec Roger est elle aussi plus développée. Le jeune ouvrier devient propriétaire terrien, ancien militaire d'Indo, mais blindé de pognon. Le scénario lui invente même une soeur, qui servira la bonne morale contre la petite prostituée, croqueuse de diamants, cliché pour faire durer la sauce avant le mariage des amoureux...
    Mais ne vous inquiétez pas, la trame reste la même, jusqu'à sa fin.

    Peut-être un film assez mineur de Gabin, mais où il incarne le rôle parfaitement, rappelant ici et là d'autres films, mais après tout, Gabin jouait Gabin.